Mali : la géologie au service d’un développement à réinventer

Présidée par le ministre malien des Mines, le professeur Amadou Keïta, la 6e Journée du géologue a réuni chercheurs, ingénieurs et acteurs économiques autour d’un objectif commun à savoir affirmer le rôle des sciences de la Terre dans la transformation du pays.

Le Mali demeure l’un des principaux producteurs d’or d’Afrique. D’après le rapport ITIE 2023, la production nationale a atteint 65,91 tonnes, ce qui en fait le troisième producteur du continent. L’or représente près de 9 % du produit intérieur brut et environ 75 % des exportations, selon les données du ministère des Mines et de l’Énergie. Les sites de Loulo, Gounkoto et Morila, exploités notamment par Barrick Gold et Firefinch, concentrent une grande part de la production industrielle.

Au 31 août 2025, la production industrielle d’or s’élevait à 26,2 tonnes, en baisse de 32 % sur un an. Le ministère attribue ce recul à la suspension d’activités sur plusieurs sites à la suite de litiges entre l’État et des opérateurs. La mine de Loulo a été placée sous administration provisoire pour six mois par un tribunal de Bamako, le temps d’un audit sur la gouvernance et la répartition des revenus.

Dans ce contexte, la Fédération des Géoscientistes du Mali (FEGEM), organisatrice de la journée, a mis en avant la nécessité de renforcer la formation et la coopération scientifique. Elle affirme regrouper environ 2 000 membres issus du secteur public, du privé et du milieu académique. La FEGEM milite pour que la géologie soit mieux intégrée aux politiques de développement et à la transition énergétique.

La question de la parité a occupé une place importante. Mme Wadiou Traoré, présidente de Women in Mining Mali depuis 2024, a rappelé les obstacles auxquels se heurtent les femmes dans les métiers des géosciences. Le ministère des Mines a présenté le projet Mentorat Mines, qui vise à accompagner les étudiantes de fin de cycle dans leur insertion professionnelle et à encourager la relève scientifique féminine.

Le Code minier adopté en 2023 renforce le rôle de l’État dans la gestion des ressources. Il autorise une participation publique pouvant atteindre 30 % dans les nouveaux projets. Dans le prolongement de cette politique, la part de l’État a été portée à 35 % dans le projet de lithium de Goulamina, développé avec le groupe chinois Ganfeng Lithium. Ce gisement, situé dans la région de Bougouni, figure parmi les plus prometteurs d’Afrique de l’Ouest.

La même année, le gouvernement a suspendu l’orpaillage artisanal après plusieurs accidents mortels survenus sur des sites non réglementés. L’exploitation traditionnelle, bien qu’importante pour des milliers de familles, reste difficile à encadrer. Les autorités estiment que le secteur artisanal représente une part significative de la production nationale d’or, sans toutefois disposer de données consolidées.

Clôturant la cérémonie, le ministre Keïta a insisté sur le rôle des géoscientistes dans la planification économique et environnementale du pays. Il a appelé à rapprocher la recherche de l’action publique et à faire de la géologie un levier de souveraineté et de développement durable.

Cette édition 2025 intervient dans un contexte de restructuration du secteur minier, marqué par la volonté de diversifier les revenus et de mieux intégrer les enjeux de formation, de parité et de transition énergétique. Pour le Mali, la géologie n’est plus seulement une science de mesure. Elle devient ainsi un instrument de stabilité économique et de construction nationale.

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