MAMADOU SAMAKE, PRESIDENT DU STADE MALIEN DE BAMAKO: "On ne tire pas sur un dirigeant en fin de mandat"

Après le doublé remporté par son équipe lors de la saison 2005-2006, le président du Stade Malien, Mamadou Samaké, se dit satisfait des résultats atteints par rapport aux objectifs...

11 Sep 2006 - 12:10
11 Sep 2006 - 12:10
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Après le doublé remporté par son équipe lors de la saison 2005-2006, le président du Stade Malien, Mamadou Samaké, se dit satisfait des résultats atteints par rapport aux objectifs qu'il s'est fixé. Il évoque le départ de Abdoul Razack, le contrat avec Siemens et, enfin, la fin de son mandat qui fait beaucoup de remue-ménage actuellement. Interview.
La saison 2005-2006 a pris fin il y a peu et votre équipe a réalisé le doublé en remportant la Coupe et le championnat national. Quelle appréciation en faites-vous ?
 
Au début de la saison, nous avions trois objectifs. Nous étions déjà en course pour une qualification à Ligue des clubs champions, il fallait se battre pour décrocher la Coupe du Mali et être champion.
En Ligue des clubs champions, nous sommes restés en route, comme d'habitude, malgré un début de parcours assez prometteur. C'était une grande déception pour nous et, du coup, nous avons revu nos objectifs à la baisse.
 Il fallait maintenant gagner la Coupe du Mali ou le championnat pour prétendre sortir en coupe africaine, l'année prochaine. Vu sous cet angle et ayant gagné la Coupe du Mali et le championnat national, nous pouvons être satisfaits, même si tous nos objectifs n'ont pas été atteints.
 
Le Stade Malien, on le sait, est l'une des équipes les mieux loties dans le championnat malien. Cependant, l'équipe s'arrête toujours en cours de route quand elle dispute les compétions africaines. Qu'est-ce qui, selon vous, explique cela ?
 
Je ne crois pas cela soit particulier au Stade Malien de Bamako. Ceci dit, je pense que c'est une question d'état d'esprit. Souvent, on se fixe des objectifs, mais on ne se forge pas la mentalité pour les atteindre. Honnêtement, cette année, du côté des dirigeants, nous avons tout fait. Quand je dis tout fait, cela ne veut pas dire que faire ce que les gens veulent.
Je veux insinuer que nous avons mis les moyens nécessaires pour franchir le cap que nous nous étions proposé. Malheureusement, le cap n'a pas été franchi.
Cela s'explique, d'abord, par l'état d'esprit des joueurs qui, à un moment donné, manquent d'ambition et de concentration pour avancer. Il y a l'adversité interne et externe. Le Stade est un club très populaire, mais à l'intérieur, les pensées ne sont pas toujours unanimes.
Si le plus grand nombre d'adhérents peut souhaiter qu'on évolue dans la Champions League, vous avez toujours des gens qui sont d'un tout autre avis. Etre d'un autre avis n'est pas un mal en soi, car nous ne sommes plus dans une société dictatoriale. Etre donc d'un avis contraire n'est pas un problème, mais lutter contre un objectif positif est surprenant.
Cela dit, j'ai aussi insisté sur les moyens. On nous compare souvent à d'autres équipes de la sous-région. Nous n'avons pas les moyens financiers comme elles. Ces moyens vous permettent de bâtir une équipe et de la renforcer dans les compartiments où l'on est le plus faible.
Nous ne pouvons pas nous permettre ce luxe. De temps en temps, nous faisons venir des étrangers pour jouer ou pour diriger l'équipe. Nous renforçons l'équipe selon les moyens dont nous disposons.
 
Vous évoquiez les moyens. L'arrivée de Siemens comme sponsor n'a-t-il pas été pour le Stade une bouffée d'oxygène?
 
Oui…bon…son arrivée a apporté une bouffée d'oxygène. On peut le dire, mais si vous avez un peu suivi la chronologie des faits, Siemens est arrivée vers la mi ou fin février.
La Ligue avait déjà commencé. Je rappelle que nous avons signé le contrat avec Siemens un vendredi et le dimanche déjà, nous avons joué le premier match de la compétition. L'idéal est de préparer la saison.
Il s’agit de disposer des moyens avant le début de la saison qui permettent d'orienter les actions qui sont le recrutement d'un entraîneur et de joueurs. Quand j'évoque les moyens, je me réfère surtout à cela.
La présence de Siemens nous a surtout rassuré, parce qu’avec un sponsor de cette trame, il y a un bon soubassement pour bâtir quelque chose, mais ce n'est pas suffisant.
 
Le Stade continuera-t-il avec Siemens, la saison prochaine ? Ou envisage-t-on de chercher d'autres partenaires ?
 
Notre souhait est de pouvoir renouveler notre contrat avec Siemens. Ce souhait, nous l'avons exprimé aux dirigeants de la firme. Il est évident que ce renouvellement dépendait des résultats de la saison passée. Avec notre performance, je crois que nous nous sommes donné la chance de pouvoir discuter avec eux du renouvellement. Ils n'ont pas donné un accord, ni une certitude par rapport à cette sollicitation.
Cela se comprend dans la mesure où Siemens est un grand groupe et que la décision doit d'abord se discuter à un plus haut niveau. Nous sommes quand même optimistes quant à la continuation du partenariat. Un sponsor de cette taille, c'était une première expérience pour nous.
Nous allons nous baser sur les acquis pour mieux structurer la relation et renforcer la collaboration. Il n'est pas exclu que nous acceptions les propositions d'autres sponsors qui ne soient pas dans le même domaine que Siemens.
 
Il faut avoir les moyens pour recruter un bon entraîneur, avez-vous souligné. Abdoul Razack, qui était celui du Stade Malien la saison dernière, vous a-t-il coûté cher ?
 
…Razack nous a coûté cher. Oui, il nous a coûté cher. Il était à sa quatrième année. Je signale qu'on nous taxe souvent de ne pas avoir d'ambitions. Depuis sa prise de fonction, l'équipe dirigeante a toujours eu le souci de chercher un bon entraîneur, même quand il fallait partir à l'extérieur. Chaque année, nous avons pu amener un expatrié et nous nous sommes donné les moyens financiers pour le payer. Je ne vais pas entrer dans les détails, mais je ne vous cache rien: à part l'entraîneur national, Razack était l'entraîneur le mieux payé de la place.
 
Les rumeurs du départ de Razack couraient les rues de Bamako. Sont-elles maintenant fondées. Si oui, y a-t-il des contacts avec d'autres entraîneurs pour le remplacer ?
 
Avec Razack, nous avons l'habitude de signer des contrats d'une année. Après évaluation de son parcours, nous jugeons s'il est nécessaire de renouveler ou pas. Cette fois-ci, son contrat a pris fin et il est, d'ailleurs, parti au Ghana, le mercredi 30 août. Il va prendre quelques jours de vacances. Nous allons évaluer son parcours, comme il est de coutume chez nous, et nous allons nous lancer à la recherche d'un autre entraîneur. 
Nous sommes en pourparlers avec les gens et nous avons beaucoup de propositions qui nous sont parvenues. Nous allons les examiner et nous rapprocher de ceux qui nous intéressent.
En tout cas, notre objectif est de recruter un entraîneur qui puisse remplir les objectifs que nous nous assignerons. Qu'il soit sur le marché malien ou en dehors.
 
Des noms ciblés…
 
Ce n'est pas un secret. J'ai échangé avec Mohamed Magassouba qui est moins connu au Mali et qui est actuellement au Gabon. Il est intéressé de revenir au pays. Quand nous avons eu vent de cela, nous l'avons contacté. Nous avons déjà eu des échanges d'e-mails pour savoir si l’on peut trouver un terrain d'entente. Nous avons reçu le CV de Perrera dont l'équipe est deuxième du championnat ivoirien. Le Sénégal aussi a envoyé des propositions. Avec les membres du directoire, nous plancherons sur tout cela.
Ce sur quoi tous les dirigeants sont d'accord est qu'il faut chercher quelqu'un qui puisse d'abord s'adapter au milieu et amener l'équipe de l'avant.
 
Le mandat de Razack a pris fin et le votre tire vers sa fin. Envisagez-vous de vous représenter ?
 
Il faut avoir beaucoup d'humilité dans ce qu'on fait. Mon mandat prend fin parce que les textes du Stade Malien stipulent qu'un président est élu pour un mandat de trois ans. Je suis à mon deuxième mandat. Il faut le dire, cela semble susciter beaucoup de remue-ménage. Je demande aux gens d'être indulgents.
On ne tire pas sur un dirigeant qui est en fin de mandat. S'il y a des gens qui sont intéressés pour venir diriger le Stade, je crois que la place est largement libre. Je n'ai aucun problème de ce côté. Je l'ai souligné au cours de plusieurs assemblées générales.
S'il y avait quelqu'un qui nous inspirait confiance et qui pouvait amener le Stade Malien de l'avant, j'étais prêt à lui céder ma place. Ce qui compte le plus, c'est le Stade. Ce n'est pas le président du Stade.
On dit beaucoup de choses et on en raconte autant. J'ai entendu des interviews où l’on dit qu'on veut un président qui amène l'équipe à la Ligue des clubs champions. Je dis toujours que pour atteindre cet objectif, il faut se donner les moyens.
Le fait de le dire n'est pas un manque d'ambition. Au contraire, c'est voir les choses objectivement. Je ne sui pas le genre de président qui fait rêver les supporters. Il faut travailler et prouver que, par le travail, on peut arriver à un résultat.
Le président des supporters s'est exprimé sur une radio de la place. J'étais ébahi, car, honnêtement, l'échec du président Samaké est celui du président des supporters. Je suis surpris qu'on puisse personnaliser les choses jusqu'à ce point. Le président du club ne peut à lui seul faire progresser le club dans la Ligue. C'est l'ensemble des adhérents à ce club qui peut le faire.
Quand chacun a apporté sa contribution et qu'on n'est pas arrivé à construire ce qu'on voulait, je crois qu'il faut être malhonnête pour ne pas reconnaître que des efforts ont été déployés, malgré la défaite.
Pire, quand on a rien fait et qu'on se permette de jeter la pierre sur d'autres personnes, je trouve cela bizarre.
On me dit de quitter la présidence car nous n'avons pas avancé dans la Ligue. Je me demande si nous avions avancé, qu'est-ce qu'on m'aurait encore reproché. Je ne peux donc pas me prononcer sur ma nouvelle candidature pour ce poste.
 
Il y a certainement des choses que vous auriez aimé faire pendant vos deux mandats et que vous n'êtes pas parvenu à réaliser…
 
Les résultats sont ce qu'ils sont. Ce n'est pas un motif pour se taper la poitrine et dire qu'on a réussi. Je crois que le Stade a besoin de mieux s'organiser et de reposer sur des structures pour gagner dans la durée.
Si la vie d'un club devait reposer sur des hommes ou plutôt un groupe d'hommes, on n'aura rien réussi. Il faut travailler pour que, même si nous ne sommes plus là, ceux qui viendront trouvent quelque chose de solide. Je crois que je n'ai pas réussi à organiser les supporters. Je n'ai pas réussi à tirer le maximum de cette force qui est là. Les raisons sont multiples, mais je n'entrerai pas dans les détails.
 
Si, malgré tout, on vous élisait pour un troisième mandat, quelles seront vos priorités ?
 
Je l'ai dis et je le répète, diriger le Stade est un grand honneur. Il faut que les gens comprenne une chose : je ne suis pas demandeur. Ceux qui vivent et connaissent le Stade le savent. On parle de mandat, mais dans cette équipe, il ne s'agit pas de mandat. Je me sens en mission. C'est une mission qu'on m'a confiée.
Tant que j'irai voir ce qui me l'ont confiée et que je leur dirai que j'ai toujours l'énergie de travailler, il n'y aura pas de problème. Je suis là pour servir. S'il y avait un meilleur serviteur, nous nous mettrons à son service. Je déclare cela la main sur le cœur.
Je voudrais aussi souligner qu'on ne peut pas être président du Stade Malien étant dans l'ombre. Si l'on aspire à ce poste, il faut venir, il faut aller aux gens qui aiment ce club. Il faut solliciter leur suffrage. Au Stade, on ne peut pas venir de l'ombre pour être président. Ce n'est pas possible chez nous.
Nous venons de terminer la saison et nous sommes dans la période des transferts qui prend fin en fin septembre. S'il n'y a pas un nouveau bureau avant la fin de ce mois, nous n'allons pas nous asseoir et attendre. Nous continuons de travailler, même si nous sommes en fin de mandat.
 
Il y a quelques jours, Jean-François Jodar se plaignait du calendrier du championnat qui pénalisait les locaux qu'il désirait avoir dans son équipe. Quelle appréciation faites vous de cette remarque ?
 
C'est sûr que la programmation du championnat laisse à désirer. On apporte toujours des améliorations, mais il reste toujours des choses à régler.
Cependant, je ne suis pas tout à fait d'accord avec ce que l'entraîneur de l'équipe nationale pense. Il bâtit surtout son équipe sur les professionnels qui ont leur championnat tout comme les locaux le leur.
Nous ne jouons pas dans les mêmes conditions ni sous les mêmes horizons. Nous ne pouvons nous programmer que sous les conditions du Mali.
Nous ne pouvons pas prolonger notre saison pour lui venir au secours quand il veut piquer un joueur local. On peut essayer d'harmoniser le championnat avec les compétitions de la CAF ou de la FIFA. On peut créer des synergies pour cela, mais pas harmonier notre championnat à celui des expatriés. Ce genre de jugement ne mène nulle part.
Entretien realise par PAUL MBEN

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