La sempiternelle crise israélo-palestinienne : Symbole d’une Communauté Internationale toujours régie par des rapports de force
La fin de la seconde guerre mondiale aurait enfanté une anomalie politique et diplomatique sur fond de crise identitaire et religieuse.

À elle seule, elle saperait tout effort d’égalité des États dans le concert des Nations, même sur le plan symbolique, et consacrerait un principe bien moins civilisé. Malgré l’évolution des mentalités depuis le jugement au Tribunal de Nuremberg en passant par l’Accord de Francisco, et la consécration de la diplomatie onusienne tribunienne, la raison du plus fort reste toujours la meilleure.
Sujet de forte polarisation à l’échelle de la planète, le conflit israélo-palestinien ne cesse de marquer les esprits. À différentes parties du globe, l’on est soit pro-palestinien, soit pro-israélien. Et il semblerait que plus l’on cherche à être objectif quant à l’analyse de cette crise, la pensée penche forcément d’un côté selon notre confession religieuse, notre sensibilité politique ou appétence politique. Jérusalem, la ville trois fois saintes, cristallise à elle seule toutes ces dissensions car abritant des lieux saints des trois grandes religions monothéistes : le Mur des Lamentations pour les juifs, le Saint-Sépulcre pour les chrétiens et la Mosquée Al Aqsa ou l’Esplanade des Mosquées pour les musulmans. Pour l’État d’Israël, la considération est toute simple. Jérusalem est la capitale éternelle du peuple juif et son autorité sur cette ville ne doit point faire l’objet de débat. Et au-delà de Jérusalem, la Palestine ne saurait constituer un quelconque État.
Le Hamas, un alibi politique sous Netanyahou
La situation contemporaine illustre bien cette logique de refus. Depuis plusieurs années, Benjamin Netanyahou s’est appuyé sur l’existence du Hamas comme preuve de l’impossibilité d’un État palestinien viable. En présentant le mouvement islamiste de Gaza comme une organisation irrémédiablement hostile à la paix, il a pu convaincre une partie de l’opinion israélienne et internationale que tout État palestinien constituerait une menace existentielle pour Israël.
Mais pour de nombreux analystes, cette stratégie relève d’un calcul politique : maintenir le Hamas fort à Gaza et l’Autorité palestinienne affaiblie en Cisjordanie permet de dire qu’« il n’y a pas de partenaire crédible avec qui négocier ». Plusieurs révélations dans la presse israélienne ont même mis en lumière une tolérance d’Israël aux financements extérieurs du Hamas (notamment par le Qatar), car cela servait indirectement les intérêts d’un gouvernement israélien peu enclin à négocier la création d’un État palestinien.
Ainsi, loin d’être seulement un adversaire militaire, le Hamas est devenu, sous Netanyahou, un alibi pratique pour figer le statu quo et repousser sine die toute solution politique sérieuse à deux États.
À l’origine était une lettre
Arthur James Balfour, ministre des Affaires Étrangères britannique envoie une lettre, le 02 novembre 1917 à Lord Lionel Walter Rothschild, figure influente du mouvement sioniste au Royaume-Uni. Dans cette lettre, M. Balfour exprimait le soutien du gouvernement britannique à l’établissement en Palestine d’un « foyer national juif ». Voici la phrase centrale de cette lettre :
« Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif, et emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte aux droits civils et religieux des communautés non juives existantes en Palestine, ni aux droits et au statut politique dont jouissent les Juifs dans tout autre pays. »
Dès lors, l’idée de foyer juif lancé, sa concrétisation ne fut qu’une question de temps puisque de plus en plus de communautés juives à travers l’Europe et les États-Unis adhérèrent. Pendant la même période, les britanniques tentaient de sceller un accord de principe avec les communautés arabes de la région en témoigne la célèbre correspondance Hussein-McMahon, 1915-1916 en échange de leur révolte contre l’Empire ottoman. La lettre fut donc semble-t-il instrumentalisé, à en croire la bonne foi de M. Balfour.
Et puis la lettre devint la Déclaration de Balfour. Instrument qui servira de base au protectorat britannique que fut la Palestine.
Aujourd’hui, la politique mortifère de Netanyahu implique une prise de position forte d’acteurs étatiques qui essayaient de maintenir une stature nuancée vis-à-vis du conflit. Résultat, une reconnaissance en cascade d’un État palestinien, l’exact opposé de ce que voulait empêcher « Bibi ».
Ahmed M. Thiam
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