Ansongo : Un âne dans la mosquée…

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    A Gao, précisément dans un village situé près d’Ansongo, les habitants avaient du mal à s’entendre pour faire la clôture de leur mosquée, la seule qui, d’ailleurs, n’avait ni porte, ni fenêtres. Cette situation ne semblait déranger personne dans le village. Pendant des années, les villageois s’accommodent avec l’état de leur mosquée. Mais, cette situation favorisa, un jour, un incident, qui a servi de déclic pour doter la mosquée non seulement d’une clôture, mais également en portes et fenêtres. Une nuit d’hiver, il faisait un temps particulièrement glacial; Le froid qui enveloppa cette nuit le village obligea les populations dès le petit soir à abandonner les rues pour les animaux : chats, chiens et autres. A une heure très avancée, un âne errant qui avait du mal à supporter le froid profita de la situation de la mosquée pour s’y s’engouffrer, cherchant un abri. L’animal alla jusqu’au fond de la mosquée et se trouva une planque confortable dans l’antichambre où l’imam se tient généralement pour diriger la prière.
    A l’aube, comme d’habitude, les fidèles, chapelets en main, sortent des habitations pour la prière du Fadjr. L’obscurité qui régnait dans la mosquée qui n’était pas non plus électrifiée, était à l‘avantage de l’intrus dont personne ne remarqua la présence discrète.
    Les uns après les autres, les fidèles, arrivent à la mosquée, font deux rackats surérogatoires, puis s’asseyent sur les nattes à même le sol, attendant patiemment l’arrivée de l’imam. A 05 minutes du début de la prière, l’imam fit son entrée dans la mosquée, lança un salamalec collectif et regagna directement son tapis placé au premier rang, pratiquement à quelques centimètres près de l’animal. Malgré le mouvement de va-et-vient et le tohubohu qui enfle dans la mosquée, l’âne qui n’entendait pas bouder son plaisir, par un tel temps, resta imperturbablement calme dans sa cachette. Le muezzin fini de faire l’appel ; Au même moment, l’imam prit position sur son tapis, arrangea soigneusement son boubou et intima aux fidèles de se tenir prêts. L’imam leva les deux paumes devant et lance un Allahou Akbar que toute sa suite reprend après lui. A cet instant précis ce qui devait arriver, arriva. Au moment où l’imam voulait ramener ses bras vers lui, l’une de ses mains heurta le dos de l’âne qui paniqua, pivota sur lui-même et se projeta violemment hors de sa cachette. L’imam, surpris, eu à peine le temps de s’écarter pour céder le passage à cette masse qui passa avec une force telle qu’elle pouvait envoyer n’importe quel obstacle à la renverse. Ce jour, personne ne pouvait dire, entre l’imam et les fidèles, qui avait précédé qui à la sortie. Ce fut un grand sauve-qui-peut dans la mosquée vidée sur le champ par les fidèles dont la plupart était déjà en train de retourner à la maison récitant à voix basse des sourates censées conjurer le mal. Tous étaient convaincus qu’un esprit maléfique s’était réfugié dans la mosquée. C’est un fidèle qui vit l’âne s’éloigner, en pleine course, le museau en l’air. Il héla les autres en les informant que l’objet de leur peur n’était autre qu’un âne entré dans la mosquée sous la contrainte du froid. A ces mots certains fidèles reviennent sur leurs pas et l’imam pu finalement diriger la prière mais, exceptionnellement, avec quand même quelques minutes de retard. Par contre, le même jour, le comité de gestion de la mosquée convoqua une réunion d’urgence qui fixa une cotisation que tous ont acquittée sans accuser de retard. Les montants collectés ont aujourd’hui permis de faire la clôture de la mosquée et de la doter en portes et fenêtres confectionnées chez le meilleur soudeur, à Ansongo. Le village a depuis, la mosquée la plus sécurisée parmi les villages environnants.
    Papa Sow

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    4 COMMENTAIRES

    1. Merci SOW pour cette belle histoire et qui m’a fait beaucoup rire et surtout avec votre style utilisé, en fait une belle narration.

    2. LES ANES ET AUTRES ANIMAUX AUSSI PRIENT ET NE SONT PAS MOINS IMPORTANTS QUE NOS FRERES DES MOSQUEES D ANSONGO ET D AILLEURS!

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