Edito : Bonne lecture

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Le vendredi 05 juin 2020, au monument de l’Indépendance de Bamako, une foule nombreuse et compacte a répondu à l’appel à mobilisation lancé par trois organisations politiques : Espoir Mali Kura (EMK), le Front pour la Sauvegarde et la Démocratie (FSD), et la Coordination des Mouvements, Associations et Sympathisants de l’imam Mahmoud  Dicko (CMAS). Elles ont été rejointes par d’autres partis  politiques et mouvements  de la Société civile. 

 

Même les membres du Mouvement Démocratique et Populaire (MDP), dont Dr Oumar Mariko, le leader de SADI, y ont pris part en dernière instance. De nombreux maliens de l’intérieur comme de l’extérieur n’ont pas manqué la gigantesque manifestation pour exprimer leur désaveu au régime. Le leadership du mouvement de  la contestation était tenu par l’Imam Mahmoud Dicko. 

 

Ces organisations, contestant la mauvaise gouvernance du pays, les résultats des dernières législatives, et dénonçant la Cour Constitutionnelle, le mode de désignation du bureau de l’Assemblée nationale, l’insécurité endémique mais aussi le risque de partition du pays, ont lancé un ultimatum pour  la démission du Chef de l’Etat. Leur rassemblement, en dépit des mouvements de boycott des partisans du pouvoir, s’est bien tenu et fut  incontestablement une réussite. Un fait notable : la manif était encadrée par des forces de l’ordre qui fraternisaient avec la foule en les distribuant des sachets d’eau.

 

Lors du meeting, l’ancien président du Haut Conseil Islamique (HCI), après un long réquisitoire, a proféré une sévère mise en garde  au chef de l’Etat et à son régime. « Cette mobilisation n’est qu’un début contre le régime IBK. Elle va continuer. Je jure que si ce rassemblement ne lui sert pas de leçon, l’histoire racontera  la manière dont son pouvoir prendra fin ». Le leader politico-religieux qui explique son engagement politique  par l’unique souci de sauver la patrie qu’il aime.  « Non, notre lutte est pour le Mali, notre  combat vise à sauver la patrie. Ce n’est pas un combat contre IBK et son régime que nous estimons  éphémères », a-t-il clamé devant la nombreuse foule apparemment acquise à sa cause.  Une véritable sommation à l’endroit du pouvoir.

 

La révolution française de 1789 était le fruit de contestations sociopolitiques qui plongea le pays dans une crise profonde et progressive. Où la société française perdit tous ses repères et surtout la confiance en son Roi. D’où la nécessité d’un renversement de pouvoir. La suite est connue. La révolution française permit de bouleverser l’ordre politique et social qui prévalait.  Notamment, l’effondrement de la monarchie absolue à la suite de l’échec des Etats Généraux réunis par le Roi Louis XVI. 

 

Si comparaison n’est pas raison, IBK doit savoir raison garder. La forte mobilisation de la population,  des centaines de milliers voire le million, le ton sulfuré employé  par les manifestants et la grande détermination de leurs leaders doivent interpeller grandement. Et exiger de lui, d’aller illico presto en un dialogue constructif  pour un dénouement heureux de la crise. Or, en lieu et place, des communiqués, émanant du camp du pouvoir,  demandent  à leurs partisans de sortir en masse le vendredi prochain pour exprimer leur soutien à IBK et au maintien des Institutions républicaines. 

 

Pourtant, très objectivement, seule la négociation politique reste la véritable panacée pour une  sortie de crise pacifique. Tant  le  Chef d’Etat  détient encore des cartes maîtresses.  Toutefois, faudrait-il qu’il fasse, sans passion ni orgueil, une très  bonne  lecture de la situation politico-sociale gravissime du pays. Un fait réel. Ainsi, pour la   sauvegarde de  l’intérêt supérieur de la nation, le Chef de l’Etat ne doit plus écouter ses laudateurs mais  plutôt la raison. Puisse Allah lui donner cette force !

Gaoussou Madani Traoré

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