La levée des sanctions américaines, divine surprise pour le régime soudanais

La décision de Washington conforte le régime du président Omar Al-Bachir.
Perte des réserves pétrolières
Les sanctions économiques visant Khartoum – dont un embargo commercial – remontent à 1997, dans la foulée de la tentative ratée d’assassinat du président égyptien Hosni Moubarak, lors d’un sommet africain à Addis-Abeba (Ethiopie), par un commando islamiste armé égyptien venu du Soudan. Une décennie plus tard, elles avaient été renforcées en pleine crise du Darfour, pour laquelle le président Omar Al-Bachir est inculpé de « crimes de guerre », « crimes contre l’humanité » et « génocide » par la Cour pénale internationale, sans effet. Washington avait promis à Khartoum une levée des sanctions si le Soudan ne s’opposait pas à la sécession, en 2011, du sud du pays. Le Soudan du Sud a accédé à l’indépendance mais les sanctions sont restées en place, aggravant la crise économique provoquée par la perte des réserves pétrolières, dont la majorité se trouve dans le Sud. De l’aveu même des diplomates américains, les sanctions imposées au Soudan n’ont pas déstabilisé le régime et ont surtout affecté la population. Leur levée devrait accélérer le redressement des comptes du pays, qui s’est engagé dans l’exploitation aurifère et l’agriculture d’exportation pour compenser la perte des recettes pétrolières.Partenaire obligé de l’UE
Le gouvernement soudanais, qui a engagé un long et difficile dialogue national avec son opposition politique, a également su mettre à profit ses activités géopolitiques pour s’attirer les faveurs américaines et européennes. La participation de troupes soudanaises à la coalition arabe au Yémen, contre les rebelles houthistes soutenus par l’Iran, et, surtout, l’engagement de Khartoum à ne plus acheter d’armes nord-coréennes, ont convaincu Washington. Côté européen, l’influence soudanaise dans le sud de la Libye et l’emplacement stratégique du Soudan sur les routes migratoires reliant l’Afrique de l’Est à la Méditerranée ont fait de Khartoum un partenaire obligé. Reste à savoir si les efforts montrés ces derniers temps se poursuivront, notamment par un dialogue avec l’opposition armée, affaiblie par les divisions mais toujours active dans le sud et l’ouest du pays. Il est ainsi question d’une réunion à Paris dans les semaines à venir.Quelle est votre réaction ?






