Education et justice sociale dans L’AES : Ecoles privées au Mali : des écarts de frais indécents, l’Etat appelé à réagir
Le Niger vient d’adopter un décret plafonnant les frais de scolarité dans les établissements privés, le Mali continue de tolérer des disparités allant de 60 000 à 300 000 F CFA pour le même niveau d’enseignement.

Une situation dénoncée par de nombreux observateurs, qui interpellent les autorités sur l’urgence de réguler un secteur devenu un terrain de spéculation et d’inégalités.
Le gouvernement nigérien vient de franchir un pas important dans la régulation du système éducatif privé. Réuni en Conseil des ministres le 18 juillet 2025, il a adopté un décret fixant un cadre strict pour les frais de scolarité dans les établissements et centres de formation privés. L’objectif est clair : mettre fin aux hausses anarchiques et aux disparités tarifaires souvent imposées sans justification ni contrôle.
Cette mesure saluée par de nombreux acteurs de l’éducation découle des travaux d’un comité ad hoc, qui a souligné l'urgence de protéger les parents d’élèves contre la spéculation et de garantir un accès équitable à l’éducation, érigée en priorité nationale. Dans un contexte économique difficile, le Niger fait ainsi preuve de volonté politique pour contenir les dérives du secteur privé éducatif.
Au Mali, pays voisin et désormais lié au Niger au sein de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), cette décision devrait inspirer les autorités. Ici, les frais de scolarité dans les écoles privées varient dans des proportions scandaleuses : pour un même niveau d’enseignement disons le premier cycle du fondamental une école facture pour une années 60 000 F CFA, pendant qu’une autre, dans le même quartier, exige jusqu’à 300 000 F CFA. Une différence difficilement justifiable, malgré les arguments avancés sur la qualité des infrastructures ou l’environnement pédagogique.
Certes, toutes les écoles ne se valent pas en termes de commodités. Mais faut-il pour autant que l’accès au savoir devienne un luxe réservé à une élite ? En tant que puissance souveraine assumée, le Mali doit garantir une égalité minimale dans l’accès à l’éducation, surtout lorsque l’on sait que nombre de ces établissements privés bénéficient de dérogations fiscales et échappent à un contrôle rigoureux de l’Etat.
Le débat prend une tournure d’autant plus sensible que plusieurs écoles privées sont détenues par des hauts cadres de l’administration, d’anciens inspecteurs ou des proches des différents pouvoirs qui se sont installés au sommet de l’état. Ce mélange des genres alimente un système où les intérêts privés prennent le pas sur le droit à l’éducation, pourtant garanti par la Constitution.
Encadrer les frais de scolarité n’est pas un caprice politique. C’est un devoir de justice sociale. Au moment où l’AES appelle à la mutualisation des efforts pour un développement souverain et intégré, le Mali gagnerait à s’inspirer du modèle nigérien. L’école ne peut pas être un bien marchand soumis aux lois du profit. Elle doit rester un bien commun, accessible à tous, et protégé par l’Etat.
Djibril Diallo
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