Ministère de la culture :rnLe DAF refait miraculeusement surface après sa suspension

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Suspendu par l’ancien ministre de la culture, puis épinglé par le Vérificateur général dans son dernier rapport pour des malversations autour de la somme de près d’un milliard de francs CFA, l’indélicat Directeur administratif et financier du département de la Culture vient de reprendre du service au grand dam du juge anti-corruption qui doit exiger des explications, conformément à la mission qui lui a été assignée par le chef de l’Etat d’assainir les finances à tous les niveaux. Que lui reproche-t-on ? Pourquoi doit-il être relevé ? Retour sur un scandale financier.

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Grande stupéfaction ce 4 octobre 2007 au ministère de la Culture au lendemain de la formation de la nouvelle équipe gouvernementale conduite par M. Modibo Sidibé. En effet, le directeur administratif et financier, DAF, du département, M. Cheick Hamallah Haïdara, suspendu depuis le 14 février dernier par l’ancien ministre de la Culture, M. Cheick Oumar Sissoko, a bénéficié le 28 septembre dernier, soit quelques heures seulement après la démission du gouvernement Ousmane Issoufi Maïga, d’une levée de suspension sans autre forme de procès. L’homme, qui a visiblement ses entrées dans les hautes sphères du pouvoir, n’a pu être relevé par son ministre (malgré les fautes graves), à cause d’une forte pression au niveau de ses chefs hiérarchiques. Le ministre Cheick Oumar était donc obligé de se contenter d’une suspension.

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Des malversations financières autour d’importantes sommes, des appels d’offres douteux, des procédures d’émission des bons de commande en violation flagrante de toutes les dispositions règlementaires, des détournements spectaculaires sur des fonds destinés au fonctionnement et à la rénovation de certaines structures relevant du département, les griefs retenus contre le directeur administratif et financier sont nombreux et justifient à suffisance la colère de l’ancien ministre Cheick Oumar contre son responsable des finances.  « En septembre 2006, le DAF avait déjà consommé le budget du 4ème trimestre. Ceci est le témoignage éloquent de sa moralité douteuse dans la gestion des fonds » s’indigne une de nos sources, un des hauts responsables d’une des structures du ministère victimes du détournement. Ce responsable, qui n’a visiblement pas sa langue dans la poche, l’a clairement indiqué au nouveau ministre de la Culture au cours de ses visites de prises de contact avec les services relevant de son département. Au cours de la visite du ministre Mohamed El Moctar, l’homme a déclaré, à qui veut l’entendre, que le mauvais fonctionnement de son service et l’état vétuste des locaux et des matériels de travail étaient dus à « l’incompétence » du service financier du ministère dans le déblocage des fonds et l’attribution des marchés.

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Comme si cela ne suffisait pas, le dernier rapport du Vérificateur général est sans complaisance et vient conforter la position tranchée du ministre Cheick Oumar d’en découdre avec l’indélicat DAF. En effet, au nombre des griefs retenus contre lui par les services du Vérificateur, figurent entre autres, le « non respect de la procédure d’émission des bons de commande », « l’absence d’appel à concurrence pour des dépenses de fonctionnement pour un montant de 269 millions 875.596 francs CFA », « l’existence de fractionnement des achats courants et des prestations de services », le « non-respect du principe de la spécialité budgétaire », la « violation flagrante de l’article 38 du code des marchés en ce qui concerne la mise en place des commissions de dépouillement et de jugement des offres », etc. Bref, à en croire le rapport 2006 du Bureau du Vérificateur général, ce sont environ 928 millions 278.419 francs CFA qui sont partis en fumée. Un gâchis, un véritable scandale financier orchestré par le tout-puissant directeur administratif et financier du ministère de la Culture. En reprenant du service au même poste à la surprise générale, notamment du Vérificateur général, M. Cheick Hamallah Haïdara vient de confirmer la thèse qu’il bénéficie d’une forte protection. On imagine mal un tel scénario dans notre pays au moment où le président de la République fait de la lutte contre la corruption et la délinquance financière son cheval de bataille. En déclarant le 8 octobre dernier lors de sa première prise de contact avec le nouveau gouvernement qu’il sera « particulièrement exigeant sur la gestion des ressources publiques », le chef de l’Etat a donné le ton des poursuites judicaires contre « les voleurs de la République. » Le DAF Cheick Hamallah Haïdara échappera-t-il à cette croisade ? Difficile pour nous d’en dire plus.  Mais face au spectacle du gâchis financier dont il est l’auteur, selon le Végal, le juge anti-corruption doit sévir en lui exigeant des explications sur la gestion desdits fonds. C’est véritablement en cela qu’il aura accompli loyalement la mission que le chef de l’Etat lui a confiée d’assainir les finances du pays à tous les niveaux.

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Issa Fakaba SISSOKO

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