Massacre d’Ogossagou au Mali : cinq assaillants arrêtés, selon le procureur de Mopti

Deux enquêtes sont actuellement en cours sur le massacre de civils peuls à Ogossagou, qui a fait au moins 160 victimes samedi 23 mars. L’une initiée par le gouvernement malien, l’autre diligentée par la Minusma. Le point sur les premiers éléments connus.
Cinq suspects arrêtés
« Parmi les blessés, cinq personnes ont été identifiées par les rescapés comme étant des assaillants présumés. Nous les soupçonnons d’être des membres du groupe qui a attaqué le village d’Ogossagou le 23 mars dernier », a-t-il par ailleurs annoncé. À ce stade de l’enquête, Maouloud Ag Najim a refusé de confirmer ou d’infirmer l’appartenance de ces cinq assaillants présumés à Dan Na Ambassagou, la milice de chasseurs dogons accusée par les représentants de la communauté peule d’avoir commis le massacre. LES CINQ INDIVIDUS ONT ÉTÉ ACHEMINÉS À BAMAKO POUR CONTINUER À BÉNÉFICIER DE SOINS, MAIS AUSSI POUR Y ÊTRE AUDITIONNÉS DANS LE CADRE DE L’ENQUÊTE « Les cinq individus ont été acheminés à Bamako pour continuer à bénéficier de soins, mais aussi pour y être auditionnés dans le cadre de l’enquête », a précisé le procureur général de Mopti. Car s’il conduit l’enquête de terrain, au regard de l’ampleur de l’attaque et de la gravité des crimes commis à Agossagou, les autorités ont également saisi Boubacar Sidiki Samaké, le procureur du pôle juridique spécialisé dans la lutte contre le terrorisme. Celui-ci doit envoyer une équipe à Sévaré dans les prochains jours.Enquête parallèle de la Minusma
Parallèlement à cette enquête des autorités maliennes, la Minusma (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali) a également déployé sur le terrain une équipe de dix enquêteurs. Il s’agit d’« une mission d’enquête ou d’établissement des faits », a précisé Guillaume Ngefa, chef de la division des droits de l’homme de la Minusma au micro de Mikado, la radio des Nations Unies au Mali. Chargée « d’établir les circonstances de l’attaque et le déroulement des faits » et de « permettre de situer les responsabilités de ce crime », cette mission d’enquête a pour but d’ « aider les autorités maliennes à traduire rapidement les coupables en justice », a insisté Guillaume Ngefa. Au lendemain du massacre mené par une centaine d’hommes habillés en tenue de chasseur dogon – les « chasseurs dozo » traditionnels – , armés de kalachnikov et juchés sur des motos, le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga a annoncé la dissolution de Dan Na Ambassagou. Youssouf Toloba, chef de cette milice dogon, a de son côté nié être à l’origine de l’attaque, et refusé de dissoudre son groupe.« Les conclusions sont loin d’être tirées »
« Le gouvernement ne peut pas dissoudre Dan Na Ambassagou parce que ce n’est pas lui qui l’a créé », a déclaré Toloba lundi à Jeune Afrique. « J’ai créé Dan Na Ambassagou parce qu’il y avait des attaques dans le pays dogon, où le gouvernement est absent. Le 27 septembre 2018, nous avons signé un cessez-le-feu et le gouvernement a promis qu’il allait sécuriser le pays dogon, mais jusque-là rien n’a été fait », a-t-il argué. Plusieurs représentants de la communauté peule évoquent pour leur part un « nettoyage ethnique » et réclament des sanctions. Dans une interview accordée à Jeune Afrique, Ali Nouhoum Diallo, ex-président de l’Assemblée nationale et figure de la communauté peule malienne, lançait ainsi un appel pressant aux autorités : « Il faut désarmer ceux qui se livrent à ces tueries et massacres. Il faut les mettre hors d’état de nuire. » C’est dans ce contexte tendu que les enquêteurs travaillent. Et le procureur de Mopti, Maouloud Ag Najim, prévient : « Les conclusions de l’enquête sont loin d’être tirées ».Quelle est votre réaction ?






