Terrorisme et Djihadisme : Les camouflages d’un mercenariat occidental et oriental en Afrique

16 Juin 2025 - 01:47
 1
Terrorisme et Djihadisme : Les camouflages d’un mercenariat occidental et oriental en Afrique

La fin des accords militaires entre le régime de Mohammad Najibullah d’Afghanistan et l’URSS 1988-1989, suivie du retrait des troupes soviétiques du pays sous les coups de butoir des moudjahidines (talibans) a ouvert les vannes d’une approche encore plus cynique des relations internationales : l’utilisation du mercenariat sous les labels du terrorisme et du djihadisme, comme écran de fumée, dans le monde.

Une parenthèse permettant d’appréhender au mieux le phénomène du mercenariat s’impose.

La pratique est utilisée depuis l’antiquité avec des périodes fastes et des temps de vache maigre selon que les États disposent d’une grande puissance militaire institutionnelle ou de moindre envergure. L’historiographie met en envergue la pratique en Europe occidentale qui faisait appel aux peuples Viking, allemands, francs, anglais, d’Europe de l’Est… Sur le sujet, l’encyclopédie universalis dit ceci :

« Apparu dès l'Antiquité, le mercenariat n'a cessé de se développer pour connaître son âge d'or, en Occident, de la fin du Moyen-Âge jusqu'au XVIIe siècle. À cette époque, les mercenaires, souvent issus de pays relativement pauvres ou morcelés, représentent la principale force armée pour le pouvoir politique ».

Actuellement, le même procédé prospère avec de multiples noms désignant la même monstruosité : Al Qaïda, Daesh (état islamique), JNIM et Boko haram dans le Sahel), Al Nostra… Des illusions sémantiques renvoyant à un mercenariat coopté par l’OTAN et ses satellites.

C’est ainsi que le chef d’Al Nostra, le Saoudien Ahmed Al Chaara, djihadiste, terroriste ayant pris le pouvoir en Syrie, vient de se voir dérouler le tapis rouge à l’Élysée par Emmanuel Macron le mercredi 07 mai 2025. En 2012, la même organisation, Al Nostra, avait reçu le satisfecit du ministre français des affaires étrangères de l’époque, Laurent Fabius, pour le « bon boulot » réalisé en Syrie. Sa réception à Paris est une absolution qui efface les crimes atroces commis. S’il avait été neutralisé comme chef d’Al Nostra, on aurait parlé de la mort d’un grand djihadiste.

Dans la même veine, le 28 mai 2014, Mikaela Honung écrivait : « Boko Haram est un sous-marin de la CIA (Tarnews) ». Elle continue ainsi : « Selon Wikileaks, l’ACRI a été fondée par les EU pour faire contrepoids à ECOMOG, sous contrôle nigérian (ACRI est l’acronyme d’Africa Crisis Response Initiative et ECOMOG d’Economic Community of West African States Monitoring Group, un groupe du reste moins impliqué dans l’économie que dans la guerre).

Dans le document Wikileaks, on n’oublie pas de rappeler que dans les années 70 et 80 le Nigéria a soutenu les guerres de libération des pays d’Afrique australe. C’est pourquoi les EU ont fondé l’ACRI, qui a tiré profit des tensions croissantes entre sectes au Nigéria et recruté avec l’aide de la CIA de jeunes islamistes qu’elle a formés au terrorisme dans des bases ad hoc. Un câble états-unien du 29 juin 2009 prédisait l’attentat dévastateur de Boko Haram qui a eu lieu deux mois plus tard. L’Arabie saoudite avait formé des « rebelles » libyens qui à leur tour ont formé des « rebelles » maliens, qui ont formé ceux de Boko Haram. ».

Ces faisceaux d’éléments, non exhaustifs, établissent la responsabilité des puissances occidentales, surtout anglaise, étasunienne, française et leurs supplétifs moyen-orientaux dans la formation et le financement de ces mercenaires en leur attribuant les vocables terroristes et djihadistes.

Plus précisément, le Sahel est ciblé surtout pour ses ressources mais aussi parce qu’il est le carrefour entre le nord et le sud de l’Afrique. Qui contrôle le Sahel peut rayonner plus facilement sur tout le continent.

Dans les XVIème, XVIIème et XVIIIème siècles, les façades maritimes étaient incontournables pour atteindre l’hinterland, arrière-pays en Afrique. Maintenant le Sahel pourrait servir de base arrière pour lancer des actions hostiles sur n’importe quel lieu du continent.

À Tinzawatène, l’OTAN, donc l’Europe occidentale et les USA, avec la complicité des autorités algériennes, a aidé les mercenaires dans l’attaque contre l’armée malienne et ses alliés russes, les 25, 26, 27 juillet 2024.

Dans l’affaire, les groupuscules mercenaires, CSP-DPA, MNLA, HCUA, MAA, Gatia2, GSIM, en réalité la même organisation avec des noms multiples, étaient les idiots utiles. Ils sont utilisés pour affaiblir les pays. Ce qui faciliterait la tâche à une éventuelle invasion militaire.

L’attaque du camp de Boulkessi le dimanche 1er juin et de Tombouctou le lundi 02 juin 2025 en sont des illustrations.

Sur le même registre, les propos du général français Lecointre, ancien chef d’état-major et de l’ancien vice-président de la Commission de l’Union Européenne Josep Borrell encourageant, ce scénario, une intervention militaire dans les pays africains doivent interroger les Africains.

Alors, une réminiscence interrogative s’ouvre.

Qui a procédé au grand remplacement en Amérique en massacrant les populations autochtones et en les parquant dans des camps de concentration appelés « réserves » pour s’emparer de leurs terres ? L’Europe occidentale.

Ensuite, avec la complicité active d’Hollywood, des films western ont été largement diffusés présentant la victime amérindienne, comme le mauvais et le cow-boy à la John Wayne assimilé au bon.

Qui a mis en place l’abominable traite négrière ? L’Europe occidentale.

Ensuite le curseur a été posé sur des supplétifs africains ayant vendu des esclaves, ainsi l’Europe a dilué ses responsabilités en rendant les Africains grandement responsables et, dans une moindre mesure, coresponsables du système.

Qui a mis en place le colonialisme ? Encore l’Europe et son système abject capitaliste.

Qui a fixé les règles du jeu néocolonial ?

Ce n’est plus l’Europe seule, elle avait pris l’Amérique qui l’épaule. Cette Amérique a créé l’OTAN, corrompu et enfumé l’ONU en la finançant majoritairement et en hébergeant son siège.

Alors, ce terrorisme fantomatique, ce djihadisme insensé sont au service d’une civilisation occidentale humainement en régression parce qu’elle « ruse avec ses (propres) principes », parce qu’elle s’est noyée dans ses propres contradictions sur les notions de liberté et de démocratie. Certaines monarchies du Moyen-Orient ne sont pas en reste, notamment le Qatar et l’Arabie Saoudite.

Et cette civilisation occidentale, de dévoiement en dévoiement, a mis en place les conditions de sa propre décadence et, pour éviter cet effondrement, pourrait catalyser l’apocalypse, l’Armageddon de l’humanité.

En attendant, il demeure impératif que les Africains s’affranchissent de l’utilisation en perroquets des narratifs et expressions fabriqués dans des officines spécialisées en manipulations des masses, les médias globaux aux mains de capitaines d’industrie ou d’États voyous, des ONG aux ordres comme Human Rights Watch. Iyad Ag GALY, comme une minorité d’Ifoghas, et Amadou KOUFFA sont des mercenaires utilisés contre leur propre pays, avec le concours d’autres brigands et les aides financières, logistiques des dirigeants de l’OTAN, du Qatar, de l’Arabie Saoudite et de l’Algérie.

Créer les conditions d’une violence intercommunautaire dans le but de s’en servir comme prétexte d’une intervention devient une pratique courante. La mafia mondiale, parfois autoproclamée « communauté internationale et composée exclusivement de pays de l’OTAN et du Qatar, a opté pour le choix d’utiliser la communauté Peul. Par bonheur la majorité des Peul a compris ce jeu machiavélique qui avait facilité grandement la conquête coloniale du XIXème siècle quand Samory TOURÉ, et El Haj Oumar TALL ont affaibli les autres royaumes avec les armes modernes vendues par les Anglais et les Français.

Comme il ne faut pas abandonner une recette qui marche. Cette mafia pourrait provoquer un gros carnage dirigé contre la communauté Peul afin de promouvoir l’émergence d’un antagonisme avec les autres communautés de l’Éthiopie aux côtes ouest-africaines.

Le langage diplomatique sied aux hommes politiques, mais les citoyens doivent sortir de cette orbite langagière, parfois mensongère ou hypocrite, pour annoncer sans ménagement ce qui est : L’utilisation massive du mercenariat en Afrique pour affaiblir les Etats avec le dessein ultime de les envahir et/ou les piller.

Yamadou Traoré

Analyste politique

Quelle est votre réaction ?

Like Like 0
Je kiff pas Je kiff pas 0
Je kiff Je kiff 0
Drôle Drôle 0
Hmmm Hmmm 0
Triste Triste 0
Ouah Ouah 0