Le capitaine Amadou Haya Sanogo sur l'ORTM après la démission de Cheick Modibo Diarra : "Le Premier ministre était devenu le point de blocage, il n'avait aucun égard pour le peuple malien"

13 Déc 2012 - 05:00
13 Déc 2012 - 10:33
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Dans un entretien accordé à nos confrères de l'ORTM, le mardi soir, le président du Comité de suivi des réformes des forces armées et de sécurité, le Capitaine Amadou Haya Sanogo a expliqué les raisons qui ont poussé les militaires à prendre leurs responsabilités pour amener le Premier ministre à démissionner. Compte tenu des informations pertinentes contenues dans ce message, nous avons jugé nécessaire de revenir là-dessus et de vous en proposer la quintessence. Amadou Haya Sanogo nous révèle à quel point la rupture était consommée entre les ex-putschistes et le premier ministre qu’eux-même avaient imposés au président intérimaire. Les militaires reprochent à l'ex-PM, sa volonté de franchise vis-à-vis de Kati, son mépris du président intérimaire, son manque d'égard pour le peuple, ses ambitions personnelles démesurées, ses déplacements incessants à l'extérieur avec des séjours dans les hôtels de luxe. Aux du capitaine Sanogo, le premier ministre était devenu le blocage. Dans ces conditions, l'armée, dit-il ne pouvait plus attendre car le pays n'a plus de temps à perdre. [caption id="attachment_111441" align="alignleft" width="314"] Le Capitaine Amadou Aya Sanogo[/caption] Qu'est ce qui s'est passé pour que vous amenez le premier ministre à démissionner ?  Capitaine Amadou  Haya Sanogo : Il faut reconnaitre que rien ne marchait, parce que, Cheick Modibo Diarra était presque devenu le  point de blocage pour diverses raisons. A savoir que c'est un premier ministre qui n'a aucun égard pour le peuple. Surtout  quand il dit qu'il ne sait à qui remettre sa démission. Au besoin, il ne reconnait pas l'autorité du Président de la République, y compris nous qui avons posé l'acte  et qui l'avons choisi à ce poste. Au-delà de tout ça, c'est un Premier Ministre qui voyage de façon permanente et qui ne s'adresse à personne, ne rend compte à personne.  Et dans l'équipe gouvernementale, c'est un blocage qui ne dit pas son nom ! Quand un Premier Ministre est aussi ambitieux jusqu'à désigner le dernier planton dans un service. Quand un premier ministre qui au moment de son choix, n'avait aucune ambition politique, est en train d'étrangler  tout le pays pour ses ambitions personnelles et démesurées, il fallait réagir au plus vite. Il faut reconnaitre que cela fait des semaines que le peuple m'envoie des délégations pour exprimer leur raz-le  bol pour diverses raisons. Hier seulement,  quand les assises devaient  se tenir Cheick Modibo Diarra partait pour Paris. Alors que ces assises constituent un point déterminant pour la nation. Vous l'avez contraint à démissionner ? Non,  on ne l'a pas contraint. On a facilité son départ. Le contraindre,  c'est  comme s'il y a eu usage de la violence. Il y a quelques semaines de cela, il a notifié que si on voulait son départ de son poste de Premier Ministre, il peut nous le donner mais pas au Président de la République, encore moins à aucune structure. Hier, on n'a jugé nécessaire qu'il démissionne d'où sa présence à Kati. Qu'en est-il de l'ancien premier ministre, on le disait arrêté hier soir et ce matin on le dit en résidence surveillée ? Permettez-moi de vous dire que même en temps normal, on change de premier ministre. En temps normal, un premier ministre démissionne et je ne sais pas pourquoi ce cas spécifique peut porter à suspicion. Ce matin, j'ai appris que  l'opposition est avec les militaires. Et que c'est par rapport à l'intervention militaire étrangère tant souhaitée par Cheik Modibo Diarra qu'on dit que   nous nous sommes opposés. Je tiens à préciser que cela n'est pas vrai. Nous ne nous sommes pas opposés à quoi que ce soit. La preuve est qu'à un moment, le président a adressé  une requête au niveau des organisations régionales et internationales demandant une intervention militaire au nord. Je fus le premier à sortir et à l'appuyer. Nous avons besoin de cet appui tant qu'il peut sauver le peuple malien. Quant à  Cheik Modibo Diarra,  il va très bien, il n'a donné sa démission sous aucune forme de pression, ni sous aucune forme de violence. Au lendemain du 22 mars, on n'a gardé les ministres d'ATT pour leur propre sécurité. Pour Cheik Modibo Diarra ce n'est pas le cas, il est chez lui et il n'est ni arrêté, ni en résidence surveillée. Nous sommes dans l'obligation morale de le protéger, ainsi que sa famille. On ne veut pas le laisser à son sort. C'est juste le temps que le premier ministre soit nommé et il sera libre de tous ses mouvements. Certains parlent d'un nouveau coup d'Etat et les partenaires du Mali critiquent votre ingérence dans les affaires politiques? Ce n'est pas un coup d'état.  Ce n'est pas quelqu'un qui est démocratiquement élu. C'est un Premier Ministre nommé et c'est nous  à travers l'accord cadre qui l'avons désigné. Au-delà de tout ça nous assurons nos partenaires que le Premier Ministre pouvait démissionner de lui-même. L'Etat, c'est une continuité, l'administration est une continuité. Si tout se passe bien, le Président de la République va nommer un premier ministre, qui formera son gouvernement. Qui  va être en  majeure partie composée de l'ancienne équipe. Parce qu’il faudrait qu'il y ait une continuité. Pour qu'on aille aux assises nationales  que le peuple malien et l'opinion internationale attendent et qu'ensuite  une feuille de route pourra être dégagée pour que ce pays puisse démarrer et que nous, nous puissions rapidement faire face à notre mission. Est-ce que l'évènement va avoir un incident sur la transition ? Le changement du Premier Ministre n'aura aucun incident sur la transition, une fois un nouveau Premier Ministre nommé,  il formera son gouvernement et nous nous continuerons notre mission. L'autre danger que je tienne à parler est que lorsqu'un premier ministre est l'organisateur principal  des marches de protestation, ou qu'il paye de paisibles citoyens pour sortir pour sa  cause. Et quand un premier ministre va payer des officiers et sous-officiers, des  militaires de rang des forces armées pour  le soutenir au cas où il va partir ? On n'a déjà un acquis, il y a la stabilité. Le Mali a déjà connu des avancées sur le plan national et international. Il suffit juste de les combler  à travers les deux actes, les assises nationales et une bonne feuille de route. Quel rôle est ce que vous entendez jouer pour le reste de la transition ? Vous savez, c'est par décret que j'ai été nommé par le Président de la République.  Actuellement, je m'occupe pleinement de ma fonction, nous sommes en plein dans notre mission. Et même par là, je vous apprends que depuis sa nomination, il n'a posé aucun. Tout ce que le ministère de la défense a demandé comme équipement pour assister les forces de défense, il n'a pu rien faire.  Tout est bloqué  quand lui  se trouve dans les hôtels de luxe en Europe ou ailleurs. Personnellement,  pour être franc je m'occupe pleinement de mes fonctions ; et même si demain, le peuple malien pour qui, on a fait beaucoup de choses, pour qui on a lâché beaucoup de choses décidait que j'ai un rôle autre  que celui du président du comité militaire,  je vais m'assumer. Je tiens à vous rassurer que dans la situation actuelle du Mali on peut bel et bien avancer et nous avancerons et même au-delà du cas du premier ministre.  Si d'aventure quelqu'un devrait essayer pour des ambitions personnelles démesurées alourdir le système ou mettre un terme,  je n'hésiterais pas une seule seconde à aider et assister le Président de la République pour que celui-là ne soit pas un problème pour le Mali. A votre arrivée on parlait de la libération du nord et qu'en est-il de cette libération ? La libération du nord est une priorité. Cheik Modibo Diarra jusqu'à sa démission  n'a donné aucun équipement aux forces armées. L'armée malienne ne se forme pas seulement pour cette guerre. L'armée malienne a besoin d'être formée et rééquipée pour assurer la défense des citoyens a tous les niveaux. Il faut que  le peuple sache qu'il a une armée forte. Transcris par Oumar BARRY, stagiaire

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