Après l’offensive des groupes islamistes contre la ville de Konna, la communauté internationale, sous la conduite de la France, décide enfin de passer à la vitesse supérieure, dans sa lutte contre le terrorisme. Les grandes puissances, l’Onu et les pays africains se mobilisent pour la guerre totale.

Dans quelle durée et comment le monde sera-t-il en mesure de chasser les islamistes ? Personne ne peut répondre à cette question. Le Mali et la France ont sonné la mobilisation générale avec l’offensive sur la ville de Konna.
Après le vote de la résolution 2085 par le Conseil de sécurité de l’Onu, la
France ne voulait pas s’engager aussitôt dans cette intervention africaine. Mais, la situation s’est brutalement détériorée avec l’offensive des terroristes sur la ville de Konna. Obligeant l’état-major à bousculer ses plans pour bloquer la progression de la coalition des mouvements islamistes.
Pourquoi agir maintenant ?
Depuis plusieurs jours, les groupes radicaux dont Aqmi «
la branche d’Al-Qaïda au Sahel», le mouvement Ansar Dine, qui milite pour l’instauration stricte de la charia et le Mujao, sont passés à l’offensive. Alors qu’ils occupent déjà le nord du pays et les villes de Gao, Kidal et Tombouctou, les islamistes ont attaqué la localité de Konna dans la région de Mopti sur la ligne de démarcation, avec pour objectif de prendre ensuite Mopti, dernier verrou avant Bamako. Pas question pour Hollande de laisser faire, d’autant qu’environ 6 000 ressortissants français vivent encore dans le pays. «
Nous nous attendions à ce qu’un jour les katibas islamistes passent à l’action. On savait qu’ils étaient mobiles », assure-t-on au ministère de la Défense. Mesurant la porte de cette menace, Hollande a pris sa responsabilité pour engager l’armée française. «
Le Mali fait face à une agression d’éléments terroristes, venant du Nord, dont le monde entier sait désormais la brutalité et le fanatisme. Il y va donc, aujourd’hui, de l’existence même de cet Etat ami, le Mali, de la sécurité de sa population, et celle également de nos ressortissants»
De quelles forces disposent les rebelles ?
La
France a décidé d’attaquer les groupes islamistes après avoir observé, grâce à une surveillance aérienne pointue, des regroupements massifs de troupes: environ 200 véhicules, de style pick-up, bourrés de combattants, soit près de 2 000 islamistes très déterminés. Selon les services de renseignements français, plusieurs chefs d’Aqmi se trouvaient dans cette zone, ainsi qu’Iyad Ag Ghaly, le leader d’Ansar Dine. Une information confirmée par le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian. «
Ce qui me frappe le plus, c’est le fait qu’Ag Ghaly ait réussi à coordonner tous ces groupes éclatés, avec une vraie stratégie, et à organiser la bataille sous l’autorité d’un seul chef », confie le ministre de la Défense. Aqmi possède des moyens antiaériens et des formateurs pour apprendre aux combattants à s’en servir. Des armes récupérées en Libye dans l’arsenal de Kadhafi. Sur le plan logistique, les insurgés font le plein de leurs véhicules en Algérie, de l’autre côté de la frontière.
La France se bat-elle seule au Mali ?
Après la prise de Konna, la France a d’abord épaulé l’armée malienne lors de la bataille de Konna. «
Il suffisait alors de pas grand-chose pour que le pays sombre dans le chaos total », souligne-t-on au ministère de la Défense. Hier soir, la France ne souhaitait pas communiquer avec précision sur le dispositif utilisé dans les premières heures de l’intervention militaire. Mais selon nos informations, outre des frappes aériennes, des hélicoptères de combat sont entrés en action aux côtés d’un contingent de forces spéciales. En dehors de ces soldats d’élite, il n’y a pas eu de déploiement de troupes au sol. La France a renforcé son action en multipliant les frappes. Depuis plusieurs mois, des forces spéciales, notamment des commandos de marines et de paras, opèrent dans la zone pour des missions de renseignement et de localisation des otages. Cette stratégie de la France a été accompagnée des avions de combat postés à N’Djamena, au Tchad et au Burkina-Faso.
La France attend le soutien militaire des pays africains de la Cédéao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest). Mais aussi celle des 250 instructeurs européens (dont des Allemands) qui doivent regrouper et entraîner les unités de l’armée malienne stationnées à Bamako. La Grande-Bretagne et les USA ont confirmé leur soutien logistique à la France. Le Sénégal, le Nigéria, le Burkina-Faso et le Niger ont envoyé des troupes dans le cadre de la Misma. Une équipé technique de l'armée de l'air du Nigéria et le futur commandant de la force africaine engagée dans l'offensive pour déloger les islamistes sont à Bamako pour planifier une stratégie de déploiement des troupes.
Nouhoum DICKO