Quand l'Adema sert la soupe à ATT : Une passivité qui fâche Une union Adema – Urd – Rpm en 2012 relève quasiment de la pure fantasmagorie.

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C’est triste mais c’est comme çà : l’Adema, la principale formation politique de notre pays, ne joue plus aucun rôle. Le président ATT élu au nom de cette "exception malienne" règne toujours sans partage. Il en résulte naturellement un dévoiement de la  démocratie, dont elle est coupable sinon complice. Incapable de s’opposer  et de convaincre l’opinion publique des manques, des contradictions (la naissance du Pdes et ses 7 ministres au gouvernement contre seulement 2 pour elle) ou même des dangers du pouvoir crépusculaire d’ATT.

En effet, cette démocratie pour laquelle des centaines de Maliens ont laissé leur vie dépérit, se dévitalise et se meurt. Pour la bonne raison qu’au sein de cette formation, et  depuis plus d’une décennie, ce sont toujours les mêmes têtes " couronnées ", les mêmes haines recuites, les mêmes ambitions personnelles, les mêmes guerres de positionnement. ATT et ses amis politiques n’en espéraient pas tant.

 A deux ans seulement de l’échéance  présidentielle, qui va sceller notre sort pour dix nouvelles années, la  bonne question n’est plus de savoir comment l’Adema va-t-elle puiser de nouvelles ressources pour affronter le dauphin d’ATT. Le très sobre Dioncounda pourra-t-il épargner au parti ce qu’Alpha, alors auréolé du puissant et prestigieux titre de président de la République, n’a pas pu réussir, c’est-à-dire éviter la tenue des primaires au sein du parti ? La suite est abondamment connue. C’est pourquoi une union Adema -Urd -Rpm derrière une candidature unique  relève quasiment de la pure fantasmagorie.

La création de l’Alliance pour la Démocratie et le Progrès ou Adp (cette grande  alliance politique qui porta triomphalement au pouvoir ATT pour un second mandat) a été surtout perçue-à juste raison d’ailleurs– par de sincères acteurs politiques, comme une démarche intellectuelle et politique très forte visant surtout à conforter les situations de rente déjà acquises sous le premier mandat. En réalité de nombreuses personnes pensent que les jeux étaient déjà faits et qu’il était presque impensable d’imaginer la défaite d’un président, qui a toujours su susciter au cours de son "candide" mandat des phénomènes de sympathie autour de sa personne.

La fascination pour l’argent le répugne

Malgré toutes les vicissitudes, les peaux de banane lancées sous ses pieds, cette personnalité très cultivée et  modeste, n’a jamais quitté les rangs de sa formation de base. Pour ceux qui ne savent pas,  Dioncounda Traoré—– c’est d’ailleurs en cela qu’il attire et qu’il mérite la sympathie et le respect—– n’appartient pas à l’univers  socioculturel des puissants. Il ne respecte pas leurs codes ; la fascination pour l’argent le répugne, même si tout le monde sait que le fric facile de la politique va de soi. Cet homme qui est aussi courtisé pour son savoir, sa science et son expertise dans divers domaines, continue de  séduire également de nombreux militants par son extrême humilité.

Le goût de l’esbroufe, du factice, de la légèreté n’étant guère à ses yeux des valeurs anoblissantes dans une société  en pleine refondation. Et c’est tout  cela qui donne, depuis quelques années, un sens profond à son combat politique né sous le hideux régime de Moussa Traoré.

Président du parti, depuis quelques années déjà, il a toujours su attendre son heure, avant d’assumer cette lourde et passionnante responsabilité à la tête du parlement. Tout cela ne fait pourtant pas de lui le candidat idéal du parti pour 2012 car si  la course à la succession d’ATT n’est pas encore ouverte, certains protagonistes pensent  qu’une nuit des longs couteaux n’est vraiment pas à exclure au sein du parti. Mais le principal défi auquel ce parti est confronté reste néanmoins la préservation de l’unité et la cohésion au sein de ses structures nationales. Même si de toute évidence,  le parti a très peu de soucis à se faire en ce domaine.

Dioncounda Traoré : s’éclipser pour Modibo Sidibé ?

 Le  triomphe  électoral tient surtout à une occupation intelligente et  permanente des arènes locales. Et comme chacun sait, cette fidélisation des militants sur le long terme a naturellement un coût financier que très peu de petites  formations peuvent  souscrire.  C’est pour cette raison que l’Adema, l’Urd, le Rpm et dans une moindre mesure  le Cnid – Faso Yiriwa ton (parti du soleil levant) dominent encore outrageusement l’échiquier politique. Comme vous le savez, ce manque criard et regrettable de moyens matériels et financiers signe de facto le "crépuscule" de plusieurs formations lilliputiennes, qui  prolifèrent -effet de mode oblige— sur l’échiquier politique.

"L’histoire ne se déroule jamais de façon linéaire, une rupture peut  arriver à chaque étape du processus ". Mais de là à croire qu’une cassure est imminente, il n’y a d’ailleurs qu’un pas que certains militants franchissent fort allègrement. Si l’hypothèse d’une candidature de Modibo Sidibé (l’héritier présomptif d’ATT ?) venait à être validée par l’Adema, celui-ci pourrait bien bénéficier du soutien massif de tous ces cadres obnubilés surtout par un juteux plan de carrière.

Seul problème : la réaction encore pleine de mystère de l’ex- président, Alpha Oumar Konaré, véritable   " mentor " et un de ses plus grands soutiens financiers.

Pour gagner une  élection présidentielle, il faut disposer d’un véritable  "trésor de guerre", que le parti n’est plus à  même de fournir en l’absence de  quelques généreux "mécènes". Mais si par pur réalisme ou esprit de consensus, Dioncounda Traoré pourrait bien s’éclipser pour Modibo Sidibé, son adoubement dans des conditions jugées ahurissantes pourrait immédiatement entraîner une vague de dissidences ou de désertions au profit de nouvelles chapelles.

Bacary Camara *Journaliste!

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