Chronique du vendredi : Le pays que nous avons le devoir de bâtir

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Zéro accident ? C’est possible aujourd’hui. Parce que demain est un jour pour vivre et pas pour mourir. Parce que c’est possible que chacun, à notre niveau, nous parlions à nos enfants afin d’attirer leur attention sur ce qui est le plus important : ne pas mourir le dernier jour de l’an mais respirer l’air du premier mais être prudent pour voir le nouvel an. Parce que c’est possible que même les adultes heureux de pouvoir célébrer les premières heures du nouvel an soient sobres et ne conduisent pas en état d’ébriété.

Parce que le gouvernement l’a fait l’an dernier, mettant un cordon de sécurité dissuasif qui a permis le nombre d’accidents le plus bas depuis plusieurs années, selon les témoignages des hôpitaux publiés à l’époque dans nos colonnes. Et enfin parce que le président de la République, demain comme les autres années, à la même heure parlera aux enfants, à nos enfants en leur disant qu’il est parfaitement possible de s’amuser et de vivre. Il mérite nos félicitations pour cette initiative ainsi que pour ses efforts contre l’insécurité routière. La tâche est ardue, la route étant devenue le front d’une rébellion diffuse nourrie par la faillite – non déclarée -de la famille, les faiblesses de gouvernance et la non-exhaustivité des actions entreprises à ce jour. 

Tant que la famille ne redevient pas la première cellule de gouvernance, la forge première d’une citoyenneté qui se fabrique, se modélise et se vend comme un produit, l’incivisme sera notre lot et la route sa mortelle vitrine. Des hécatombes qu’un rien peut éviter, mais au-delà, l’érosion progressive de la convivialité qui caractérise encore mais de moins en moins, la chanceuse nation de cousins que nous sommes.

Et surtout, en tant que pays, l’impossibilité de remporter des victoires durables dans un environnement de concurrences acharnées. L’école que nous acceptons tous de considérer comme l’un des nos plus grands défis est, dans une large mesure, la victime plutôt que le vecteur de cet incivisme. La corruption aussi, car avant d’être la main qui pique dans la caisse, ce fléau signifie d’abord la faillite de la morale publique. Il reste, c’est vrai, que la gouvernance publique, forte d’une juste lecture des enjeux et se donnant les moyens de faire respecter la loi, peut influencer la famille et la tirer vers le haut.

Mais ces moyens, c’est beaucoup moins les grenades lacrymogènes éclatées sur les foules que la crédibilité des garants de la puissance publique. L’autorité donc de l’Etat par l’exemplarité de ceux qui l’incarnent. Mars 1991 dont l’esprit doit résister au temps fut l’expression ensanglantée de cette éthique de gouvernance. Qui est le choix de la profondeur, pas du futile. Le choix du dialogue responsable, pas des vérités dissimulées.

 Le choix enfin du remède et pas du placebo. Nous ne devons jamais l’oublier et ce soir où nous entamerons la cinquante et unième année de notre existence en tant que nation, nous devrions renouveler, seuls avec nos consciences, nos résolutions individuelle et collective à faire du Mali l’un des rares îlots de démocratie irréversible et de gouvernance gagnante.

 Etre donc dans le sens de l’histoire dans un continent piteusement porté par les courants adverses. Si nous en faisons le pari sincère, nous le réussirons, car ce pays, a chaque fois, montré qu’il a la baraka. En attendant, bonne année à vous tous et à vous toutes. Bonne santé surtout car c’est le bien le plus précieux. Puissent nos malades guérir et nos cœurs s’ouvrir davantage les uns aux autres. Et rappelez-vous, zéro accident ce soir est un objectif réalisable.                                                              

 Adam Thiam

 

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