Une situation conflictuelle politique et sociale inédite

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Depuis quelques mois, les événements se succèdent au Mali et ne se ressemblent pas. De rencontres à rencontres, les Maliens se rendent compte de la divergence au sein même de la classe politique et sont de plus en plus sceptiques de l’avenir.

« Devant l’imminence du péril, deux voix d’égale force s’élèvent en l’homme : l’une lui dit fort raisonnablement qu’il doit examiner la nature du péril et les moyens de l’éviter ; l’autre lui suggère, plus raisonnablement encore, qu’il est par trop pénible d’y réfléchir alors qu’il n’est pas au pouvoir de l’homme de tout prévoir et d’échapper à la marche générale des évènements, et qu’en conséquence mieux vaut se détourner des choses désagréables jusqu’à ce qu’elles surviennent et penser à ce qui est agréable. Dans la solitude l’homme s’abandonne le plus souvent à la première voix, en société, à la seconde au contraire. » Tolstoï

Aujourd’hui les Maliens sont dans un état de stress permanent entraînant un syndrome d’épuisement ; ils sont vidés intérieurement mais l’apparence est intacte. Si rien n’est fait de façon significative dans un mois, les maliens vont s’épuiser mentalement et physiquement en essayant d’atteindre des objectifs irréalisables ou d’accomplir des tâches insurmontables.

Le Mali est pris dans une spirale dont il n’arrive plus à sortir.

Les signes qui la traduisent sont nombreux :

  • Le premier et le plus facilement identifiable est la lassitude des hommes politiques, accompagnée d’épuisement mental, de démotivation et de découragement ;
  • Une baisse de l’estime de soi, un sentiment d’incompétence et de l’irritabilité ;
  • Une dépression des maliens : le sentiment d’impuissance, la méfiance, l’isolement (évitement des relations).

Le Mali va droit à la phase ultime de la dépression. Elle se traduit par un retrait et un détachement émotionnel conduisant à une apathie généralisée.

« C’est l’ignorance seule qui engendre l’apathie. » de Charles Bay

Chaque acteur de la classe politique a des attentes propres  mais aussi des objectifs dictés par son environnement. Ceux-ci sont par ailleurs souvent perçus et interprétés de façon différente par chaque individu, notamment parce que les expériences politiques et les compétences sont variables. Dans ces conditions, l’occurrence de dissensions et donc de conflits potentiels est prévisible. L’occurrence de conflits est même souhaitable, lorsqu’elle permet à chacun d’exprimer son opinion et, à terme, d’aplanir les divergences existantes.  Malheureusement le Mali est dans une situation conflictuelle politique et sociale inédite. Un conflit “malsain”,  basé sur une communication ambiguë et/ou sur des arguments personnels, qui n’aboutit généralement qu’à obscurcir le débat.

Les rôles des acteurs (gouvernement, regroupements politiques, sociétés civiles et même de la communauté internationale) sont ambigus sans coopération franche : boycott, absence d’objectifs communs, relations interpersonnelles ambiguës, organisation défaillante, confrontations et heurts occasionnels, confrontation de longue durée et actions systématiquement non-éthiques stratégies équivoques conflit ouvert et discussion actions couvertes, cachées et déni du conflit, communication “oblique” et évasive.

Qu’il s’agisse de conflits d’intérêt, d’idéologie ou de pouvoir, il convient d’agir pour éviter une escalade et une dégradation de la situation avant la fin du mois de Ramadan. L’hostilité ou  la colère des uns et des autres ne mène nulle part. « Ce ne sont ni les brigands ni les incendies qui détruisent le monde, mais la haine, l’hostilité, les petites intrigues… » de Anton Tchekhov.

Heureusement, il existe différentes stratégies de gestion des conflits, qui peuvent toutes, selon les circonstances, être valables, au moins temporairement. Sachons raison garder.

Dr Aly dit Agali WELE, Président de Visa Pour Un Développement Intégré.

 

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