Dissolution de l’AEEM par les autorités de la transition : Cette goutte d’eau ne risque-t-elle pas de faire déborder le vase ?

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Si la dissolution de certaines associations, voir partis politiques n’a pas suscité des grandes réactions, celle de l’Association des Elèves et Etudiants du Mali, AEEM a non seulement provoqué l’indignation, l’incompréhension, mais aussi le soulagement selon qu’on soit pour ou contre. Cet acte a sans nul doute fait l’effet d’une bombe en milieu estudiantin et au même au sein des partisans de la liberté d’association. Elle a provoqué l’ire des élèves et étudiants et provoquer  une véritable levée des boucliers. Selon les informations que nous avons concoctées çà et là, les élèves et étudiants ne sont pas d’accord avec cette décision et entendent même manifester leur mécontentement. C’est pourquoi un appel à la grève illimitée suivie d’une marche avec barricade circule sur les réseaux sociaux. Le mot d’ordre des élèves et étudiants sera-t-il réellement suivi, surtout quand on sait que l’AEEM n’a pas une bonne presse auprès d’une frange importante de l’opinion ?  Si la manifestation  venait à se faire, ne doit-on pas craindre le syndrome du mois de Mars ? Quid du silence des leaders du Mouvement  démocratique de 1991 face à  l’atteinte grave à la liberté d’expression voire d’association ?

Après la décision de dissolution de l’AEEM par les autorités de la transition, les réactions à la fois nombreuses et diverses n’ont pas tardé. Si pour certains observateurs de l’espace scolaire et universitaire cette décision est salutaire, car l’AEEM était devenue une association à la fois mafieuse, dangereuse et anti pédagogique, pour d’autres elle ne mérite non seulement pas ce sort, mais aussi et surtout, ne serait-ce que par le symbole qu’elle incarne, elle aurait dû être simplement suspendue en attendant de faire des réformes pour mieux la restructurer. Pour les victimes que sont les élèves et étudiants, cette décision n’est ni plus ni moins qu’une entrave grave à la liberté d’association, toute chose garantie par la loi fondamentale. En effet, l’AEEM fait sans nul doute partie des associations et mouvements qui ont payé un lourd tribut pour l’avènement de la démocratie et qu’il soit dit en passant sans la mobilisation et la détermination de laquelle la lutte contre le régime dictatorial du Général Moussa Traoré n’allait jamais aboutir. Alors doit-on jeter le bébé avec l’eau du bain ? La réponse est sans nul doute non, on doit plutôt lui apprendre à se tenir bon et à jouer le rôle qui est le sien, celui de la préservation de ses intérêts. Si pour les autorités la réalisation d’une telle mission nécessitait une décision courageuse, pour les démocrates elle ne devrait pas être la dissolution, mais tout au plus une suspension. Beaucoup d’observateurs se sont plutôt indignés de cette extrême et grave décision de dissolution de l’AEEM. Quant aux acteurs ils se rebellent et entendent manifester leur mécontentement. Un appel à une grève illimitée suivie d’une marche avec barricade a circulé sur les réseaux sociaux le week-end passé. Sera-t-il suivi ? Quelle sera la réaction des autorités face à ce mot d’ordre ?

 Ce mot d’ordre des élèves et étudiants sera-t-il réellement suivi, surtout quand on sait que l’AEEM n’a pas une bonne presse auprès d’une frange importante de l’opinion ?

La réponse à cette question sera connue aujourd’hui lundi 18 mars 2024. D’ores et déjà la tension est très palpable et le risque d’un début de mouvement insurrectionnel est plausible. Les autorités garderont-elles leur sang-froid face à cette saute d’humeur des élèves et étudiants ou agiront-elles comme elles en avaient l’habitude, c’est-à-dire  avec émotion et colère en utilisant la méthode forte ? Il leur sera déconseillé d’utiliser la force, car cette méthode est contreproductive et elle peut provoquer une telle tension qu’il y a risque qu’elle soit le début de la fin d’une situation, comme ce fut le cas sous le Général Moussa Traoré. La solution qui sied est le dialogue avec les leaders de l’AEEM afin de trouver une issue favorable sans coup férir. Toute autre solution portera en elle les germes d’une dissension voir division, ce qui fragiliserait les autorités.

Si la manifestation de ce lundi venait à se faire, ne doit-on pas craindre le syndrome du mois de Mars ?

Si les informations récoltées sur les réseaux sociaux ne sont pas dans tous les cas de figure fiables, car souvent  elles sont souvent sans sources, ni auteurs connus, mais il serait tout de même dangereux de balayer d’un revers de main tout ce qu’on y lit aussi. C’est sur les réseaux sociaux que l’avis d’appel à déclencher une grève illimitée sur toute l’étendue du territoire et à manifester avec barricade, a circulé. Cet avis qu’il soit réel ou pas, traduit un certain malaise au sein de l’espace scolaire et de surcroit au sein de la société. Donc s’il venait à se confirmer et que les élèves et étudiants manifestaient, les autorités doivent éviter que cette manifestation ne dégénère. Le mois de Mars est un mois à risque pour les autorités maliennes et cela depuis des lustres. Surtout que cette crise est venue rallonger la longue liste de crises qui secouent aujourd’hui notre pays. Donc savoir la gérer serait synonyme de paix et de stabilité.

Quid du silence des leaders du Mouvement  démocratique de 1991 face à l’atteinte grave à la liberté d’expression voir d’association?

L’incompréhension, voir l’indignation est de constater que les leaders du Mouvement démocratique sont restés muets comme des carpes quand un aussi grand symbole est en passe d’être démoli. Leur attitude s’apparente à de la capitulation voir de la lâcheté face au rouleau compresseur et démolisseur des acquis de 1991. Le projet de démolition des acquis démocratiques est en train d’être déroulé au vu et au su de ceux-là mêmes qui ont tout bénéficié de la démocratie. Si nul ne conteste les reproches qui sont faits à l’AEEM, si nul n’ignore le caractère subversif et anti pédagogique de cette association, il ne serait pas normal qu’on la dissolve de cette manière, car elle est une association avant-gardiste et surtout syndicale défendant les droits de ses adhérents.

Youssouf Sissoko

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