Le Mali peut-il se passer de l’opération Barkhane ?

6 Fév 2021 - 10:39
6 Fév 2021 - 10:39
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Le Mali peut-il se passer de l’opération Barkhane ?
ANALYSE. La question mérite d’être posée alors qu’une certaine opinion critique Barkhane et que l’armée malienne n’est pas encore capable de faire front seule. Le 20 janvier 2021, une manifestation était annoncée sur l'emblématique place de l'Indépendance de la capitale malienne, Bamako, pour exiger le départ des troupes françaises du Mali. Ses initiateurs ? Des éléments d'un collectif dénommé « Yèrèwolo », dont certains sont aussi membres du Conseil national de transition – CNT (l'organe législatif de la transition en cours au Mali) ; ainsi que des activistes maliens très actifs sur Facebook. Ces derniers, pour la plupart, résidents en dehors du Mali, notamment en France et aux États-Unis, mais avaient fait le déplacement pour assister à la manifestation. L'activiste franco-béninois Kémi Séba, qui s'est fait connaître par ses prises de position contre les politiques africaines de la France, s'était aussi déplacé à Bamako pour apporter son soutien aux organisateurs de la manifestation. On savait pourtant très bien, dès l'annonce de celle-ci, qu'elle ne recevrait pas l'autorisation des pouvoirs publics, qui n'hésitent désormais pas à évoquer le contexte sanitaire lié à la Covid-19, ainsi que l'état d'urgence en vigueur, pour interdire tout rassemblement public ne recueillant pas leur assentiment. Des manifestations semblables s'étaient auparavant sporadiquement tenues au Mali et dans d'autres pays sahéliens, poussant le président français Emmanuel Macron à exiger une clarification de la part de ses pairs du G5 Sahel sur leur volonté de maintenir ou non la force Barkhane dans leurs pays respectifs. Cette « convocation » des présidents sahéliens par Macron, dans le cadre du sommet de Pau du 13 janvier 2020, était certainement due au fait que certains parmi eux avaient semblé laisser prospérer les critiques anti-françaises, une manière de masquer leurs propres insuffisances dans la gouvernance sécuritaire de leurs pays. La réponse des présidents africains fut toutefois, sans aucune ambiguïté, favorable au maintien de Barkhane. Dès sa prise du pouvoir lors du coup d'État du 18 août 2020, la junte actuellement aux affaires à Bamako avait, dans sa première allocution télévisée, rassuré les partenaires internationaux du Mali – au premier plan desquels la France – sur le respect de tous les accords militaires conclus avec le régime déchu. Le soutien des autorités de la transition à la présence militaire française était d'autant plus prévisible que l'actuel président de la transition, Bah N'Daw, avait signé les accords de coopération militaire franco-maliens en tant que ministre de la Défense du président déchu, Ibrahim Boubacar Kéita, en 2014. Dans son allocution du 20 janvier, à l'occasion du 60e anniversaire de l'armée malienne, sa position était clairement réaffirmée : « Je voudrais renouveler la gratitude de notre pays envers la communauté internationale dont les armées sont à nos côtés et dont les soldats risquent leur vie pour la libération de notre pays. »

Les raisons de la persistance des critiques visant Barkhane

La question du maintien ou non de Barkhane nous semble beaucoup moins importante que celle concernant le comblement du vide qu'un départ prématuré créerait. L'exigence de son départ ne devrait pas précéder les débats sur les différentes possibilités de son remplacement ; et c'est en premier lieu aux Maliens qu'il revient de tenir ces débats.
Par Boubacar Haidara* Pour TheConversation.com SOURCE: https://www.lepoint.fr/afrique

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