Paix et réconciliation nationale : Le projet de Charte ficelé !
Après un an d’intenses travaux, la Commission de rédaction du projet de Charte nationale pour la paix et la réconciliation nationale, s’apprête à remettre demain, mardi 22 juillet 2025, le document final au Président de la transition, Général d’armée, Assimi Goïta.

Auparavant, des journées de restitution aux forces vives de la Nation et aux délégués de la diaspora ont débuté, hier, dimanche au Cicb, sous la présidence du Premier ministre, Général de division, Abdoulaye Maïga, en présence des membres du gouvernement. Cet évènement solennel, marque un engagement fort des autorités de la transition pour l'édification d'une paix durable dans notre pays.
Cette initiative du Président de la transition, caractérisée par sa souveraineté et son inclusivité, a été menée par une commission de rédaction composée d’experts nationaux et dirigée par l'ancien Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga. La Charte, désormais présentée, est l'aboutissement de vastes consultations nationales impliquant tous les segments de la société malienne. Elle propose une refondation républicaine basée sur des mécanismes traditionnels de médiation, une justice transitionnelle et une cohésion nationale renforcée.
Composée de 105 articles répartis en 16 titres et 39 chapitres, cette Charte ambitieuse vise à restaurer la confiance entre l'État et ses citoyens. Elle exprime clairement la volonté du Mali de transcender toute ingérence extérieure et de donner aux Maliens les moyens de forger leur propre avenir.
Voix maliennes : espoirs et attentes
La véritable mesure de cette Charte réside dans les voix de ceux qu'elle doit servir. À Mopti, Adama Coulibaly, déplacé depuis 2021, partage son attente : "On nous a oubliés pendant des années. Cette charte doit reconnaître nos souffrances et nous permettre de revenir chez nous avec dignité". À Ségou, Aminata Diallo, membre d'un collectif de femmes veuves, insiste sur l'urgence de réparations concrètes : "Ce ne sont pas des promesses que nous voulons. Ce sont des actes. Beaucoup de femmes portent seules le poids des guerres qu'elles n'ont pas voulues". À Bamako, Ibrahim Maïga, jeune enseignant, souligne l'impératif de la mise en œuvre : "Nous avons enfin un texte malien, pensé par les Maliens. Mais il faut qu'il soit appliqué. Sans cela, ce sera juste un livre de plus sur les étagères". Ces témoignages soulignent une attente commune : celle d'une mise en œuvre concrète, simple et accessible du texte.
La réconciliation : un tournant pour le Mali
Marquant une rupture nette avec l'Accord d'Alger et capitalisant sur l'expérience des Assises nationales de la refondation, le Mali entend bâtir une paix durable sur ses propres fondations culturelles et sociales. De nombreux observateurs s'accordent à dire que ce projet de Charte incarne une nouvelle étape cruciale vers une gouvernance enracinée dans la réalité malienne.
La cérémonie au CICB, avec la forte présence de la crème de la société malienne, y compris d'éminents intellectuels qui ont participé à la rédaction de la Charte, symbolise l'aboutissement d'un processus national ambitieux où le concept de "réconciliation" se transforme enfin en un engagement tangible, porté par et pour ses citoyens. Ce tournant ouvre la voie à une écoute authentique des voix souvent marginalisées — femmes, personnes déplacées, jeunes, diaspora — qui expriment de multiples attentes : vérité sur les conflits passés, équité judiciaire, reconnaissance des victimes et soutien aux zones rurales.
Après les Assises de la refondation et le Dialogue inter-Maliens, cette Charte est appelée à devenir un socle républicain sans précédent. Dans un contexte de réalignement politique et sécuritaire, elle affirme une volonté déterminée de s'affranchir des tutelles extérieures et de renforcer les dynamiques internes de pacification.
Khaly-Moustapha LEYE
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