Malgré la multiplication des GIE et les renforts publicitaires autour du programme « Bamako ville propre », notre capitale peine à retrouver son visage de propreté d’antan. L’incivisme et le laxisme des autorités sont les vraies raisons de cette réalité. Tout le monde étant en attente d’une aide extérieure !
Rues boueuses, caniveaux bouchés, bref un cadre de vie inconfortable, telle est la caractéristique de notre capitale en cette période de plein hivernage. Une couleuvre difficile à avaler d’autant plus qu’il s’agit d’un processus d’autogestion de l’environnement politique, économique et social auquel l’on s’est engagé. Toutes choses qui engagent le débat sur la question de la réalité d’une gestion décentralisée dans ce pays. En tout cas, la capitale, qui apparaît comme la locomotive, a encore à donner plus de leçons aux autres localités. En effet, la problématique de l’assainissement ne semble pas être une préoccupation des autorités communales malgré les cas d’éveil de conscience qui se signalent de plus en plus.
En dépit du renfort publicitaire qui se fait autour de l’assainissement de la ville de Bamako, les autorités communales ont du mal à maintenir le cap sur les activités entreprises. Si l’on note avec satisfaction l’enlèvement des ordures dans les dépôts de transit, tel n’est pas le cas à l’intérieur des quartiers où l’on assiste très souvent à de véritables anarchies avec des dépôts officieux. En plus de ce constat, s’ajoute l’impraticabilité de plusieurs rues en raison du ruissellement des eaux sales au plein cœur des rues.
La pauvreté ne peut en être la seule une explication au problème. En effet, les responsables municipaux qui sont les premiers interpellés face à cette situation restent plus discrets sur la question. Aucun maire ne s’étant illustré par sa capacité de sensibilisation ou de dissuasion pour mettre un terme à la situation d’insalubrité grandissante. Cependant, dès qu’il s’est agit d’une question de perception d’impôt, de taxe ou d’une affaire de viabilisation d’un quartier, les arguments et les moyens n’ont jamais manqué pour s’exécuter. Mais l’explication semble être simple : les conseillers municipaux ont très vite compris qu’il s’agit d’un terrain très glissant pour leur popularité et s’abstiennent de tenir des discours dans leurs bureaux climatisés laissant la place à la confusion. L’assainissement de la capitale apparaît pourtant de plus en plus comme une nécessité pour offrir aux citoyens un cadre de vie plus agréable.
La capitale, contre toute attente, regorge encore en son sein et surtout sur des lieux les plus fréquentés de gros tas d’ordures. Sans compter l’insalubrité des rues des quartiers et le retard dans le curage de caniveaux de drainage des eaux en prévision des inondations pendant la saison des pluies. Il est encore incompréhensible, dans l’entendement humain, que les caniveaux sont encore en curage dans la capitale en ce fin août, période reconnue pour sa grande pluviométrie dans notre pays. Heureusement pour les citadins mais au grand malheur des paysans que les pluies n’ont pas été au rendez-vous cette année pour faire des sinistrés.
Bamako attend-elle se faire laver par les partenaires étrangers et les bailleurs de fonds ? En tout cas, les plans et programmes élaborés pour la circonstance ne font aucune place à la capacité de mobilisation interne. Après plus de 40 années d’indépendance et plus de dix ans d’expérience en matière de décentralisation, certains problèmes doivent avoir leurs solutions dans la capacité de mobilisation citoyenne. Et c’est aux autorités communales de veiller en toute conscience à cela.
Par Sidi DAO