La justice de RDC veut enquêter sur son ministre de tutelle

Constant Mutamba, ministre congolais de la Justice, est soupçonné de détournement de fonds publics

23 Mai 2025 - 09:04
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La justice de RDC veut enquêter sur son ministre de tutelle
Le ministre de la Justice Constant Mutamba pourrait faire l'objet d'une enquête prochaine

En République démocratique du Congo, le ministre d'État à la Justice, Constant Mutamba, pourrait faire face à la justice. Le procureur général près la cour de cassation a en effet sollicité, auprès de l'Assemblée nationale, l'autorisation d'ouvrir une information judiciaire. Le ministre est soupçonné de détournement de plusieurs millions de dollars de fonds publics.

39 millions de dollars 
Dans son réquisitoire présenté, hier [21.05.25], devant les députés nationaux, le procureur Firmin Mvonde a mis en cause Constant Mutamba dans une affaire de détournement de 39 millions de dollars, destinés à la construction de la prison de Kisangani, dans le nord-est du pays.

Une commission spéciale mise en place par l'Assemblée nationale devra entendre séparément le ministre et le procureur général, avant de prendre une décision.

La Ligue congolaise de lutte contre la corruption, la Licoco, souhaite que la réponse des députés soit positive.

"Nous espérons que c'est ça la procédure et nous pensons effectivement que l'Assemblée nationale va autoriser que le parquet puisse poursuivre le ministre de la Justice, vu les faits qui lui sont reprochés, explique le président de la Licoco, Ernest Mpararo. Nous demandons aux députés nationaux de voter pour que le ministre puisse répondre de ses actes."

Appel à la démission
Papy Niango, avocat au barreau de Kinshasa-Matete, conseille à Constant Mutamba de démissionner pour mieux pouvoir affronter la justice :

"Sa lettre de démission doit être adressée au président du bureau de l'Assemblée nationale et au procureur général près la cour de cassation, à qui il devra annoncer qu'il renonce à la procédure d'autorisation devant la plénière de l'Assemblée nationale. Aussitôt que le président de la République prendra acte de sa démission, il doit se mettre à la disposition du procureur général. S'il n'est pas impliqué, il sera disculpé et il sortira la tête haute."

Récemment, les cas de condamnation pour corruption de responsables politiques se sont multipliés en RDC.

D'autres (ex-)responsables congolais mis en cause
L'ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo, actuellement député national, a été condamné, ce mardi (20 mai) à dix ans de travaux forcés pour détournement de deniers publics.

Junior Mata, directeur général de la Caisse nationale de sécurité sociale des agents publics, la CNSSAP, a été interpellé pour un présumé détournement de 20 millions de dollars.

Ernest Mpararo, président de la Licoco, dénonce toutefois une justice sélective : "Il y a des cas où les auteurs sont protégés par le pouvoir en place et des cas où les auteurs ne sont pas protégés, croit-il savoir. C'est là le comble que nous avons, étant donné que la justice n'est pas indépendante. Il y a plusieurs cas qui sont devant le bureau du procureur, mais dont les résultats ne sont pas visibles."

Les Congolais, dont près des trois quarts vivent en dessous du seuil de pauvreté, assistent à la multiplication des affaires financières qui touchent une partie de la classe politique.

Jean-Noël Ba-Mweze

Source: https://www.dw.com/fr/

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