Un problème foncier à l’allure d’un imbroglio administratif couve à Dougouracoro depuis bientôt trois ans. Et, si rien n’est fait pour dénouer ce dossier, il y a de fortes raisons de craindre que le pire ne s’y produise. Dans le but d’informer l’opinion nationale et internationale, sur les risques d’explosion, l’Association pour le développement de Dougouracoro-cité a animé une conférence de presse le 19 août 2010, à son siège sis à Dougouracoro.
Décidément, dans le domaine du foncier, le Mali est en train de devenir une jungle, où chacun en fonction de sa puissance ou de celle de ses relations, fait sa loi. Sinon, comment expliquer le bras de fer qui oppose Amadou Cheick Traoré aux 2800 membres de l’Association pour le développement de Dougouracoro cité (ADC). Situé entre une colline et le fleuve Niger, dans la commune rurale de Baguinéda, la cité de Dougouracoro est un site en chantier qui traduit le boom immobilier que vit notre pays depuis quelques années.
Et, qui parle de boom immobilier dans un pays qui ressemble de plus en plus à un far-west doit forcement parler de spéculations foncières outrancières. Ce qui ce passe à Dougouracoro doit interpeller tous les Maliens qui ont une parcelle de pouvoir dans ce pays. Et, il urge que des dispositions soient rapidement prises pour éviter que l’irréparable ne s’y produise un beau matin. La tension y est de plus en plus perceptible. Du reste, le samedi 14 août 2010, Dougouracoro-cité a frôlé le KO, sans motif valable. Des bandes de jeunes gens instrumentalisés, armés de machettes et de fusils, n’ont pas hésité à faire usage de leurs armes à feu dans une rixe inexplicable qui les a opposé à certains responsables de l’ADC.
Tout porte à croire qu’ils étaient venus pour faire de la provocation. Mais, que s’est-t-il passé pour que des paisibles citoyens se fassent violement agresser à coups de fusils, jusque dans leur domicile? Pour lever le voile sur le problème foncier de Dougouracoro-cité, à l’origine de la tension, les responsables de l’ADC ont animé, le 19 août 2010, une conférence de presse. Etaient présents Adama Diarra, secrétaire chargé de l’organisation ; Siaka Traoré, vice-président de l’ADC ; Mamoutou Drabo, secrétaire aux conflits de l’ADC ; Siaka Traoré, secrétaire général de l’ADC et tant d’autres responsables. Il est ressorti des explications qu’en 2003, un peu plus de 2800 citoyens maliens de toutes les catégories sociales ont régulièrement acquis des terrains à usage d’habitation dans un espace loti non loin du village de Dougouracoro, auprès de la mairie de Baguinéda. Heureux d’avoir acquis des terrains, certains n’ont pas perdu le temps. Ils ont commencé à construire, de telle sorte que les habitants du village voisin du site, charmés l’ont surnommé Dougouracoro-cité. Quelques temps après, l’élan et l’ardeur des nouveaux propriétaires seront estompés.
Selon Adama Diarra, natif du village et non moins secrétaire à l’organisation de l’ADC, l’espace déjà morcelé par la mairie de Baguinéda et déjà attribué à des Maliens sera convoité par d’autres Maliens qui vont se présenter avec des titres de propriétés délivrés par la Commune rurale de Kalaban-Coro. « Et, depuis, la quiétude de Dougouracoro-Cité est perturbée », a-t-il déclaré. Sentant la situation explosive, parce deux à trois personnes pouvaient, avec des documents délivrés soit par la marie de Baguinéda, soit par celle de Kalaban-Coro, réclamer la même parcelle, des esprits bien réfléchis ont proposé la création de l’ADC, afin de regrouper les différents acquéreurs. « Nous l’avions voulu ainsi, afin de trouver des solutions à l’amiable en collaboration avec les deux administrations municipales », a indiqué Siaka Traoré, secrétaire général de l’ADC. Il a ajouté que leur initiative a été appuyée par le préfet de Kati qui a crée une commission d’enquête et de recensement, afin de faire la lumière sur le problème foncier et voir la possibilité de recaser ceux qui allaient être évincés.
Et Adama Diarra d’ajouter que le travail de cette commission a révélé qu’il y a litige sur la propriété de 742 lots. Mais, il est surpris que le préfet de Kati n’ait pas pris la peine de donner une suite favorable aux résultats du travail de la commission. C’est dans l’attente d’une solution qui pourrait satisfaire toutes les parties, qu’un deuxième problème est venu tout compliquer. Selon Adama Diarra, secrétaire à l’organisation de l’ADC, Amadou Cheick Traoré, ancien maire de la Commune rurale de Kalaban-Coura, est venu tout compliquer avec sa réclamation portant sur une dizaine d’hectares dans la zone déjà morcelée et attribuée par la mairie de Baguinéda depuis 2003. La plupart des acquéreurs y ont même bâti leurs domiciles et y résident avec leurs familles. « Et, mieux qu’une simple réclamation, sur la base d’un titre foncier à lui délivré en 2007, on ne sait pas par quel miracle, il vient régulièrement avec des bulldozers nous importuner dans nos concessions », a-t-il indiqué. Avant de dénoncer le fait qu’aucun propriétaire, ni la mairie de Baguinéda n’a été convoqué à un quelconque procès préalable. « Nous n’avions jamais reçu de grosse d’aucun tribunal du Mali qui nous demande de déguerpir nos parcelles bâtis, mais nous sommes régulièrement menacés par les bulldozers de l’ancien maire de Kalaban-Coro qui veut casser nos concessions», a-t-il déclaré.
Et, aux responsables de l’ADC de voir la main de Amadou Cheick Traoré derrière les jeunes surexcités et armés de fusils, qui sont venus le samedi 14 août 2010, les menacer de mort. « Nous sommes des honnêtes citoyens maliens. Nous avons régulièrement acquis nos terrains auprès de la mairie de Baguinéda. Donc, nous demandons aux autorités maliennes en charge de la gestion des questions foncières de s’impliquer pour une gestion responsable du problème de Dougouracoro-cité, afin d’éviter que l’irréparable ne s’y produise un de ces quatre matins », a conclu Siaka Traoré, secrétaire général de l’ADC.
Assane Koné