La diaspora malienne s'affirme au CICB : Un forum stratégique de développement
Le Mali vient d’ouvrir un nouveau chapitre de son histoire migratoire, porteur d’une ambition claire et résolue.

Du 17 au 19 juillet 2025, Bamako a accueilli la première édition du Forum International de la Diaspora (FID), une initiative placée sous la haute présidence du Général d’Armée Assimi Goïta. Organisé par le Ministère des Maliens établis à l’Extérieur et de l’Intégration Africaine, ce forum ne fut pas un simple rassemblement symbolique : il incarne une volonté politique forte de reconnecter le Mali à sa diaspora mondiale et de transformer ce lien en levier stratégique de développement durable.
Avec plus de 6 millions de Maliens vivant à l’étranger et des transferts financiers estimés à 700 milliards FCFA en 2023, la diaspora représente une puissance économique, sociale et culturelle considérable, trop souvent sous-estimée. Le FID 2025 s’inscrit dans une dynamique de refondation nationale, où chaque Malien, où qu’il soit, est appelé à contribuer activement à la construction du Mali Kura — le Mali nouveau.
L’ambition du forum est limpide : transformer cette ressource humaine et financière en acteur central du développement. Il vise à fédérer les Maliens de l’extérieur autour des priorités nationales, à faciliter leurs investissements productifs grâce à des mesures incitatives concrètes, à encourager le transfert de compétences dans les secteurs stratégiques, et à renforcer la gouvernance migratoire ainsi que la participation politique de cette communauté essentielle.
Des discours engagés pour une mobilisation collective
La cérémonie d’ouverture a été marquée par des interventions fortes. Le Premier ministre, Général de Division Abdoulaye Maïga, a lancé un appel vibrant à l’action : «L’heure n’est plus au constat. Elle est à l’action. Le Mali a besoin de tous ses enfants, où qu’ils soient dans le monde». Il a salué les efforts constants de la diaspora, tout en insistant sur la nécessité de transcender l’attachement affectif pour un engagement économique et citoyen structuré.
Le Ministre Mossa Ag Attaher, initiateur du forum, a présenté les outils mis en place pour concrétiser cette mobilisation : un Guichet unique au sein de l’API-Mali, des mesures fiscales incitatives, et une Stratégie d’Investissement Productif dédiée à la diaspora. Il a souligné l’importance de créer un cadre de dialogue pérenne et structuré entre l’État et ses ressortissants à l’étranger.
Le président du Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur, Habib Sylla, a promis une mobilisation massive des communautés maliennes à travers le monde. Il a salué l’inscription de la représentation parlementaire de la diaspora dans la nouvelle Constitution, y voyant un signal fort de reconnaissance institutionnelle et de leur place légitime au cœur de la gouvernance nationale.
Le FID 2025 a proposé un programme riche et interactif : conférences plénières, panels thématiques sur l’investissement, l’innovation, la citoyenneté active et l’image du Mali à l’international. Des sessions de networking et des rencontres B2B ont permis aux participants de nouer des contacts et de découvrir des projets concrets portés par des Maliens de l’extérieur. Le Village de la Diaspora a mis en lumière de nombreuses succès stories, illustrant la capacité d’innovation et d’investissement de cette communauté. La présence active des partenaires techniques et financiers, ainsi que des représentants du secteur privé, a témoigné d’une volonté collective de soutenir les initiatives issues du forum.
Le FID 2025 dépasse le cadre d’un événement ponctuel. Il ouvre la voie à une gouvernance migratoire nouvelle, fondée sur la transparence, la co-construction et la valorisation des compétences. Il s’agit de dépasser le rôle traditionnel de la diaspora comme simple pourvoyeuse de fonds, pour en faire un acteur stratégique du développement, pleinement intégré aux politiques publiques nationales.
En lançant ce forum, le Mali affirme sa volonté de reconnaître, structurer et mobiliser sa diaspora dans une logique de souveraineté partagée et de prospérité collective. Si cette démarche est menée à bien, elle pourrait non seulement renforcer l’unité nationale et le développement économique, mais aussi positionner le Mali comme un pionnier en matière de valorisation des diasporas africaines sur la scène géopolitique.
Ce FID est une première pierre. Son succès dépendra de la capacité du gouvernement à traduire les intentions en actions durables, transformant les Maliens de l’extérieur en véritables artisans du destin de leur nation.
Khaly-Moustapha LEYE
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