Reconquête du Nord : La communauté internationale divisée autour du Mali

3 Déc 2012 - 04:00
3 Déc 2012 - 04:00
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Dans son rapport publié jeudi, le secrétaire général de l’ONU opte pour l’option dialogue avec les bandits armés au regard, dit-il, des conséquences d’une éventuelle intervention militaire dans le Nord. Pour le président en exercice de l’Union africaine, Yayi Boni, tout recul face à l’envoi d’une force internationale constitue une faiblesse et une prime aux voies de fait et au terrorisme. Entre-temps, les autorités maliennes jouent à l’expectative, et le peuple malien attend sept mois après un geste concret dans le projet de reconquête des régions du Nord.   [caption id="attachment_95889" align="alignleft" width="434"] Le Conseil de sécurité de l'ONU lors des consultations "préliminaires" sur la demande malienne d'intervention militaire dans le nord du pays, en octobre dernier[/caption] Alors que les observateurs retiennent leur souffle en attendant l’avis du Conseil de sécurité de l’ONU sur l’adoption du plan d’intervention militaire élaboré par les chefs d’Etat de la Cédéao, rien ne semble encore jouer quant à l’aide de la communauté internationale pour la reconquête des régions sous occupation. Comme un pavé dans la mare, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon vient rendre public son rapport sur la situation. Décevant pour certains, logique pour d’autres, le débat est loin d’être clos après la publication du fameux document, qui accorde une place de choix au dialogue avec les bandits armés. En clair, M. Ki-moon qui privilégie l’option politique que militaire, et pense que des discussions sont indispensables avec les groupes armés au regard des conséquences d’une intervention militaire au Nord. "Un rapport partial, ambigu et humiliant" La réaction ne s’est pas fait attendre au sein de l’Union africaine et de la Cédéao. Le président en exercice de l’organisation panafricaine, estime que "tout recul devant la nécessité d’envoyer en urgence la force internationale pour combattre le terrorisme au nord du Mali sera interprété comme l’expression d’une faiblesse et donc une prime aux voies de fait et au terrorisme". Une telle impression de faiblesse, renchérit Yayi Boni, ne sert pas la cause de la sécurité collective dans le monde et risque de créer un manque de confiance en l’instance de gouvernance internationale que représente l’ONU et particulièrement le Conseil de sécurité. Au Mali, si le gouvernement n’a pas officiellement réagi à la publication du fameux rapport de Ban Ki-moon, elle suscite colère et indignation chez l’écrasante majorité des Maliens. Pour le parti Care de Cheick Bougadary Traoré, il s’agit d’une humiliation qui accorde une prime au banditisme armé. Le FDR, lui, pense que "le rapport du secrétaire général de l’ONU est déséquilibré, partiel, partial, ambigu et contient des allégations non fondées, ne tenant pas compte des importants progrès accomplis pendant des décennies et qui sont aujourd’hui liquidés par les initiatives aventurières et irresponsables des dirigeants des rebellions de 2012". Le front anti-putsch, par la voix de son vice-président, Iba Ndiaye, s’étonne que Ban Ki-moon ait écrit que parmi les causes des crises que le Mali traverse, figurent des sentiments profonds de certaines communautés du Nord d’avoir été "marginalisées", "négligées" et "traitées de manière injuste". Il n’y a donc pas de doute qu’au cours de cette semaine le rapport Ban Ki-moon va soulever d’autres colère et indignation au sein de la classe politique et de la société civile. Au moment où les divisions au sein de la communauté internationale éclatent au grand jour autour du Mali, nos compatriotes continuent de subir la barbarie des bandits armés. Et la furie des maîtres des lieux s’est abattue jeudi sur trois hommes et trois femmes accusés d’entretenir "des relations  hors mariage". A Tombouctou, ils ont reçu chacun cent coups de fouet pour leur sanction. Impuissantes, les autorités maliennes de la transition n’ont d’autres choix que de constater cette violation des libertés fondamentales. Sept mois après, la léthargie manifestée par Dioncounda Traoré et son Premier ministre de "pleins pouvoirs", ne peut rassurer les Maliens sur aucune action concrète dans la concrétisation du projet de reconquête des territoires sous occupation. Malgré l’incessant ballet diplomatique entre Bamako et les capitales de plusieurs pays "amis", les lignes peinent à bouger. Ni même le voyage du président par intérim à Niamey au Niger, ne laisse présager une avancée concrète dans la résolution de la crise. Face à l’irresponsabilité d’une certaine communauté internationale, le peuple malien et son armée n’ont pas d’autre choix que de prendre leur destin en main. Personne ne viendra libérer le Mali à notre place. Et l’armée malienne doit le savoir. Issa Fakaba Sissoko  

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