Économie malienne : Une résilience à toute épreuve
Le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a clos, mercredi 30 juillet 2025, ses consultations annuelles au titre de l’article IV avec le Mali. À l’issue des échanges, les autorités ont demandé un délai supplémentaire avant la publication du rapport détaillé préparé par les services du Fonds.

En dépit d’un environnement marqué par des aléas climatiques, des tensions sécuritaires et une contraction de l’aide internationale, l’économie malienne affiche une résilience notable. La croissance du PIB est estimée à 5% pour 2025, portée par une campagne agricole solide, le démarrage de l’exploitation du lithium, et la vitalité du secteur des services.
Néanmoins, le recul de la production aurifère, la fermeture d’une grande mine et les pertes liées aux inondations pèsent sur les équilibres budgétaires. Le déficit public devrait atteindre 3,4% du PIB cette année. Une reprise à 5,4% de croissance est espérée en 2026, sous réserve d’un redémarrage de l’activité minière. Le FMI note que les perspectives économiques restent exposées à des risques baissiers significatifs
L’institution internationale recommande un retour progressif à la norme communautaire de l’UEMOA, avec un plafond de déficit fixé à 3% du PIB. Le Mali est invité à renforcer la mobilisation des ressources internes, en élargissant l’assiette fiscale et en améliorant l’efficacité de ses administrations douanières et fiscales. La rationalisation des dépenses, la préservation des investissements publics et le soutien aux ménages vulnérables doivent accompagner cet effort.
La stabilité politique intérieure et la poursuite des réformes structurelles sont jugées essentielles pour relancer l’investissement et améliorer le climat des affaires. La transparence administrative, la stabilité réglementaire et la lutte contre les lourdeurs procédurales sont identifiées comme des leviers pour stimuler la croissance privée.
Les autorités sont aussi encouragées à renforcer la gouvernance budgétaire, à améliorer la gestion des finances publiques et à accroître le contrôle des entreprises publiques, notamment dans le secteur de l’électricité (Énergie du Mali).
Les administrateurs du FMI saluent la capacité de l’économie malienne à résister aux chocs multiples : conflits, précarité alimentaire, inondations, délestages, baisse des appuis extérieurs. Toutefois, ils rappellent que les vulnérabilités restent fortes et que seule une réforme soutenue des institutions peut consolider cette résilience.
Face aux pressions budgétaires induites par les catastrophes naturelles et la perte de revenus miniers, un assouplissement temporaire des finances publiques en 2025 est jugé pertinent. Les autorités se sont engagées à ramener le déficit en dessous du seuil communautaire d’ici 2027.
Le renforcement des filets sociaux, la mise en place de dispositifs ciblés pour les personnes déplacées et précaires, ainsi qu’une meilleure efficacité des dépenses, sont jugés urgents. Le Conseil insiste sur l’adoption d’un cadre budgétaire à moyen terme afin de garantir la transparence et la crédibilité des choix économiques.
Surveillance financière et lutte contre la corruption
Le FMI recommande de consolider les dispositifs de surveillance du secteur financier, fragilisé par une forte exposition des banques aux titres publics et une baisse du crédit. Le renforcement des normes de gouvernance, la transparence dans les déclarations de patrimoine, et le contrôle des bénéficiaires effectifs sont des mesures prioritaires pour rétablir la confiance.
Le Mali est salué pour sa sortie de la liste grise du GAFI, mais des efforts restent nécessaires pour lutter contre le blanchiment et le financement du terrorisme. L’intégrité judiciaire, la régulation des entreprises publiques et la moralisation de la vie publique figurent aussi parmi les points de vigilance.
La réussite économique du Mali repose sur la levée des goulots d’étranglement, l’amélioration de la gestion des investissements, la stimulation du secteur privé, l’attraction d’investissements étrangers, et la résilience face au changement climatique. La diversification des sources de croissance demeure une exigence stratégique.
Les prochaines consultations entre le FMI et le Mali sont prévues dans douze mois, selon le calendrier régulier de l’article IV.
M. SANOGO
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