Le torchon brûle entre la mairie de la commune II et les jeunes de Missira depuis jeudi dernier suite au morcellement de la cour de l’école du quartier par les autorités communales. L’espace réservé à l’activité sportive et le bloc scientifique ont été vendus à un opérateur économique. Sur cet espace, ce dernier construira une trentaine de magasins. Face à cette situation, les jeunes du quartier ont démoli le chantier et ont décidé de porter plainte contre la mairie auprès du tribunal de la commune II.
Après avoir pris connaissance de la transformation d’une partie de l’école en bail, les jeunes de Missira sous la conduite de Mahmoud Traoré, Cheikna Sanogo, Mamadou Sanogo, Sékou Sidibé, Boubacar Ballo, Adama Diallo, Oumar Mallé et Mamadou Sanogo dit Français, ont entrepris une démarche auprès de la mairie de leur commune pour connaitre les raisons qui l’ont poussée à céder à un opérateur économique du nom de Simpara une partie de l’ établissement pour qu’il en fasse des magasins. De guerre lasse et désespérés de n’avoir pu trouver auprès des élus du quartier une oreille attentive, les jeunes décident alors de passer à la vitesse supérieure. C’est ainsi que, dans la nuit du jeudi au vendredi 3 septembre 2010 aux environs de 22 heures, près de 300 jeunes envahissent la rue, armés qui de gourdins, qui de pelles, pour converger vers l’école. Sur place, ils ont démoli le chantier et ne laissant derrière eux que des fers barbelés et des briques réduites en poussière.
Aux premières heures de la matinée, Sidi Kéïta se fera arrêter par des éléments du 3ème arrondissement accompagnés par certains agents de la mairie. Il lui est reproché d’avoir pris part aux actes ayant conduit à la démolition du chantier. Il est placé en garde à vue.
Cette arrestation a mis le quartier en branle. Les autres jeunes, y compris certains notables du quartier, ont aussitôt décidé de se constituer prisonniers si jamais Sidi Kéïta n’était pas libéré. Me Fousseni Djiré, l’avocat qui a été commis par la population pour s’occuper de l’affaire les en dissuada. Il leur a défendu de se constituer prisonniers. Entre temps, Me Djiré, qui a obtenu la relaxe pure et simple de Sidi Kéïta, va convaincre ses clients de prendre un huissier en la personne de Oumar Traoré pour procéder à un constat.
Cependant dans la plainte enregistrée sous le nom du regroupement des jeunes de Missira et qui sera introduite aujourd’hui auprès du tribunal de la commune II, la jeunesse du quartier demande l’annulation pure et simple de la construction de magasins et demande des dommages et intérêts pour les désagréments causés. Il y a lieu d’ajouter que plus d’une dizaine d’arbres ont été abattus par l’occupant bien avant les débuts des travaux.
Les jeunes réclament des autorités municipales la base sur laquelle le contrat a été établi avec l’opérateur économique pour transformer une partie de leur établissement en bail.
Toutes nos tentatives pour entrer en contact avec le maire ou ses adjoints sont restées vaines.
Aux dernières nouvelles, nous apprenons, de source sûre, que le maire Youssouf Coulibaly et l’opérateur économique Simpara propriétaire du chantier sont partis ensemble à la Mecque pour la Omra.
Par ailleurs, les adjoints Madjou Fofana et Abdoulaye Bassolé, qui assument l’intérim, sont accusés par la population d’avoir planifié l’arrestation du jeune Sidi Kéïta.
Nous avons effectué le samedi dernier une visite sur les lieux et échangé avec les véritables acteurs, à savoir les jeunes et certaines notabilités.
Dans l’entretien qu’ils nous ont accordé, ils ont déclaré «que plus jamais, nous n’accepterons que notre école soit morcelée. Même s’il faut risquer notre vie pour la sauver d’éventuels prédateurs, nous le ferons».
L’un d’entre eux de préciser : "lorsqu’il a été question de construire la nouvelle voie qui porte le nom de Bazoumana Sissoko, les plus hautes autorités de l’époque ont été amenées à contourner l’établissement. Alors que la voie devait le traverser et ce n’est pas pour rien qu’elles l’ont épargné". Cheick Omar Sanogo de renchérir en ces termes "Pas de boutique, pas de magasin dans notre établissement".
Birama Kassogué, un notable du quartier, Chevalier et Commandeur de l’Ordre national du Mali, non moins ancien Conseiller municipal de la CII a condamné l’attitude de la mairie. Il a indiqué qu’aucune action ne peut la justifier avant d’exprimer tout son soutien aux jeunes du quartier. Il a, en outre, invité les autorités municipales à vite trouver une solution avant la rentrée des classes.
L’école de Missira fait partie de l’une des plus vieilles du pays fondée entre 1945 et 1950. Elle est aussi l’une des plus grandes du pays et compte aujourd’hui près de 200 salles de classe. Il est triste de constater qu’une telle école, qui fait partie du patrimoine national, puisse subir un tel sort.
Nous y reviendrons.
Abdoulaye DIARRA