FMI- Gouvernement : Le BVG aura-t-il les mains libres ?

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Intermédiaires douteux, marchés de gré à gré, entretien de textes législatifs défaillants: l’audit des transactions qui sont à la base du froid actuel entre le gouvernement et le Fonds monétaire international (FMI) risque de mettre davantage en mal le Mali. Pourtant, cette fouille des traces de la gestion des finances publiques aurait pu être évitée si les autorités avaient écouté le FMI plus tôt, lorsque ce dernier avait demandé un engagement ferme pour la transparence en matière de gestion des finances publiques. Mais la question est de savoir si le Bureau du vérificateur général aura les mains libres pour faire ce travail conformément aux recommandations du FMI.

 

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Amadou Ousmane Touré, vérificateur général

On s’attend à ce que l’audit des marchés de gré à gré révèle au grand public le travail d’orfèvre des spécialistes de l’enrichissement illicite. Si les auditeurs du Bureau du vérificateur général (BVG) arrivent à expliquer comment de petits malins ont tiré profit de la centaine de milliard utilisée pour les marchés incriminés par le FMI, ils auront réussi à faire comprendre en quoi le gouvernement ne s’est pas donné de la peine pour lutter contre la corruption dans les hautes sphères de l’Etat au-delà des discours du président IBK.

Le plus symbolique des marchés incriminés par le FMI est l’achat du tristement célèbre avion présidentiel dont le coût et les intermédiaires prêtent à confusion. D’abord, il faudra que l’audit informe les citoyens sur le coût réel de cet aéronef tantôt estimé à 20 milliards de nos francs, tantôt à 17 milliards, des chiffres avancés par le président IBK et son Premier ministre.

 

Outre le prix exact de l’avion, l’origine des sous décaissés pour son acquisition doit être connue du public, étant donné que le gouvernement a également communiqué des sources parfois contradictoires lorsqu’il fallait se justifier. L’audit devra déterminer les responsabilités, clarifier qui a décidé quoi dans le processus de l’achat de l’avion, surtout les démarches qui ont conduit au retrait des 14 milliards de francs CFA enlevés au Trésor public dans le cadre de la même affaire.

 

Les marchés de gré à gré ont été plus souvent utilisés au Mali pour remplir les poches des personnalités. A la faveur de la dernière visite à Bamako des représentants du FMI, l’institution avait pourtant prévenu le gouvernement au début de l’année sur les aspects abusifs des dispositions législatives autorisant ces marchés.

On se demande ce que les nouvelles autorités attendaient pour prendre des mesures visant à reformer ces textes conformément aux recommandations du FMI. C’est d’autant plus grave que l’actuel gouvernement a été chargé de faire l’audit des marchés douteux passés par le gouvernement de transition qui a gouverné le pays entre le coup d’Etat de mars 2012 et la prise de fonction du président Keïta en Septembre dernier.

 

 

La Banque mondiale, après le FMI

Au lieu de faire rapidement des reformes législatives et l’audit des marchés douteux, le nouveau pouvoir s’est contenté de discours populistes sur la lutte contre la corruption. Non seulement le gouvernement n’a aucun plan pour récupérer les fonds détournés des caisses de l’Etat, il ne traduit pas en acte concret son engagement à assainir la gestion des finances publiques à travers des contrôles et des sanctions.

 

Le risque que le Mali cours est que l’audit de l’achat de l’avion présidentiel et des marchés d’armement confirme des délits d’initié que de nombreuses voix ont dénoncés. Cela pourrait amener plus de contraintes que le gèle du décaissement des fonds alloués par le FMI et d’autre bailleurs de fonds.

 

La gravité de la situation est dissimulée par le gouvernement qui continue de raconter aux populations que tout va bien entre le Mali et ses partenaires. La ministre de l’Economie et des Finaces, Bouaré Fily Sissoko, a estimé la semaine dernière qu’il n’y a pas de problèmes après avoir quitté Whasington sans convaincre le FMI à reprendre le décaissement de ses fonds accordés au Mali.

 

Peu après ces déclarations de la ministre de l’Economie via les médias d’Etat, la Banque mondiale, à son tour, a annoncé la suspension du versement de ses fonds. Conséquences : ce sont près de 300 millions d’Euro de manque à gagner pour le Trésor public. Que peut bien se passer alors si l’audit des transactions incriminées révèle des pratiques illégales?

 

Soumaila T. Diarra

 

Sanctions du FMI

Fily Bouaré rattrapée par ses mensonges

Revenue de Washington, précisément du siège du FMI, la ministre de l’Economie et des Finances, Bouaré Fily Sissoko, avait tenté de faire avaler des couleuvres à l’opinion publique et de mentir à ses chefs, le président de la République et le Premier ministre. Pour elle, sa mission fut un franc succès dans la capitale fédérale américaine. Il n’existe aucun problème entre le Mali et le FMI, avait-elle déclaré. Moins d’une semaine après, les faits sont là. Non seulement le FMI gèle le décaissement de ses prêts (46 millions de dollars), mais la Banque mondiale aussi vient de bloquer le décaissement de 63 millions de dollars destinés à notre pays. Ces deux institutions dénoncent par cette mesure l’achat de l’avion d’IBK, ainsi que le contrat d’achat d’équipement militaire…. En niant l’évidence, la ministre de l’Economie et des Finances espérait quoi ? Aujourd’hui, elle se ridiculise simplement aux yeux de l’opinion qui a compris que certains ont décidé de mettre simplement leurs intérêts au-dessus de ceux de la nation. Ce qui n’est guère surprenant pour une dame que l’ancien Premier ministre, Oumar Tatam Ly voulait débarquer pour incapacité.

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3 COMMENTAIRES

  1. On peut lire entre vos ligne, un souhait de voir tout le Mali s’assombre tant que IBK est au pouvoir…

  2. La Banque mondiale a démenti samedi la suspension de son programme avec le Mali et précisé que la décision de suspension qu’elle avait récemment annoncée ne portait que sur l’appui budgétaire destiné au pays.

    Le 26 juin, la Banque avait exprimé sa « préoccupation » quant aux conditions d’acquisition d’un avion présidentiel au Mali et avait, à cet égard, indiqué qu’elle gelait ses opérations d’appui budgétaire jusqu’à la conclusion d’une mission du Fonds monétaire international (FMI) en septembre prochain.

    Ces propos ont été malheureusement compris et interprétés par « certains » comme une suspension du programme avec le pays, a regretté la Banque mondiale.

    « Le programme du Groupe de la Banque mondiale est toujours en cours au Mali », a affirmé l’institution internationale en faisant état, dans la foulée, de l’octroi d’un financement de 63 millions de dollars pour l’éducation et la formation des jeunes dans le pays.

    En plus de programmes d’amélioration de compétences, le financement va contribuer au renforcement des capacités de certains établissements de formation professionnelle et d’enseignement technique, a expliqué la Banque mondiale.
    AT/of/APA

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