Responsabilité du délestage au Mali : Le ministre de l’Energie cherche des poux sur la tête rasée des agents d’EDM, les syndicats ripostent

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Les trois syndicats de l’Energie du Mali, ont battu en brèche les propos « discourtois » du ministre de l’Energie, Mme Bintou Camara qui les accable. En assemblée générale, les syndicats défient leur ministre d’apporter les preuves de ses allégations.

Depuis des mois, les maliens vivent un délestage infernal, considéré comme du jamais vu. De deux heures, on assiste à des coupures de huit heures voir d’une demi-journée. Face à cette situation, des maliens commencent à perdre patience et des voix s’élèvent pour que les autorités trouvent une solution dans l’immédiat.

En attendant les différentes solutions envisagées par les autorités, le ministre de l’Energie de l’Eau, Bintou Camara, est apparu sur les antennes de l’ORTM où elle a dénoncé de nombreuses malversations au sein d’Energie du Mali.

Cette sortie fait suite à une visite surprise qu’elle a effectué à la centrale thermique de Balingué (site d’entreposage et de ravitaillement des carburants destinés aux groupes EDM), le 22 octobre 2023.

« Détournement de 59 citernes »

Mme Camara a pointé un doigt accusateur sur l’EDM dont la « mauvaise gestion » est à l’origine des coupures d’électricité. Enfonçant le clou elle a annoncé que les générateurs des centrales doivent normalement fonctionner avec du fuel, (plus économique), mais que les responsables de EDM les font fonctionner avec du gas-oil dans le seul but de voler les ressources de l’Etat. Mme le ministre a aussi laissé entendre que 59 camions citernes ont disparu en l’espace de 4 jours entre Balingué et les autres centrales. Sur la télévision nationale, elle a affirmé avoir surpris deux chauffeurs en train de « voler le carburant » destiné à EDM. Sans autres formes de procès, les deux conducteurs ont été arrêtés sur son instruction afin de mener les enquêtes.

Et de qualifier de « réseaux mafieux » les voleurs de carburant. La première responsable de l’Energie a aussi révélé que des facturations supplémentaires par des fournisseurs atteignent plusieurs de milliards F CFA, toute chose qui étouffe EDM. A-t-elle promis de faire la lumière sur l’affaire et de traduire les auteurs en justice.

Tomber comme un couperet, la sortie de Mme Camara a donné froid dans le dos des employés de la centrale productrice de l’énergie au Mali.

Consternés par les propos de leur ministre, qui les a accusés de « voleurs de carburant et de faire mauvaise gestion de la société », les trois syndicats  ont tenu vendredi, 27 octobre 2023 une assemblée générale extraordinaire afin de répliquer aux propos qu’ils considèrent comme « discourtois » du ministre Camara.

La déception des travailleurs

Tenue dans l’enceinte de la direction générale d’EDM, plusieurs dizaines de travailleurs ont répondu à l’appel des responsables de leurs syndicats. Tour à tour, les syndicalistes, les militants ont exprimé leur peine face aux « manquements du ministre Camara ».

Point par point, les syndicats ont expliqué les différentes démarches qu’ils ont entreprises après « l’accusation sans preuve » du ministre sur le « détournement des 59 camions citernes ». Pour eux, dans son incapacité à trouver une solution au délestage, le ministre selon certain « à monter une histoire qui n’a rien a envié à un film hollywoodien ». Pour les syndicalistes, les deux citernes qui seraient destinés à EDM et que Mme le ministre a saisi et conduit dans la cour de la centrale de Balingué, est en réalité la propriété de la société Lah et fils qui vend aussi du carburant à Yara oil. « C’est lors de cette transaction que le ministre dit avoir appréhendé deux citernes destinés à EDM ».

Dans la journée du 26 octobre, (NDLR : la société Lah et fils aurait commis un huissier et demander « à ceux qui ont saisi une de ses citernes  de la restituer sous prétexte et qu’elle n’était pas destinée à EDM et qu’aucune livraison n’était prévue ce jour ».

Les chauffeurs libérés et les citernes pour la Société Lah

Aux dires des syndicalistes, après présentation des preuves par le syndicat des chauffeurs  attestant que les citernes étaient bien destinées à un particulier (Bordereau de livraison), les chauffeurs ont été remis en liberté « Cela dénote que le ministre a tenu des propos qui ne tiennent pas la route », disent-ils. Et de se moquer d’elle quand elle n’a pu faire la différence entre le chef division dépotage et le chef de la centrale de Balingué où elle a fait saisir un des ordinateurs « pour des contrôles ». En le « disant, Mme a gâté le nom du chef de la centrale de Balingué ».

« Nous ne sommes pas des voleurs », ont-ils martelé. Et défier le ministre Camara d’apporter les preuves de son histoire de vol de carburant (59 citernes).

Sur la question des enquêtes que Mme le ministre dit ouvrir, Abdoulaye Soufiane Diallo, à l’instar de ses camarades, a exigé la poursuite de l’enquête afin que la vérité éclate au grand jour « Nous exigeons que les conclusions des enquêtes soient partagés, que le ou les coupables soient sanctionnés conformément aux textes. L’EDM, c’est notre patrimoine à tous. Si quelqu’un faute qu’il soit sanctionné ».

Les enquêtes soient menées jusqu’au bout

Et si l’enquête sur les 59 citernes « disparues » ne prouve pas la culpabilité d’EDM, M. Diallo a prévenu qu’ « il y aura une crise de confiance entre le ministre et les syndicats EDM. « Après quoi, nous tirerons les conséquences ».

Abordant la question des avantages accordés à leurs agents notamment la fameuse « catégorie 7 » (qui donne droit à certains agents de ne payer que 10% de la consommation de l’électricité), les syndicalistes ont répliqué qu’elle est un droit contenu dans l’Accord cadre avec l’Etat. « Le ministre ne bénéficie-t-il pas des avantages ? La Douane, les impôts n’en n’ont pas ?… » se sont-ils interrogés. « Les Avantages contenus  dans l’Accord d’établissement ne sont satisfaits même pas à 50%. C’est nos 10% qui la rend jaloux ».

Qualifiant de méchant ce que le ministre a dit, ils ont laissé entendre que « personne ne peut toucher à un seul cheveu de leur acquis ». A leurs dires, les propos du ministre Camara ont mis en danger certains responsables et agents notamment les releveurs, les dépanneurs « qui sont attaqués sur le terrain depuis sa sortie  ratée ».

Le ministre n’est pas sans reproche

Pour eux, EDM-SA fait partie de la sécurité du pays, « sans énergie il n’y a pas de sécurité ; chaque agent de l’EDM est un soldat », ont-ils affirmé.

Sur le manque de rigueur annoncé par le ministre, ils ont fait savoir  «  Nous avons donné et nous continuions à donner notre vie pour la bonne marche de EDM-SA ». En sommes, dans l’affaire des contrats passés avec des fournisseurs, sans rentrer dans les détails, il a été révélé que le ministre Camara n’est pas sans reproche.

Puisque le délestage en cours trouve son origine dans les difficultés de ravitaillement en carburant, les syndicalistes demandent au chef de l’Etat de s’approprier personnellement des problèmes d’EDM afin de trouver des solutions au délestage. Selon eux, « Il y va de l’intérêt de la société, des travailleurs d’EDM et de la population malienne ».

Au nom des travailleurs, des excuses ont été présentés à la population malienne pour le désagrément causé car, qui parle d’électricité publique, fait allusion à EDM. « Sans être le problème, c’est nous que la population considère comme étant l’obstacle pour la fourniture de l’électricité alors qu’on n’est pour rien », a souligné un agent.

Pour notre part, Puisque le ministre Camara pointé du doigt ceux qui causent problème dans la fourniture normale de l’électricité, qu’elle nous au moins le nom du fournisseur qui a livré les « faux » groupes achetés au Nigeria. Il ne doit y avoir deux poids et deux mesures.

Amadou Sidibé

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