Aperçu sur la naissance de l’armée Malienne

5

L’armée malienne a soufflé ses 56 bougies le 1er octobre 2016 ; cet anniversaire offre une occasion à saisir pour faire un bref retour sur la création de l’armée Malienne afin de mieux éclairer l’opinion  nationale, et particulièrement la nouvelle génération souvent en manque de repère pour tout ce qui touche la Grande Muette.

Un petit détour par les archives ou un simple retour sur la parution de l’essor numéro 15 du 19 janvier 2011, permet de donner suffisamment d’indications  sur l’histoire de la naissance de l’armée malienne.

Le premier chef d’Etat major des forces armées Maliennes est, il ne fait plus aucun doute feu colonel Sékou Traoré qui à l’époque des faits arborait le grade de capitaine et était l’un des quatre officiers Maliens les plus gradés du pays.

C’est par la décision numéro 12 TEB-GM du 31 août 1960 que l’Etat major de l’armée du Mali au Soudan fut placé sous le commandement du capitaine Sekou Traoré. Et c’est la même décision qui nommait  le capitaine Pinama Drabo commandant du bataillon malien en République Soudanaise.

L’équipe des officiers de l’Etat major était à l’époque composé du capitaine Tiémoko Konaté, des lieutenants Malick Diallo et Demba Diallo et du sous-lieutenant Boukary Sankaré.

Dans un discours  historique en date du premier Octobre 1960 marquant la date de la création de l’armée, son premier chef d’Etat major, en la personne du capitaine Sekou Traoré, s’adressait en ces termes à l’armée Malienne :

 

‘’Officiers, sous-officiers, caporaux et soldats de l’Armée du Mali ; la journée du 1er octobre 1960 fera date dans notre histoire car elle a vu la naissance de notre armée nationale. C’est avec une joie et une fierté bien légitimes que je vous adresse le salut fraternel de celui que le gouvernement a bien voulu désigner pour vous commander. Je mesure dans toute son ampleur le redoutable honneur qui m’échoit.

Le Peuple de la République du Mali et le gouvernement qui en est l’authentique émanation vous font confiance et sont convaincus que par votre tenue, votre discipline, votre dévouement exemplaire et votre sens élevé du devoir, vous serez les dignes héritiers de nos père, de nos anciens qui nous ont légué tant de traditions d’honneur, de loyauté, de fidélité et d’héroïsme.

Maintenant que vous avez une armée, une armée nationale, un drapeau et une patrie retrouvée à défendre contre les ennemis de l’intérieur et ceux de l’extérieur, vous saurez, j’en suis persuadé, utiliser pleinement votre bravoure légendaire.        La noble et exaltante mission qui vous incombe exige le don total de soi même allant jusqu’au sacrifice suprême. L’esprit d’abnégation qui vous caractérise tous et dont vous avez toujours fait preuve en d’autres circonstances et en d’autres lieux, vous  le manifesterez ici, sans défaillance pour que la République vive libre et prospère.

Officiers, sous-officiers, caporaux et soldats de l’armée du Mali, aujourd’hui plus qu’hier, ici plus qu’ailleurs, le peuple et le gouvernement de votre pays comptent sur vous, je suis convaincu que vous ne les décevrez pas quoi qu’il arrive. Je salue vos drapeaux et étendards”

 

Après cette clarification qui s’imposait et qui enlève toute équivoque au sujet de l’officier qui fut le premier chef d’Etat Major du Mali ; il convient de souligner  un oubli, et pas des moindres. En effet  il est  un peu surprenant de constater que sur toute l’étendue de la République du Mali aucun camp militaire, si modeste  soit- il, ne porte le nom de ce valeureux et illustre officier que fut le premier chef d’état major des forces armés du Mali.

Un début d’effort de reconnaissance et de devoir de mémoire à saluer à été entamé à l’égard de feu colonel Sekou Traoré en baptisant la 21eme promotion  de l’E M IA  de son nom. Mais il est temps et même grand temps d’envisager, qu’un jour qu’un grand camp militaire digne de ce nom puisse porter fièrement le nom de l’illustre disparu pour perpétrer sa mémoire.

Ce faisant la nation malienne et particulièrement l’armée malienne témoignera de la plus belle manière quelle sait être reconnaissante envers ses fils les plus valeureux.

En restant toujours dans le registre des mises au point et sans remise en cause de la sacralisation de la date du 20 janvier, celle-ci doit être définitivement retenue et enseignée, non plus comme la date de départ du dernier soldat français du territoire malien, mais plutôt comme l’annonce faite par les soins du président Modibo Keita lui-même à l’ensemble du corps diplomatique réuni :  « de la décision de voir la France évacuer les bases militaires de Kati de Gao et de Tessalit qu’elle occupait du fait des accords franco-maliens  signés à Paris le

22 juin 1960 entre elle et la Fédération  du Mali et qui deviennent caduques après les événements du 19 août 1960 et l’acte de la reconnaissance par la France du gouvernement du Sénégal qui consacre la dislocation de la Fédération du Mali » Extrait discours et interventions de Modibo Keita (source Mr Amadou Djikoroni.)

Pour ce qui concerne en réalité la date à célébrer marquant le départ du dernier soldat français, c’est plutôt le 5 Septembre 1961 qu’il faut en définitive  retenir.

En effet, ce jour béni le drapeau Malien vert or rouge claquait souverainement dans le ciel et remplaçait pour toujours le drapeau du colonisateur .Une page sombre de notre histoire venait de tourner.

Pour dissiper à jamais l’épaisse confusion dans laquelle baignent ces dates repères de  notre histoire récente, il est souhaitable que le 1er octobre 1960, date de création de notre armée nationale), et le 5 septembre (évacuation du territoire par la dernière troupe coloniale française) soient commémorés tous les ans.

Ces commémorations annuelles permettront aux citoyens et à la conscience populaire de s’en approprier aisément.

En outre, ces dates mériteraient de figurer dans les annales des grandes dates de notre histoire à enseigner utilement dans les programmes de nos établissements scolaires.

C’est seulement à ce prix que les lueurs si denses de notre histoire pourraient, de façon salutaire, mieux éclairer les dédales du présent

 

Moctar Traoré  tel :76 63 49 60 

BIOGRAPHIE SOMMAIRE DE FEU COLONEL SEKOU TRAORE 1ER CHEF D’ETAT MAJOR DE L’ARMEE MALIENNE

Pour ceux qui l’on connu de près ou de loin, tous s’accordent à reconnaître que l’homme à toujours vécu sur le chemin de l’honneur, dans la voie du loyalisme, dans celle de la fidélité au gouvernement légal de son pays.

Enfin un homme qui sa vie durant a consacré toutes ses forces à l’œuvre la plus sublime qui  soit : la défense de son pays et les intérêts de son peuple.

Né vers 1911 à Brazzaville,  militaire et fils de militaire, premier chef d’état major de l’Armé Malienne le colonel Sékou Traoré a effectué sans interruption aucune 38 années de service militaire jusqu’au jour de son arrestation à la suite du coup d’état militaire du 19 Novembre 1968.

Engagé volontaire en 1930 au premier régiment de tirailleurs Sénégalais, feu colonel Sékou dans sa longue et riche carrière militaire a eu à affronter des épreuves de toute sorte dont quatre campagnes en temps de guerre à savoir :

-La campagne de France du 2 septembre 1939 à la cessation des hostilités entre l’Allemagne et la France.

-La campagne d’Italie en 1944,

-La campagne d’octobre 1944à l’armistice en 1945,

-La campagne d’Indochine de 1948 à 1950.

Détenteur de plusieurs médailles de guerre, citations et distinctions honorifique ; il a été souvent cité comme  « Brillant officier entraîneur d’homme, d’un courage remarquable et d’une audace allant jusqu’à la témérité. »

Le colonel Sékou Traoré est décédé le 11 Juillet 1981 à Bamako à l’hôpital du Point –G.

 

QUELQUES MEDAILLE ET DISTINCTIONS HONORIFIQUES

 

  • Croix de guerre avec «  Etoile d’argent  » 31 Août 1949
  • Croix de guerre avec « Etoile Vermeil » 12 mars 1950
  • Médaille avec agrafe « Etoile d’argent » 31 Mai 1951
  • Officier de l’Etoile noire du Bénin 31 mai 1951
  • Chevalier de l’ordre national du Mali
  • Chevalier de la légion d’honneur
  • Grand officier de l’ordre national du Mali

 

NB  La 21e  promotion sortie de l’EMIA a été baptisée au nom de Colonel Sekou Traoré

Commentaires via Facebook :

5 COMMENTAIRES

  1. Peut être que vous oubliez le lieutenant colonel Sekou kone.
    Ancien aise de camp du général De Gaule.
    Merci.
    Et bien d autres officiers……

  2. “….5 septembre (évacuation du territoire par la dernière troupe coloniale française) “.Tu oublies un date: celle de l’appel du président Djonkounda TRAORE vers la France suite à la prise de Konna par les djihadistes. Dans quelle catégorie de dates classerais-tu cette dernière?

      • Non, il est malien. San seulement serait réducteur. Fils du sous officier, le plus gradé du Soudan français, le Colonel Sékou Traoré est celui que les autorités françaises avaient sollicité pour perpétré le coup d’État, mettre fin au régime de l’Us RDA. Son refus, afin que sa descendance ne souffre après lui de sa trahison, motiva son refus. Homme d’honneur, la félonie était assimilable au déshonneur. Des officiers subalternes passeront a l’acte sous la supervision de Jacques fauccart. La suite est connue.

Comments are closed.