Y a-t-il y une meilleure façon de vivre la fraternité ? Ce mois de mars 2025 devrait, selon la foi en Dieu, apporter beaucoup de grâces, vu le nombre de fidèles des confessions musulmanes et chrétiennes qui vont vivre un même temps de jeûne, de partage et de dévotion. Dieu regarde avant toute chose le cœur de celui qui se soumet à lui et lui reste fidèle.
Le mot Ramadan, temps de prières et de privations pour les musulmans car les fidèles s’abstiennent, entre autres, de manger, de boire, de fumer et d’avoir des relations sexuelles, du lever du soleil à son coucher provient de la racine arabe “ar-ramad”, qui signifie “chaleur accablante”. En l’an 610, l’ange Gabriel serait apparu dans la grotte de Hira au prophète Muhammad – PSL et lui aurait révélé le Coran, le livre sacré islamique. Cette révélation, Laylat Al Qadar – ou la “Nuit du Destin” – aurait eu lieu pendant le Ramadan.
Le mot Carême qui est employé par la communauté chrétienne pour désigner le temps de privation en appliquant les 3 piliers : prier, jeûner et partager ; dérive du terme latin “quadragesima”, qui signifie “quarantième”. Cette période dure quarante jours, hors dimanches. Le nombre quarante symbolise les années passées par les Hébreux dans le désert du Sinaï après avoir quitté l’Égypte, sous domination de pharaon, vers l’an 1300 av J.-C, et avant d’atteindre la terre promise.
Tant de prières qui vont monter pour rendre grâce, demander pardon, demander les faveurs… ne devraient pas faire de mal. Ces deux temps forts, le ramadan et le carême imbriqués vont certainement en plus de renforcer la foi, la fraternité, faire réfléchir à ce que l’humanité traverse et peut être touchée encore la corde sensible de l’amour de l’autre. Cela se vivra certainement à travers les partages de repas aux démunis, ruptures collectives de jeûne, visites aux familles et des proches, prières les uns pour les autres…
Il est aussi important d’aborder les dérives financières liées à ces temps qui devraient être des temps de pauvreté et de chasteté. Les crédits contractés pour les dépenses, les spéculations et hausses des prix des denrées bien que les prix soient réglementés, les tables superbement garnies de mets fins et abondants, les budgets généreux pour les fêtes à la fin de la période sont devenus contagieux, une dépendance…
L’essence même de ces temps se perd, accentué par le gaspillage à outrance, la baisse de productivité, le retard et l’absentéisme au travail, les prix déguisés sous le terme “solde” qui ne sont pas plus bas que la normale, l’humeur instable des personnes, et quand approche l’heure d’aller manger, les comportements désagréables dans la circulation, toutes ces injures, et mots déplacés n’ont-ils pas détruit l’effort de sanctification fait la journée ?
C’est chaque année que nous vivrons ces temps jusqu’au jour de notre départ que nous ne connaissons pas ! Autant la vivre le plus sainement possible afin d’être digne de recevoir les grâces que nous espérons et de la rendre facile pour tous, avec humilité, considération, tolérance, en partageant avec le voisin, le passant, le mendiant, en famille, au bureau…
Parce que c’est notre Mali.
Muriel Jules