Décidément, Amadou Djigué tient au Conseil Malien des Chargeurs comme à la prunelle de ses yeux. Celui qui se dit serein pour avoir bien travaillé n’a finalement d’autre recours que de s’accrocher à une bande d’amis pour implorer la compréhension et le pardon des chargeurs, avouant au passage ses fautes et erreurs. Mais, cette attitude ne fait que renforcer la détermination des frondeurs plus que jamais décidés à le larguer comme on fait d’un citron pressé. Pour preuve, malgré la réunion de conciliation convoquée en urgence par un groupe dit « les amis de Djigué », les Sanou Sarr, Abdoulaye Samaké, Mamadou Sinsin Coulibaly, Hamadi Gassama Diaby et autres sont restés radicaux : plus question de Djigué à la tête des chargeurs maliens.
C’est en catimini qu’une réunion de conciliation a été convoquée par un nébuleux Groupe des Sept - pas les sept mousquetaires quand même !- pour désamorcer l’ardeur des adversaires de Djigué et donner à ce dernier des chances de rempiler à la tête du Conseil Malien des Chargeurs, dont le fauteuil de Président est devenu plus que jamais éjectable actuellement. En effet, la réunion a eu lieu dans la nuit du jeudi 03 août 2006 dans les locaux de la Société Somassaf devenue, pour depuis quelque temps, le lieu de réunions nocturnes de mauvaise haleine.
Pour mener l’opération commando, Djigué était entouré de Dionké Yeranangoré alias Babou Yara (lisez les fraudes sur le pétrole dans le premier rapport du Vérificateur Général), le député Hamadaou Sylla (n’y aurait-il pas boulot à l’hémicycle, que diable fait-il dans cette mare aux crocodiles!), Mandjou Simpara (relisez notre sortie sur la nouvelle mafia des affaires à Bamako), Mamadou Baba Sylla (opérateur économique en chômage, devant rendre compte de la gestion du projet de cimenterie de la CCIM, du folklife festival, etc…), Mahamadou Sy Savané (qui veut forcer le destin et sortir du quasi anonymat qui le ronge) et enfin Youssouf Bathily, Trésorier Général de la CCIM et époux de la fille de Djigué, ah la famille est belle !).
Dès lors, les dés étaient pipés à cause du manque de crédibilité de tels médiateurs, face à des gens redoutables et rigoureux qu’on ne présente plus dans ce pays, pour avoir gagné leur notoriété d’hommes d’affaires honnêtes et sérieux : Sanou Sarr, Abdoulaye Samaké (celui-là même qui est à la base des textes fondateurs du Conseil des Chargeurs), Mamadou Sinsin Coulibaly, Bakary Yafa, Hamadi Gassama Diaby, Babalaye Daou, etc. C’est une évidence qu’entre les deux camps, il n’y a vraiment pas match !
Dès la présentation de l’objet de la réunion par la bande à Djigué, à savoir s’entendre avec ce dernier et l’accompagner dans un second mandat, les interlocuteurs montent sur leurs grands chevaux : pas question, l’ordre du jour devait logiquement être les propositions de modalités du départ de Djigué. Alors, on est parti pour une longue litanie de griefs dont notamment le blocage du fonctionnement de l’Assemblée Consulaire et du Bureau, deux institutions étouffées au profit de la gestion dictatoriale de Djigué qui décidait de tout sans coup férir.
Effectivement, le Conseil Malien des Chargeurs, selon des constats unanimes, se résume au seul et unique Djigué au mépris des textes qui régissent cette institution. La plus grande illustration a été sa demande de prorogation de mandat adressée aux autorités de la république, au mépris des membres de l’Assemblée Consulaire qui l’avaient pourtant élu. Mais comment pouvait-il associer les chargeurs dans son coup, d’autant plus que chacun d’eux ruminait sa frustration en attendant le moment idéal de le larguer ? Les chargeurs dont des compétences avérées, bien en mesure de traiter avec leurs pairs de la sous-région, tous en meure de défendre les intérêts du Mali dans le processus d’intégration économique, veulent désormais écrire une nouvelle page de cette institution. L’occasion faisant le larron, ils n’entendent pas lâcher prise car entre Djigué et les chargeurs membres de l’assemblée consulaire et du bureau du CMC, c’est le divorce depuis longtemps et le ménage n’a d’ailleurs duré que le temps d’installer Djigué dans ses fonctions.
Désormais, l’étau se resserre autour de lui. Sa demande de prorogation étant rejetée par le gouvernement, il s’est résolu à convoquer une assemblée générale pour les 25 et 26 août prochain. Mais, à coup sûr, c’est pour se faire humilier car sa manœuvre est déjà éventée par l’intransigeance des chargeurs convoqués à la réunion de jeudi dernier.
Il faut noter que durant cette rencontre, Youssouf Bathily, qui se réclame fils de Djigué, a pratiquement condamné son père en reconnaissant que les faits reprochés à Djigué ne sont pas sans fondement. Cependant, a continué Youssouf, il fallait les classer au rang de simples erreurs à corriger à l’avenir, c’est pourquoi il fallait cette réunion pour implorer le pardon de tout un chacun afin de repartir sur de nouvelles bases avec Djigué. Paf ! cela tombe comme un aveu de taille qui appelle une sentence immédiate ! Evidemment Youssouf a davantage irrité les interlocuteurs qui ont commencé à quitter la salle pour terminer la réunion en queue de poisson.
Mamadou DABO