Bittar rattrapé par ses casseroles

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Le patron de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Mali (CCIM) et non moins président du Conseil Economique Social et Culturel, ne dort que d’un œil. Les causes de son insomnie sont connues : le juge anti-corruption vient de dépoussiérer un rapport qui l’accable.

 

 En effet, le rapport 2010 de la Cellule d’Appui aux Structures de Contrôle de l’Administration (CASCA) épingle l’enfant de San par rapport à sa gestion de la CCIM de 2007 à 2009. Ce rapport l’accuse de malversation financière, de détournement de fonds à la chambre de commerce et d’industrie du Mali. Mais aussi et surtout, de mauvaise gestion. Bref, sa  gestion a engendré, selon la CASCA, un manque à gagner pour le trésor public de plusieurs dizaines de millions de nos francs. Il ressort que Jeamille Bittar, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a confondu la chambre de commerce à ses affaires personnelles. Tout y est géré en violation des principes de la comptabilité.

 

Il ressort du rapport de la CASCA, que  de 2007 à 2009, la gestion de la Chambre de Commerce a été marquée  par  l’inexistence de manuel de procédures administratives, comptable et financière, le non enregistrement des dépenses avant leur paiement, le mauvais archivage des documents,  la non comptabilisation des recettes générées par la vente des imprimés commerciaux et des services foires et parcs d’exposition de Bamako.

Il  est  reproché  au président de la CCIM d’avoir acheté, à coups de plusieurs certaines de millions de nos francs, des immeubles à Mopti et à Kidal, sans titre de propriété et sans pièces justificatives pour un montant de 292 044 000 CFA. Sans compter  le versement de la TVA pour un montant de 66 017 000CFA, la non justification par les délégations régionales de leurs crédits de fonctionnement, soit 487 080 000 CFA, l’octroi de frais de représentation sans base juridique au président de la CCIM, aux presidents des délégations régionales et aux membres du bureau consulaire pour un montant total de 143 000 000 CFA par an, des dépenses sans pièces justificatives  d’un montant de 121 019 000 CFA, des livraisons fictives d’imprimées pour un montant de 4 590 000 CFA.

 

S’y ajoutent la  non justification des frais de mission pour un montant de 89 243 030 CFA, l’octroi d’indemnités de téléphone sans base juridique à certains membres pour un montant de 37 849 577 CFA de 2008 à 2009 ,  le non versement de l’impôt sur le revenu foncier pour un montant de 732 000 CFA, etc.

Face à ces accusations, Jeamille Bittar reste serein. « Je n’ai jamais bouffé un seul centime de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Mali », repond- t-il, à ces détracteurs.

 

Mais il a fallu attendre  la semaine dernière pour qu’il soit inquiété. En une semaine, Bittar a fait deux tours au pôle économique pour rendre compte au juge anti-corruption. Sa première comparution concerne la gestion de la CCIM. La seconde, qui a eu lieu vendredi dernier, était relative à un autre dossier troublant : contrat de fournitures scolaires au ministère de l’Education de l’Alphabétisation et des Langues Nationales portant sur une centaine de millions. Ces deux convocations du Premier vice- président du PDES suscitent, ces derniers jours, des débats. Ses proches  pensent qu’il s’agit d’un règlement de compte. Une approche qui n’est pas à écarter surtout pour ceux qui sont au parfum de l’actualité politique au Mali. En effet, Bittar qui a toujours des « ambitions  présidentielles» a failli mettre le feu au «parti présidentiel» : le PDES. Après avoir créé des mouvements, tenu des meetings, Bittar fini par annoncer, officieusement, qu’il est candidat à la présidentielle. Il n’en   fallait pas plus pour qu’il soit remis à sa place.

Considéré comme l’un des  « protégés » du président de la République, M. Bittar, par ses agissements, aurait commis un crime de «lèse-majesté» en voulant imposer sa volonté aux « ATTistes », dont il est le premier vice-président. La thèse des pro- Bittar, selon laquelle, il s’agit d’un règlement de compte, semble être édifiant quand on sait que ce parti (PDES) regorge de « bouffecrates ». Certains  n’ont –ils pas investi, en une seule journée, 11 millions CFA  dans le thé, sans être inquiété ? Ils n’en souffriront pas, tant qu’ils feront l’affaire du «Roi ».

Reste à savoir si ces deux interpellations de  Bittar au Pôle Economique et Financier suffiront à le réduire au silence. 

Aboubacar Berthé   

 

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