Péril sur le PDZSTA-KB : Quand des autorités régionales ont, cruellement, manqué d'anticipation
Depuis son lancement officiel, le 2 mars 2023 à Bancoumana, le Programme de Développement de la Zone Spéciale de Transformation Agro-industrielle des régions de Koulikoro et péri-urbaine de Bamako (PDZSTA-KB) est encore au point zéro.

Et pour cause, la non disponibilité de terres prévues pour sa mise en œuvre. Si rien n'est fait d'ici au 11 juin prochain, les bailleurs de fonds risquent de se retirer du projet.
Le blocage de la mise en œuvre de ce gigantesque projet a été découvert, par l'opinion nationale, à la suite d'une session d'informations initiée par le Gouvernorat de Koulikoro à l'endroit des autorités traditionnelles et coutumières, aux représentants du projet et des communautés de la zone de couverture. C'était, le 22 mai 2025 dans la salle de conférence du Gouvernorat de Koulikoro sous la présidence du Directeur de cabinet du Gouverneur, Mohamar Assagaïdou Haïdara.
Indisponibilité des 200 hectares prévus à Bancoumana
Visiblement remonté, Monsieur Haidara a abordé directement l'objet de la rencontre. « Ce projet devait être une chance. Aujourd’hui, il est en danger. Et si rien n’est fait, nous risquons de tout perdre », a-t-il martelé. Et de poursuivre : « Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’au départ, tout le monde était d’accord. C’est seulement au moment du lancement des travaux que les résistances sont apparues. ». D'après l'administrateur civil, dès lors, le Gouverneur a tenté l’apaisement à travers la mise en place de plusieurs commissions composées de sages, de médiateurs et de relais communautaires. Malgré cela, aucune solution n'a été trouvée au blocage. Ces commissions, lors de la réunion, ont affirmé que : « On ne peut pas laisser trois familles bloquer un projet pour toute une région. De gré ou de force, le Gouverneur doit agir de sorte à faire plier ces opposants, pour le bien de tous. » Et au tour d'un responsable du projet de réagir en ces termes: « Nous avons tout fait pour éviter la confrontation. Aujourd’hui, nous sommes à bout d’options ».
Quant au coordinateur du projet, Demba Sidibé, il a indiqué : « Le temps ne joue pas en notre faveur. Si les travaux ne commencent pas avant le 11 juin, les bailleurs pourraient retirer leurs financements. Et ce serait une perte immense. »
En clôturant la rencontre, le Directeur de Cabinet a souligné que « Le message est passé. Et il sera transmis à qui de droit. Nous devons avancer, pour ne pas perdre cette opportunité. » Au finish, les 200 hectares prévus pour abriter le site du projet afin de faire un agroparc ne sont pas disponibles, du fait du refus d'une partie des populations de la commune rurale de Bancoumana ( cercle de Kati,) située à 50 km au sud de Bamako sur la route de Kangaba (RN26).
Le PDZSTA-KB, immense projet de 13,3 milliards de FCFA
Le PDZSTA-KB a pour objectif de relancer l’économie rurale, c'est à dire, de donner un nouveau souffle à l’agriculture locale. À Bancoumana, il était prévu de construire un vaste agroparc composé d'une zone industrielle, d'un parc agro-industriel, des installations logistiques, d'un pôle qualité, des zones d’extension, de la voirie, des parkings et des espaces verts. En tout, 164 hectares seront occupés sur les 200 ha prévus. En d'autres termes, dans ce futur agroparc, il y aura 35 unités de production qui créeront plus de 5 000 emplois directs, des centaines d’opportunités indirectes. Le PDZSTA-KB est financé par la Banque africaine de développement (BAD) à hauteur de 13,3 milliards de FCFA et une contribution de 1,7 milliard de FCFA de l’État malien soit un total de 13,3 milliards de FCFA. Bancoumana constitue la phase pilote. Le programme couvre trois (3) cercles que sont Kangaba, Kati, Koulikoro et le District de Bamako et est conçu à travers quatre (4) grandes composantes. Il s’agit de : l’appui à la gouvernance et aux mesures incitatives de la gestion de l’agroparc ; le développement des infrastructures d’appui à la transformation agricole ; l’appui aux acteurs-clefs des filières agricoles prioritaires ; la gestion et la coordination du programme. De façon globale, le programme va contribuer au renforcement de l’activité économique notamment dans l’agriculture, l’élevage, la pêche, l’industrie, l’artisanat, le commerce dans la région de Koulikoro et la zone péri-urbaine de Bamako.
Il faut signaler que le choix de Bancoumana pour le lancement officiel du programme n'est pas fortuit. Ce jour-là (2 mars 2023), le ministre du développement rural avait dit ceci : «Situé à 50 km au sud de Bamako et accessible par la RN26 reliant Bamako à Kangaba, le site du projet est distant de 2 km de la ville. Ce qui facilite l’implication de la population dans la mise en œuvre des activités du programme».
Et voir, aujourd’hui, que ces populations constituent un frein à la mise en œuvre du programme en raison de la non libération des terres, il y a de quoi à en vouloir aux autorités régionales et locales de ne pas anticiper sur de telles situations.
A. Diallo
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