Faible participation au référendum constitutionnel : Comment gagner le combat pour la légitimité des élus ?

26 Juin 2023 - 09:44
26 Juin 2023 - 11:01
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Faible participation au référendum constitutionnel : Comment gagner le combat pour la légitimité des élus ?
Depuis longtemps, l’une des tares de la démocratie (balbutiante) du Mali demeure la très faible implication des populations dans les choix politiques opérés. Le référendum du 18 juin vient de confirmer cette donne, avec une participation assimilable à un…boycott. Comment se satisfaire de l’élection d’un président de la République par à peine 1 million d’électeurs, sur une population d’environ 15 millions d’âmes ? Ce président, élu dans de telles conditions, peut-il se sentir véritablement investi des hautes charges de l’Etat par son peuple ? Rien n’est moins sûr et c’est la question poignante à laquelle la démocratie malienne fait face à toutes ses échéances électorales. Au-delà d’être une question, c’est un déficit criard de la problématique de la légitimité, le substrat même du système démocratique. Car les élus se retrouvent dans ce système comme parachutés aux différents postes électifs. Très peu de citoyens ou électeurs se reconnaissent en ces dirigeants pourtant « élus » ! Et, lorsque le peuple n’a pas le sentiment d’avoir élu effectivement ses dirigeants, bonjour les révoltes et soulèvements de déstabilisation… C’est ce qui arrive souvent au Mali, bien singularisé dans la sous-région par sa propension à réclamer la démission de ses dirigeants, quelques mois ou années après leurs… « élections ». Cela ne fut-il pas le cas d’IBK, réélu en 2018 et rejeté en 2020?... Le référendum du 18 juin dernier n’a pas échappé à cette tradition de la faible participation aux scrutins. Quand l’Autorité indépendante de gestion des élections, la voix officielle fait état de 38 % de taux de participation, la mission indépendante d’observation des élections parle de 28%. Pendant ce temps, un regroupement politique contestataire du projet référendaire  parle de 27 % consacrant « la victoire écrasante du boycott » à cette consultation du peuple appelé aux urnes. Cette situation appelle à interroger les dirigeants surtout dans le processus actuel dit de la refondation de l’Etat. Car, un Etat n’est renforcé dans son existence que lorsque les citoyens se sentent véritablement concernés par les décisions politiques majeures à opérer. Car, comment comprendre que pour une nouvelle Constitution censée régir la vie d’environ 20 millions de Maliens, l’on peine à voir la moitié des 7 à 8 millions d’électeurs annoncés ? Il s’en suivra que les Maliens finiront par se comporter comme si la Loi fondamentale adoptée dans ces conditions ne les concerne pas. Alors la maxime juridique est bien connue : nul n’est censée ignorer la loi et, la Constitution est, dit-on, la mère des lois au sein de la République. Il urge que les plus hautes autorités de la Transition mette le paquet pour que le processus de réformes en cours se penche sérieusement sur cet aspect de la citoyenneté, afin d’aider au renforcement de la légitimité de nos institutions. Si ce n’est pas le cas, les prochains élus, dont le président de la République et les députés souffriront toujours d’un manque de légitimité. Ce qui pourrait leur jouer un sale tour et peser sur la stabilité politico-institutionnelle du pays. Boubou SIDIBE/maliweb.net

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