Le politique trinque, l’électorat se soûle

De mémoire d’électeur, jamais le taux de participation aux élections n’a frôlé 50% dans notre pays ! Mieux à chaque consultation électorale, ce taux va de mal en pis. Pire, il apparaît, aujourd’hui, comme le plus bas de la sous région ! ...

16 Août 2006 - 22:57
16 Août 2006 - 22:57
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De mémoire d’électeur, jamais le taux de participation aux élections n’a frôlé 50% dans notre pays ! Mieux à chaque consultation électorale, ce taux va de mal en pis. Pire, il apparaît, aujourd’hui, comme le plus bas de la sous région !

Il n’y a pas de fumée sans feu. Ni de feu sans fumigène. Mais au lieu de s’attaquer au mal, le politique continue de trinquer. Et l’électorat de se soûler.

L’analphabétisme de 80% de notre population constitue un sérieux handicap. Les conditions de participation du citoyen au vôte doivent être, assouplies. Et le fichier électoral apuré. Comme pour rendre les taux de participation erronés, le nombre des suffrages est le plus souvent gonflé... à dessein, pourrait-on dire. Et les agents administratifs, chargés de la gestion des urnes, sont loin d’adopter la neutralité requise. Plus grave, on fait vôter des morts, des électeurs en voyage, des mineurs, et… même des bébés ! Les élections sont devenues des aubaines pour s’enrichir. Et, la seule occasion pour soutirer de l’oseille aux candidats ! D’un côté, « l’électeur » qui exige l’argent ou les cadeaux comme condition sine qua non pour l’octroi de sa voix. De l’autre, le candidat qui se dit que seules ces faveurs peuvent ferrer le votant. Une vraie foire de dupes ! En plus de mentir aux électeurs, certains « politrichiens », se sentant défaits, crient d’avance au trucage et à la fraude, tout en incitant le citoyen à ne pas vôter. Soit, parce qu’ils n’ont pas les moyens de leurs actions, soit parce que, les partis politiques ne s’acquittent pas de leur rôle d’éducation, de formation et de sensibilisation de leurs électeurs. Beaucoup de leaders politiques ignorent même… le nombre exact de leurs militants, ou plutôt de leurs adhérents. Car le mot « militant » est mort, enterré par les vagues successives de désertions et de défections, plus alimentaires que politiques. Les partis manquent d’idéologie. Ils ressemblent, pour la plupart, à des GIE ou des cercles de famille et d’amis. D’où les contestations et les conflits qui surgissent lors des votes… avec les revers que l’on sait. Quoi de plus malsain que l’électeur vôte, en fonction de sa sympathie pour un candidat, ou de la couleur de son argent ? Et non en fonction du projet de société, que le candidat affiche peu ou prou ?...

De la politique à la politriche

Tout comme les choux ne doivent pas être confondus avec les carottes, la mobilisation des citoyens ne doit pas être assimilée à leur participation aux élections. Plutôt que de le mobiliser par des moyens peu catholiques, il vaudrait mieux inculquer au citoyen le sens du vôte. Et le goût de la chose politique. Encore faut-il, pour cela, trouver les moyens adéquats pour lui donner le goût des urnes. Encore faut-il cultiver, chez lui, la notion de militantisme, au lieu de brandir, l’argent - plutôt l’appât du gain - à chaque enjeu électoral. Encore faut-il réviser le code électoral, afin que le nomadisme politique et l’achat de « science » et de « con –science » soit, banni, voire puni. La réalité est que, sous nos cieux, l’offre politique ne répond pas à la demande des électeurs. Et certains politiciens sont plus apolitiques qu’ils ne le pensent : ils ignorent ce qu’est la politique. D’où la nécessité, pour eux, de l’apprendre, avant de prétendre l’exercer…. C’est que, pour la majorité de nos concitoyens, le paysage politique malien est dépourvu d’idéal politique. Et ce n’est pas pour rien qu’en général – et à Bamako en particulier – les intellectuels vôtent peu ou pas du tout, comparés au reste de la population. C’est qu’en plus d’être blasés, beaucoup de cadres craignent d’afficher leur préférence pour le candidat, qui n’est pas au pouvoir. Leur poste est en jeu. Leur civisme est donc lié à la disparition de cette épée de Damoclès, qui menace leur carrière. La moralité des politiciens, élus et candidats, l’intérêt et la considération pour le citoyen sont autant de nécessités pour l’engagement des masses dans le processus électoral.

  Le Viator

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