Combien étions-nous à le connaître avant cette apocalyptique date du 22 mars 2012 ?
Combien sommes-nous aujourd’hui à le respecter ?
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Le Capitaine Amadou Haya Sanogo face à la presse le 18 septembre 2012 (photo indépendant)[/caption]
S’il n’y a des centaines ou des milliers parmi nous qui le vénèrent, c’est simplement parce que, parmi nous, il y a des poules mouillées et des gens qui ne vivent que pour la seule cause de leur ventre qu’entretient cet homme rentré (hélas) par effraction dans l’histoire du Mali.
Nul ne le croyait. Nul n’y pensait. Pourtant, cela s’est passé.
En effet, le jeudi 22 mars 2012, alors que nos paisibles populations vaquaient à leurs occupations, l’apocalypse devrait s’abattre sur le pays.
Des militaires disait-on, marchaient à Bamako (non pas à Kidal, Gao ou Tombouctou) pour réclamer plus de moyens pour faire face aux groupes de bandits face auxquels leurs camarades n’avaient pu accomplir cette mission sacrée : "mourir pour l’Afrique et pour toi Mali".
26 Mars rend hommages à tous les autres, qui, au moment "mouraient pour le Mali".
Qu’à cela ne tienne, certains parmi nous avaient trouvé cette marche justifiée. Mais, de marche nous en sommes venus à un coup d’Etat.
Coup d’Etat dans un Mali symbole de la démocratie en Afrique ?
Et ce coup d’Etat avait été préparé et exécuté par une frange de l’armée malienne dirigée par un certain Capitaine Amadou Haya Sanogo.
Un crime venait d’être commis par cet homme et ses hommes.
Parce que, selon la Constitution "tout coup d’Etat ou putschis est un crime imprescriptible contre le Peuple malien".
Malgré tout, les maliens et la Communauté internationale (notamment la CEDEAO) avaient donné une chance, des chances à ce capitaine Sanogo, au point même de lui proposer le statut d’"ancien chef d’Etat" avec tous les avantages et privilèges que cela compte.
Moins d’un mois après, d’autres hommes (il n’y a pas que des femmes au Mali) ont pris leur responsabilité en main pour tenter défendre non pas le capitaine, mais la démocratie. Hélas, dans une guerre, il y a des gagnants et des perdants. Conséquence, tortures assassinats et humiliations de ces derniers. La loi du Talyon est facile à appliquer.
Et, le plus choquant dans cette histoire, c’est que, parmi ces gens, il y a bien d’innocents.
Des innocents qui, (dans certains cas) jamais ne verront la lumière du jour et d’autres qui croupissent en prison.
Pendant ce temps, le capitaine Amadou Haya Sanogo a même le privilège de recevoir et de refuser des honneurs des militaires.
En plus, il convertit une partie du territoire malien Kati notamment en un territoire personnel.
Il est nant. Il a de l’argent qu’il offre à sa guise à qui il veut. Ce n’est pas tout. Il est Président du comité militaire pour la suivie et la reforme des forces armées et de sécurité. Bien plus et surtout, pire, il dirige ce pays, fait et défait parce que ayant face à lui des froussards.
Et que dire de cette justice malienne qui a été saisie pour condamner "certainement" des hommes ( des innocents) qui ont autant violé la Constitution que le capitaine Sanogo et ses hommes.
Surtout le capitaine Sanogo et ses hommes. Pourquoi le capitaine Sanogo est-il dehors avec tous les honneurs et les autres pas ? Pourquoi la chambre d’accusation a-t-elle confirmée l’ordonnance du juge d’instruction qui s’opposait à une demande en liberté provisoire des victimes du capitaine Sanogo ?
Pourquoi cette même chambre a-t-elle desaisie le magistrat en charge du dossier ?
Une radio très célèbre qui le privilège d’avoir toutes les informations concernant le Mali, informée il y a quelques jours que le Procurer général près la Cour d’Appel de Bamako, M. Daniel Tessogué, "connu pour son honnêteté et sa rigueur" a affirmé : "dans ce dossier que le droit et seul le droit sera dit".
Mais, ce qu’il a oublié de préciser : le droit avait-il déjà été dit ?
Boubacar SANKARE