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Mohamed Ould Sidi Mohamed[/caption]
Le titre de cette contribution, peut être salé ou même une pilule amère pour certains lecteurs, j’en conviens volontiers, mais il ne fait qu’exprimer ma profonde déception face à l’attitude des « cadres » sensés représenter les arabes du Mali. Ce que je voudrais exposer ici n’est pas tant un coup de gueule face aux tribulations des arabes, à leurs turpitudes, qu’un réquisitoire contre un certain amateurisme politique, un chambardement, un embrouillement d’une élite politique arabe manifestement bornée, rongée par l’individualisme et la recherche effrénée d’une utopique reconnaissance. Mon exposé ne concerne nullement un groupe armé ou autre mouvement
, qui, lui même est victime du tiraillement des hommes qui le dirigent.
Par principe, je suis foncièrement opposé à toute forme de communautarisme qui ne fait que nous maintenir dans un cloisonnement moyenâgeux au détriment de l’intérêt national, sauf que pour le moment et compte tenu de la nature communautariste des groupes armés, nous sommes obligés de nous placer dans cette dynamique pour mieux aborder le sujet.
Chez les arabes, l’obsession d’être chef, d’avoir pour lui seul la vérité, et d’avoir seul droit à la parole, empoisonne les rapports au sein de la communauté.
A Bamako, nous assistons à un phénomène de verrouillage hermétique. En milieu arabe l’information circule en circuit fermé. Les contacts se déroulent et se limitent à une poignée d’individus qui sont les seuls qui participent aux forums (au Mali ou à l’étranger), aux réunions avec la Minusma, excluant du coup, tous les autres cadres arabes, pourtant patriotes compétents et dévoués, aimant leur Pays.
Le Forum de Niamey du 17 Mars 2014, n’était rien d’autre qu’un remplissage, les vrais acteurs n’ayant même pas fait le déplacement. Le fait d’envoyer à Niamey des « caisses à résonnance » drapés dans de grands boubous de Bazin, va-t-il réconcilier les communautés du Nord. J’en doute fort. Ceux qui ont fait le voyage de Niamey, n’étaient pour la plupart que des hommes qui s’agrippent désespérément à la question sans y apporter la moindre réponse.
Minée par des querelles intestines, de positionnement de responsables tant politiques que militaires, la communauté arabe vogue en eaux troubles à cause de l’irresponsabilité et de la légèreté qui caractérisent ceux qui prétendent la représenter. D'ailleurs les querelles actuelles ne font qu'étaler au grand jour cet amateurisme avéré qui déshonore. On croyait que les balbutiements, les erreurs rencontrés au début de la crise du Nord n'étaient que des fautes de croissance, mais deux ans après, les mêmes tares continuent à entretenir les rapports de ces hommes. Comment peut-on continuer à respecter des responsables qui donnent, tous les jours, la preuve de leur infantilisme politique, en se querellant sous les yeux mêmes de leurs adversaires politiques et des représentants de la communauté internationale ?
L’aventurisme est un phénomène dangereux, qui contribue à pérenniser les situations de crise. Au Mali cette réalité est sérieusement préoccupante et compromet davantage le calme encore précaire au Nord du Pays.
Dès lors, il devient urgent, voire indispensable de refuser catégoriquement cette politique de mercenariat, qui soudoie la paix sociale et se joue du sort de toute une communauté, et au delà de tout un Pays. L'esprit marchand de quelques individus isolés entretient la propagation d'une mentalité devenue prédominante dans toutes les discussions comme étant une marchandisation de la crise du Nord.
Quant au sort des populations refugiées, il demeure encore incertain. Une grande personnalité arabe malienne, ancien fonctionnaire des Nations Unies écrivait : ‘’L’expérience du règlement de conflit en Afrique a prouvé que tout accord de paix passé sans la participation des communautés concernées au nom desquelles les factions armées prétendent parler est voué à l’échec et finit par un enlisement hypothéquant tout espoir de solution de sortie de crise…’’
Les réfugiés qui croupissent dans les camps de réfugiés assistés par la Communauté internationale éprouvent depuis fort longtemps une grande lassitude face à des « représentants » qui se soucient peu du sort des populations au nom desquelles ils prétendent agir. La politique n'est pas un métier, mais ne supporte pas l'amateurisme.
L’Etat malien et les groupes armés doivent reprendre immédiatement les pourparlers de paix. Ils doivent mettre au devant de leurs préoccupations réciproques, le sort des populations du Nord exposées au risque imminent de déchirement et d’escalade de la violence. L’éclatement et la reconstitution des mouvements armés, les menaces de plus en plus persistantes de dissidence, les actes de banditismes au Nord, ne sont que la conséquence logique des atermoiements et des ingérences qui, à la longue, torpilleront les accords et nous ramèneront à la case de départ.
Le nomadisme à l’échelle planétaire, la diplomatie parallèle, et la multiplication des missions à l’Etranger, n’apporteront rien à la résolution de la crise au Nord. Seul des pourparlers francs et engagés avec les vrais représentants des groupes armés ayant pour document de travail les accords de OUAGA, et une implication effective de la société civile malienne permettront d’aboutir à une paix réelle.
Quant aux hommes politiques arabes, la seule issue à ce cafouillage, ce chaos et cette crise aigue demeure d’abord une réconciliation de tous les membres de la communauté arabe du Mali toutes tendances confondues, sans tenir compte des sensibilités, des convictions politiques, des agendas. Le tout est toujours supérieur à la somme des parties. Il n’existe aucun différend entre les deux tendances du MAA. Il suffit qu’elles acceptent de se parler, et de s’écouter mutuellement.
L’Etat malien doit encourager et appuyer toute initiative individuelle ou collective, allant dans le sens de la réconciliation et de l’unité des arabes. Nous avons des cadres arabes au Gouvernement, dans l’administration centrale, au sein de la société civile, jouissant d’une solide réputation au sein de la communauté. Ils peuvent être très utiles. Il faut que les cadres arabes se rendent à l’évidence et mesurent l’enjeu. Il y va de la crédibilité même des pourparlers bloqués, à cause d’une fuite en avant, et d’un jeu politique pas très catholique de la communauté internationale.
Que nous soyons du Sud ou du Nord. Nous sommes tous arabes et maliens et c’est l’essentiel.
À Dieu ne plaise !
Mohamed Ould Sidi Mohamed (moydidi)
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