Estimés entre 25 et 35 sur les 80 membres du comité exécutif, les partisans du président de la République seront déterminants pour le choix du candidat du parti à l’élection présidentielle auquel doit s’adonner le samedi prochain,le comité exécutif de l’Adéma/PASJ. Dans cette course aux voix, Dioncounda Traoré serait pénalisé par ses partisans, comme Aly Nouhoun Diallo, Ousmane Sy ou El Madani Diallo, qui sont hostiles au président de la République, depuis quelques temps. Toutefois, on soutient que certains pro-ATT travailleraient plutôt pour la candidature de l’ancien Premier ministre, Modibo Sidibé.
Pour les observateurs avertis, les partisans du président de la République sont les plus nombreux au sein du comité exécutif de l’Adéma/PASJ. Même si certains d’entre eux ont échoué à faire reporter pour la 4e fois les primaires, ils sont sûrs d’être les faiseurs de roi. C’est pourquoi, leurs voix seront très recherchées. « Leur choix sera décisif pour départager les candidats. C’est pourquoi, d’ici samedi prochain qui verra le CE choisir un candidat, les pro-ATT seront assidument courtisés », nous expliquait hier un membre de la direction nationale du parti majoritaire. Et dans cette course-poursuite, le candidat Dioncounda Traoré souffre d’un handicap majeur, l’hostilité de ses principaux soutiens à l’actuel locataire du palais de Koulouba.
En effet, pour se refaire une place sur l’échiquier politique, les anciennes gloires des années 90-2000, comme Ousmane Sy, Ahmed El Madani Diallo, Mme Sy Kadiatou Sow, Moustaph Dicko et Aly Nouhoun Diallo ont renaquis des cendres de l’Adéma-association et l’ancienne gouverneur de Bamako a été choisie pour relancer cette actrice majeure de la révolution de mars 1991. Celle-ci, comme tous ses camarades, a choisi de s’opposer frontalement à ATT comme pour exister. Lors de différentes sorties, l’ancienne ministre des Affaires étrangères, Mme Sy Kadiatou Sow, s’attaque violemment au président de la République et critique régulièrement sa politique et ses méthodes. Précisément la façon par laquelle le chef de l’Etat désigne les représentants des partis au gouvernement. Elle a ainsi dénoncé les choix faits au détriment de ceux envisagés par les directions des formations politiques. « Certes, ce sont des militants des partis politiques, mais ce ne sont pas les individus désignés », fustige-t-elle, une manière de mettre en garde ATT contre l’exclusion de leur camp dans la formation du gouvernement.
Fort du soutien de la très grande majorité du parti de l’Abeille, le chef de l’Etat a totalement ignoré ses menaces et a choisi les hommes qu’il souhaite parmi les 26 C .V reçus. En effet, sur les cinq (5) représentants de l’Adéma/PASJ dans le nouveau gouvernement, quatre (4) sont hostiles à la carte Dioncounda Traoré qui a pourtant envoyé plus d’une vingtaine de CV dont la moitié pour ses proches. A l’exception de Tiémoko Sangaré, ministre de l’Environnement et de l’Assainissement, Harouna Cissé, nouveau ministre du Développement social et coordinateur de la campagne d’ATT en 2007, Yacouba Diallo, ancien PDG de l’ACI et grand financier du parti, Agatham Ag Alhassane et surtout Soumeylou Boubèye Maïga font partie du camp des pro-ATT. Avec leurs positions actuelles très confortables et surtout très décisives dans les joutes politiques à l’Adéma/PASJ, ils se défendront bec et ongles pour faire valoir leur choix qui ne serait peut être pas Dioncounda Traoré, déjà affaibli par l’hostilité qu’affiche à son égard, l’ancien président de la République Alpha Oumar Konaré.
Mme Sy Kadiatou Sow qui menaçait que son organisation ne sera pas d’accord avec ATT s’il tente de faire passer les réformes envisagées sans un débat de fond ainsi que Nouhoun Diallo, président de la Coordination du mouvement démocratique (Comode), qui dénonçait que « le consensus actuel a endormis un peu le peuple malien », sont obligés d’avaler de nouvelles couleuvres car ATT a réussi à constituer un nouveau consensus pour faire adopter la nouvelle Constitution. Seule consolation pour ces « has been », des emplois trouvés pour certains d’entre eux : Dioncounda Traoré vient de procéder à la nomination de Moustaph Dicko et d’Ousmane Sy, tous deux anciens ministres, dans son cabinet. Certainement, avec l’espoir qu’ils seront d’un apport décisif dans la perspective des primaires de l’Adéma. Connaissant leur degré de décrépitude politique, cet espoir risque d’être déçu car la majorité à l’Adema-PASJ est du côté d’ATT et ses partisans sont décidés à se faire entendre.
Abdoul Karim Maïga