Editorial : Difficile cohabitation au sommet de l’Etat

10 Déc 2012 - 12:19
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[caption id="attachment_88134" align="alignleft" width="304"] Le président malien par intérim Dioncounda Traoré et le Premier ministre Cheick Midibo Diarra le 23 août 2012.[/caption] Une guerre de leadership  dans le Mali actuel  ne peut qu’être néfaste pour la crise malienne.  Ils se rivalisent sans réaliser les dégâts qu’ils peuvent occasionner au passage. Dioncounda Traoré et Cheick Modibo Diarra, les deux acteurs-clés du processus de la transition malienne, traversent une crise aiguë, voire un mal profond qui ne dit pas son nom. Ces derniers temps, tout nous fait croire que  ça sent le roussi et que rien ne va au sommet de l’Etat. Pourtant, les germes de la division étaient déjà présents  bien avant.  La  manière par  laquelle s’est  déroulé l’Accord-cadre a créé de nombreuses confusions au sein du gouvernement malien. Cet  Accord fait de Cheick Modibo Diarra un Premier ministre de « plein pouvoir ». Dès cet instant,  il se croit tout permis. Par la suite, ses agissements et son manque de tact ont fait de lui un homme non crédible aux yeux de ces mêmes personnes qui l’ont placé.  Puis arrive un Président à qui cette communauté internationale livre tout crédit en lui déroulant le tapis rouge.  Ainsi,  notre Premier ministre se retrouve avec un plein pouvoir, mais sans en être un, en tout cas, pas comme il le convoitait.  Du coup, c’est la confusion.  Qui est chef ? Et qui doit faire quoi ? Ces temps-ci, la légitimité de Dioncounda Traoré semble être mise en parenthèse par les amis du Premier ministre. Pour eux, le Président de la République intérimaire fait la part belle à son poulain, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale. De l’autre bord, les partisans du Président ne cessent de dénoncer les dérives d’un Premier ministre trop imprudent. Entre temps, que deviennent les populations du Nord ?  Au moment où les dirigeants ouest-africains sont en train de faire des lobbyings afin que la crise au Mali se dénoue le plus vite possible, les deux plus hautes autorités du pays nous livre un cirque. La reconquête du territoire malien est le seul pari qui vaille : se mettre en accord avec ceux qui veulent nous aider pour récupérer le Nord et mettre fin à la souffrance des Maliens.

 Le véritable  leadership est fondé sur un ensemble de valeurs partagées qui est le ciment de tout rassemblement. Mais  comment  guider un Etat  si l’on ne peut s’orienter soi-même ?

 Les deux personnalités-clés de notre société doivent tisser des relations constructives. Seule une confiance mutuelle pourrait  être constructive sur cette base. La paix au Mali y oblige. A quoi bon toutes ces querelles qui nous conduisent à d’autres humiliations ? Aujourd’hui,  le dossier malien est très avancé au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies. Comment  pouvons-nous compter sur l’appui  des autres si nous ne sommes pas prêts à cohabiter ensemble ? Le mieux est désormais, pour l’un et l’autre, et surtout pour l’avenir du pays, de déposer les armes, d’arrêter cette mauvaise version d’irresponsabilité dont les deux chefs sortiront  tous perdants. Nous attendons d’eux autres chose qu'une querelle d'égos. Espérons donc que ces belligérants se ressaisiront à temps car dans un élan de ras-le-bol, le peuple malien pourrait  « siffler la fin de la récréation » pour eux. Neimatou  Naillé  Coulibaly

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