Nord du Mali : Processus du Démobilisation, Désarmement et Réinsertion (DDR) Les groupes armés monnayent les postes !

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« Les portes du DDR ne seront pas fermées aux individus impliqués dans les activités du crime organisé et du terrorisme s’ils renoncent à la violence »
Zahabi Ould Sidi Mohamed, Président de la CNDDR

800 000 FCFA pour le corps des armées, 1 200 000 pour ceux de la sécurité et 3000 000 FCFA pour les douanes. Tel est le tableau des prix fixés par certains responsables des groupes armés aux pauvres habitants du nord pour faire enrôler leurs enfants comme intégrés dans le cadre du processus de DDR (Démobilisation, Désarmement et Réinsertion) conformément à l’accord de paix issu du processus d’Alger. Un processus déjà voué à l’échec si l’on ne prend garde, selon de nombreux observateurs.

C’est patent et connu de tous dans les régions de Mopti, Gao, Tombouctou, Kidal et Menaka, le processus d’intégration des ex combattants est devenu un commerce florissant pour un grand nombre de responsables des groupes armés. Ceux-ci, au lieu de faire intégrer leurs propres combattants, s’adonnent à inscrire contre espèces sonnantes et trébuchantes, les enfants issus des grandes villes dont les parents acceptent de montrer patte blanche.

Au niveau de la Commission Nationale du DDR, si l’on ne prend pas de mesures adéquates pour passer au contrôle strict de l’identité de chaque nouveau intégré venant des différents groupes armés, l’on risquera de se retrouver avec des ‘’enfants gâtés’’ venant des familles aisées, qui dès une moindre détonation vont détaler et abandonner les champs de bataille. Car, comme lors des précédentes intégrations des ex combattants, l’on assiste à un recrutement à tour de bras de ceux dont les parents acceptent de mettre la main à la poche. Cela par la faute des responsables des groupes armés, qui conservent jalousement la majorité de leurs combattants avec leurs armes pour mettre sur le marché les postes qui leur sont destinés dans les corps des armées, de la garde et gendarmerie nationales ainsi que ses douanes.

Il faut signaler les postes pour les intégrés conformément au planning adopté sont classés en trois ou quatre catégories. Au compte duquel les ex-combattants affiliés aux mouvements signataires se taillent la part du lion avec 10 000 et 12 000 agents à faire intégrer dans les rangs des Famas et des douanes, comparativement aux autres groupes armés non signataires.

Déjà, depuis le 02 novembre, le processus de recrutement d’un premier contingent de 4000 hommes a été lancé. Ce qui a nécessité la mobilisation d’une quinzaine de milliards (8milliards de la part de la Banque mondiale et 5 milliards du gouvernement). C’est après le lancement de celui-ci que le processus a montré ses premières failles, relevant essentiellement de la volonté mercantile des responsables des différents groupes armés, qui sont entrain de monnayer les postes à pourvoir aux plus offrants. Les notes sont bien salées. On annonce 800 000 FCFA à ceux qui veulent s’enrôler dans les rangs des Famas, 1200 000 pour les gardes et gendarmes et 3000 000 FCFA pour les douaniers. De ce fait, ils sont nombreux les pauvres parents des enfants chômeurs des régions du nord à s’accourir vers leurs siens de Bamako afin de trouver l’enveloppe nécessaire pour faire recruter leurs enfants. Vont-ils réussir ? Visiblement non, car selon de sources bien informées il ne reste plus que quelques places, d’où la montée des enchères par les dirigeants des groupes armés.

Cette situation met au goût du jour, les vraies raisons de l’affaiblissement de notre outil de défense durant ces dernières années, à savoir la magouille et les petits arrangements dans le recrutement des agents de force de défense et de sécurité. Un fait pourtant dénoncé et décrié par l’actuel ministre de la Défense et des Anciens Combattants, Tiena Coulibaly. Ou lui aussi a-t-il eu une place sur la table du repas souillé ?

Moustapha Diawara

 

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