Entretien avec Awa Maïga, l’auteure du livre ” la réussite, mais à quel prix ?” “Nos valeurs représentent notre identité et notre originalité”

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“La réussite, mais à quel prix” est le titre du tout premier roman de la jeune écrivaine malienne, Awa Maiga, publié chez les Editions du Net (France). Etudiante en Anglais à l’université Abderrahamane Mira de Bejaia (Algérie), Awa, très éprise des lettres et langues vient témoigner cet amour à travers cet ouvrage dans lequel la fiction, par l’entremise d’une pléiade de thématiques, côtoie la réalité tout en dénonçant certaines tares de la société actuelle. La réussite, l’émigration clandestine, l’amour, le racisme et la causes des albinos sont les thèmes centraux du roman plein d’aventures et de mésaventures de ses personnages. La rédaction d’Aujourd’hui-Mali s’est entretenue avec la jeune romancière. Lisez plutôt l’entretien ! 

Aujourd’hui-Mali : Pourquoi le choix du titre ” La réussite mais à quel prix ? ”  

Awa Maïga : Le choix de ce titre est d’autant plus spontané, dans la thématique où il s’harmonise en intégralité avec le contenu du livre et également le terme “réussite” est un concept clé, pertinent et d’actualité qui attire sans doute l’attention d’un bon nombre de lecteurs !

Nous remarquons dans votre livre, qu’une fois à l’étranger, les étudiantes piétinent les valeurs et mœurs de leur pays, pensez-vous que les difficultés de la vie doivent nous détourner de nos valeurs sociales ? 

Tout se résume en un point appelé “éducation”.  Je pense que les difficultés de la vie ne représentent en aucun cas une raison de se défaire de ses valeurs sociales. Bien au contraire, elles sont d’une grande envergure expérimentale et au lieu d’une opposition, je vois cette combinaison à renforcer et à maintenir nos mœurs afin de ne point oublier d’où l’on vient pour mieux se rappeler de sa destination. En réalité, ces valeurs sont les raisons essentielles qui doivent nous permettre de rester sur le qui-vive et de mieux affronter les obstacles de la vie. Nos valeurs représentent notre identité et notre originalité qu’on doit être en mesure de booster et cela partout dans le monde et dans n’importe quelle situation qui se présente à nous.

Vous abordez plusieurs thèmes dans votre ouvrage, mais l’émigration clandestine est l’un des plus accentués, pourquoi ?

En effet, plusieurs thèmes sont abordés dans le livre dont l’émigration clandestine reste la plus accostée. Cela est surement dû au fait que j’accentue sur la logique selon laquelle on devrait plus intérioriser qu’extérioriser et que les bons fruits doivent être valorisés et exploités chez soi. On prétend progresser, mais il faut reconnaitre qu’il y aura toujours une faille à notre développement tant qu’on se laissera influencer et complexer par toute provenance de l’extérieur. Mon cœur souffre, j’ai des larmes aux yeux quand je vois une multitude de personnes perdant la vie dans des conditions misérables, juste dans le but de vouloir atteindre cet idéal, ce soi-disant “El Dorado” qui n’est, en vrai, rien de plus que mirage. Je profite de cette thématique pour ressortir les côtés sombres de l’émigration clandestine et j’insiste toujours sur le fait que l’étranger est loin d’être la solution à tous nos maux.

L’Algérie est un pays musulman très attaché à ses valeurs religieuses, alors l’histoire du réseau de prostitution dont Mariam a été victime ne fera-t-elle pas objet de débat autour de votre livre ? 

Occasion méritée pour préciser que le livre est produit du plus profond de mon imagination.  Les personnages et la plupart des faits racontés dans le livre, notamment le réseau de prostitution dont a été victime l’héroïne du roman n’est autre que de la fiction. Alors, je ne crois pas qu’il fera objet de quelconque débat ou d’autres répercutions.

Vous vous êtes inspirée de l’histoire de Ramata, la petite albinos sauvagement assassinée au Mali il y a quelques mois, alors quel est le message que vous voulez faire passer ?

En évoquant l’histoire de Ramata, la petite albinos assassinée, j’aimerais tout simplement par ma plume apporter ma pierre à la lutte contre les injustices faites aux albinos. C’est vraiment triste de remarquer des actes si criminels et méprisables se reproduire, laissant comme conséquences des mères, des pères et enfants innocents en pleurs, en impuissance face à leur sort. Ils n’ont rien fait pour mériter ce châtiment et j’invite tous, par le présent, à bien vouloir réunir nos forces pour combattre et mettre un terme à ces tueries, à cette exploitation de l’homme par l’homme. En accord, on y mettra sans doute fin.  Cultivons la différence pour que naisse et s’embellisse la diversité.

Hormis l’histoire de Ramata, les autres histoires de votre livre s’inspirent-elles de faits réels ?

L’histoire de Ramata est clairement inspirée de faits réels et cela dans le cadre de lancer un message bien précis. Alors, concernant les autres histoires du livre, il y en a certaines qui s’inspirent également de faits réels tirés de mon entourage. Tout n’est pas que fiction !

L’héroïne de votre livre, Mariam, trahie par l’auteur de sa grossesse refuse d’avorter malgré les difficultés. Pensez-vous que ce fut la meilleure décision ? 

Le fait que Mariam refusa d’avorter malgré les difficultés et l’irresponsabilité de l’auteur de sa grossesse est selon moi la meilleure des décisions qu’elle ait prises, parce que le fœtus ne doit aucunement payer pour les erreurs de ses parents. Si toutefois elle a conçu dans l’ultime plaisir, alors la logique s’impose d’assumer dans l’ultime galère. L’âme est sacrée et personne n’a le droit de la retirer à son prochain, seul Dieu, le tout puissant est donneur et preneur. Cependant il serait préférable d’éviter de construire des maisons susceptibles de s’effondrer par manque de soins.

Votre premier livre est un roman, cela signifie que vous avez un fort penchant pour ce genre littéraire ?

J’aime tous les genres littéraires, mais le roman est très spécial pour moi parce que de par son caractère de narration, il illustre un vécu soit des histoires pertinentes qui en effet servent de leçons de morale et de sagesse. A travers le roman, on voyage sans pour autant se déplacer.

Celle-ci est votre première publication littéraire, peut-on savoir si vous avez d’autres projets d’écriture ?

Oui ! J’ai des écritures en cours, parmi lesquelles, un recueil de nouvelles. Au moment voulu, on en fera table ronde.  Je pense que des projets littéraires, il n’en manquera jamais. Très passionnée par l’écriture et tout ce qui est littéraire, je me vois réellement persévérer dans la plume et par la suite redonner goût de la lecture et de l’écriture aux jeunes comme moi en les rendant cibles intégrantes dans mes écrits, par la mise en œuvre de plusieurs ouvrages prodigieux et profitables pour eux. J’espère bien, dans les années à venir, être en mesure d’aider à promouvoir cette nouvelle vague admirable et respectable de jeunes écrivains maliens.

Comment peut-on se procurer cet ouvrage édité en France ?

La version électronique du livre est disponible. On peut ainsi se le procurer en ligne. Quant à la version papier, elle sera bientôt disponible dans les librairies. Je ferai bientôt un premier lancement officiel du livre en Algérie où j’étudie actuellement et un second au Mali et cela, dès mon retour prochain au pays.

 Réalisé par Youssouf Koné

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