Le Baccalauréat malien ce matin : Les moyennes annuelles prises en otage par les professeurs

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Les épreuves écrites du baccalauréat malien se déroulent ce matin sur toute l’étendue du territoire malien. La nouveauté du BAC de cette année que  les candidats vont composer sans leurs moyennes annuelles qui ont été prises en otage par les syndicats des enseignants de l’enseignement secondaire général.

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On comprend le silence des autorités scolaires qui n’ont d’ailleurs rien entrepris pour donner satisfaction aux syndicats. Car ce cafouillage est une aubaine pour les structures impliquées dans l’organisation des examens au Mali. Surtout avec le système de repêchage.

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Le système de repêchage est très dangereux, car les candidats au Bac passent depuis un certains temps avec une moyenne de 7,50 voire 8/20. Cette situation s’explique par  le faible niveau des futurs cadres de la nation. Les étudiants,  ils sont très nombreux dans les facultés, qui ont des difficultés à s’exprimer en français à fortiori de rédiger une simple lettre administrative.

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Depuis son accession à la souveraineté nationale, l’Etat malien a consenti des efforts considérables en vue d’un système éducatif pouvant aboutir au développement  économique et social et culturel de tous les fils du pays.

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 A l’instar de la majorité des pays africains, le Mali s’est préoccupé de l’éducation des générations montantes. Ses efforts, qui traduisent la volonté politique exprimée par la Charte de l’éducation de la conférence d ‘Addis Abeba  (1961), par la déclaration de Jomtien sur l’éducation pour tous (1990)  et par le cadre d’action de Dakar (Avril 2000), se sont concrétisés par la mise en place de programmes de réforme des systèmes éducatifs coloniaux.

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 La charte d’Arusha (1990), notamment  apprend que sans participation populaire, il n’y a pas de développement. Il est en effet inacceptable que le peuple soit exclu du processus de prise de décision. Chacun comprend que l’école n’est pas seulement l’affaire de l’Etat, mais de tous.  Seule une école créée par les efforts conjugués de toute une communauté est susceptible de réussir.

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L’école malienne démocratisée.

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 Le Mali s’est engagé à démocratiser le secteur de l’éducation afin de lutter contre l’analphabétisme. Mais malgré la Réforme ambitieuse de 1962, puis à partir de 1991 l’instauration du multipartisme et le développement important de la vie associative, la situation éducative demeure peu enviable. Confronté à une crise économique sans précédent accentuée par la dévaluation du franc CFA (1994) ainsi qu’au programme d’ajustement structurel et à la politique d’austérité, l’Etat ne peut plus financer seul les actions de développement.

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Il suscite donc un partenariat basé sur la participation des populations aux efforts de développement. Cette approche, à la base de la décentralisation inscrite parmi les objectifs centraux de la IIIe  République, constitue un axe stratégique de la démocratisation de l’éducation.

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Avec l’accroissement démographique, l’Etat est dans l’incapacité de couvrir les besoins éducatifs de tous les Maliens d’âge scolaire. Aussi, les populations ont crée des écoles pour les gérer, elles-mêmes, ce qui a comblé un vide au sein du système éducatif. Dans le cadre d’une dernière réforme du secteur, le Mali- à travers la politique nationale du développement décennal de  l’éducation- a donné une place privilégiée à la participation communautaire au processus éducatif.

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Les écoles communautaires sont le fruit de cette participation. Pour la réalisation des objectifs de cadre d’action de Dakar 2000, l’Ecole communautaire est d’importance capitale.        
        

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L’école publique classique est devenue un secteur inquiétant

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Héritée de l’époque coloniale, l’école publique classique est la plus répandue des écoles (environ 90% des effectifs scolarisés) hors medersas. La méthode d’enseignement utilisée à l’école publique est la pédagogie frontale. Le maître en véritable détenteur du savoir parler et les enfants en quête de savoir l’imitent.

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Le français sert à la fois de médium et de matière d’enseignement. L’école publique est une structure étatique centralisée sur le plan budgétaire administratif et pédagogique. Le cadre pédagogique de cette école est fixé par le ministère de l’Education Nationale qui forme, fournit et rémunère les enseignants à cet effet.

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Les enseignants maliens travaillent dans les conditions rudimentaires.

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 Les enseignants maliens travaillent dans des conditions très difficiles  ce qui contribue quotidiennement à les démotiver et à rendre l’école publique non performante.

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L’école malienne est en déliquescence  totale.

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 Malgré l’adaptation du programme décennal pour le développement de l’éducation et de la loi d’orientation du système éducatif 1998,  les syndicalistes du monde scolaire et d’autres formations politiques n’ont pas cessé de s’interroger sur l’avenir de l’éducation dans notre pays.

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 Le Mali est entré dans le 21ème siècle avec ¾ de sa population active analphabète. La décentralisation du système éducatif consacre le transfert de l’école aux municipalités mal préparées à assumer de telles responsabilités.

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 En effet, les enseignants des écoles communautaires font désormais partie du système et on ne peut donc les ignorer  au risque de coordonner des générations d’enfants. Les citoyens les plus nantis perçoivent à partir de ces réformes, les signes précurseurs d’échecs scolaires et préfèrent payer pour leurs enfants une éducation performante dans le privé.

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 Pour le personnel enseignant, la notion de fonctionnement évolue négativement sous les pressions du modèle anglo-saxon. L’emploi prend le pas sur la carrière plus sécurisante. L’esprit de service public prend indubitablement des coups irréparables.

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 La fermeture des écoles de formation (rouvertes en grand nombre maintenant) a donné lieu à un recrutement massif des enseignants contractuels sans formation initiale venus d’horizons disparates (les 45j ours de formation) dépasse largement les enseignants fonctionnaires en nombre.

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La revalorisation de la profession enseignante peut encore faire rêver.

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 Selon les circonstances et les conditions de leur naissance, les enfants de la République seront confrontés à diverses fortunes, parce que les uns auront fréquenté l’école des fils à papa et les autres l’école de la plèbe, l’application de la P-C (pédagogie convergente) dans certaines écoles où les enfants des démunis se retrouvent en est un exemple frappant.

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 Face à la communautarisation et à la municipalisation se posent des enjeux fondamentaux.

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 Quelle alternative peut-elle conduire réellement à l’amélioration du taux de scolarisation au Mali ?

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 Quelle perspective se dessine- t’elle pour la qualification des enseignants ?

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 Le débat actuel sur notre école aura – t – il le succès attendu face à l’expansion démographique de la population scolarisable ?

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Moustapha GUITTEYE

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