Les angoisses du malien : Analyses sociopolitiques d’Alou Badara

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Depuis des décennies, les Maliens vivent ensemble sans se soucier de leur appartenance ethnique ni tribale. Mais les politiques mises en place qui opèrent de la ségrégation entre les régions, les modes de choix des hommes qui gouvernent, la prééminence des noms sur d’autres au détriment de la compétence et du mérite, le délit de faciès, la corruption et ses métastases, les loges et les sectes qui prédéterminent qui est qui et qui sera quoi, sont de grosses entorses à notre idéal de vie commune.

Tout ce que Dieu a fait, a-t-on coutume de dire est bon. Aussi lui a-t-il plu de rassembler dans ce mignon triangle, plus de vingtaine d’ethnies et autant de langues. Le Seigneur nous a aussi dotés d’immenses richesses et potentialités qui auraient permis, si elles étaient exploitées à bon escient, un développement fulgurant de notre pays.

60 années après notre indépendance, nous avons cessé de stagner pour reculer. Là où d’autres pays moins lotis semblent faire des bonds, notre cher et beau pays est à l’agonie. D’où nous viendra le secours ? Le plus dramatique c’est que le discours politique apparaît totalement coupé de la triste réalité ambiante.

Quoi donc de plus normal : nos dirigeants ne se frottent point au peuple, n’en écoutent pas les complaintes, ignorent jusqu’à ses pleurs justifiés, voire les raillent. Les seuls croisements entre les uns et les autres ne se font plus que lors des meetings politiques, lieux de harangue et d’incantation à nuls autres pareils.

Résultat des courses, comme dans une équipe de football qui suffoque, le pays est coupé en deux: d’un côté ceux qui sentent son cœur battre au ralenti et de l’autre ceux qui vivent dans une bulle euphorisante, bercés par le pouvoir qu’ils exercent de façon abusive et ostentatoire.

Leur dernière trouvaille, pour tétaniser le peuple et l’endormir : “le vivre-ensemble”. Le vivre-ensemble ne se décrète pas. Il est une somme de valeurs partagées. Il se construit sur et à travers des décisions fondées sur l’équité et la justice. Le vivre-ensemble n’est point un slogan qu’on rabâche à longueur de journée sur les ondes de radios et de télés qui n’inspirent plus la confiance dans leur traitement de l’information.

Le vivre-ensemble c’est la mise en œuvre, au profit de populations dont on se fout de savoir si elles sont pour ou contre le parti régnant, de politiques consensuelles qui mettent le bien-être de l’homme et de tout citoyen à leur centre. Lorsqu’un concept(le vivre-ensemble) sort de son anonymat, il y a péril en la demeure.

Le navire Malien tangue, depuis des années, sur des eaux troubles. Le repli identitaire et le tribalisme, conjugués à la cécité et à la surdité politiques ambiantes, constituent autant d’icebergs qui pourraient faire chavirer et sombrer ce beau bâtiment. Chacun de nous devrait élever ses prières à l’Éternel pour qu’Il nous préserve de la catastrophe qui nous guette.

Badara ALOU

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3 COMMENTAIRES

  1. Tout ça se résume a un manque cruel d’un LEADER a la hauteur. Tout ce que tu décris comme problèmes socio-politiques…etc. qui va les solutionner? Le peuple en tant que tel…seul ne peut jamais s’en sortir sans un GUIDE. Les types des problèmes que le Mali fait face demandent un type des leaders qu’il n’a pas. Les maliens continuent de se leurrer que les choses se mettraient a en place de façon spontanée…ça ne va jamais arriver en 100 ans…des choses qui vont se mettre en place sont celles qui nous mettent sur une trajectoire d’auto- défaite…. la fin de notre pays en tant nation souveraine, unie, forte et indépendante. Une gestion politique classique (focalisée a priori sur la gestion du pouvoir, enrichissement, gratification et glorification personnel) sans idéologie ni conviction n’amènera un pays comme le notre nulle part, sauf a sa destruction.

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