Financement libyen : Sarkozy, la descente aux enfers

Nicolas Sarkozy, illusionniste de la République devenu prisonnier de ses propres manœuvres, incarne aujourd’hui une trajectoire politique tragique.

29 Sep 2025 - 01:40
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Financement libyen :  Sarkozy, la descente aux enfers

 De Tripoli à Bamako, sa stratégie du chaos, longtemps dissimulée derrière les artifices de la diplomatie, s’effondre sous le poids des révélations judiciaires. Le 25 septembre 2025, la justice française a condamné l’ancien président à cinq ans de prison, dont un an ferme, pour association de malfaiteurs dans l’affaire du financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007.

Une sentence historique, qui marque le point final d’un mensonge d’État. Mais cette chute ne s’arrête pas à la condamnation. Elle se prolonge dans un climat délétère où la démocratie elle-même vacille : la présidente du tribunal correctionnel ayant prononcé la peine est aujourd’hui visée par des menaces de mort et d’agression violente sur les réseaux sociaux. Deux enquêtes ont été ouvertes par le parquet de Paris, confiées au Pôle national de lutte contre la haine en ligne. La photo de la magistrate a été diffusée, son adresse exposée, et sa sécurité compromise - révélant une dérive inquiétante où le débat judiciaire est remplacé par l’intimidation politique.

Tripoli 2007 : naissance d’un pacte toxique

Tout commence dans les salons dorés de l’Élysée, où Mouammar Kadhafi est reçu en grande pompe en décembre 2007. Derrière les apparences diplomatiques, un pacte secret : selon les juges, le régime libyen aurait versé jusqu’à 50 millions d’euros pour financer la campagne de Sarkozy. En échange, le président français aurait promis une réhabilitation internationale du colonel.

Mais cette alliance se transforme en trahison. En 2011, Sarkozy orchestre l’intervention militaire en Libye, précipitant la chute et la mort de Kadhafi. Une volte-face brutale, interprétée comme une opération d’effacement : éliminer celui qui pourrait parler, détruire les preuves, et réécrire l’histoire. Ce renversement marque le début d’un chaos régional.

Bamako 2012 : le Mali sacrifié sur l’autel de la rancune

La guerre en Libye provoque un effondrement sécuritaire dans toute la région. Les milices touarègues, anciennement soutenues par Kadhafi, retournent au Mali avec des armes lourdes. En 2012, elles déclenchent une insurrection dans le nord du pays. Le Président Amadou Toumani Touré, jugé trop proche de Kadhafi par Sarkozy, est abandonné par Paris. Son régime s’effondre dans l’indifférence, ouvrant la voie à un coup d’État militaire et à l’occupation djihadiste du nord du Mali.

Ce désengagement français, alors que le Mali implore un soutien, est perçu comme une vengeance diplomatique. Sarkozy, obsédé par l’effacement de ses liens libyens, aurait volontairement laissé le Mali sombrer. De 2012 à 2025, le pays devient un champ de bataille, la France s’enlise dans une guerre sans fin, et les populations civiles paient le prix d’une rancune présidentielle.

2025 : le jugement d’un homme et d’une époque

La condamnation de Sarkozy pour association de malfaiteurs dans l’affaire du financement libyen est l’aboutissement d’une série de procès : corruption dans l’affaire des écoutes, financement illégal dans l’affaire Bygmalion, et enquêtes en cours sur ses activités de conseil en Russie et au Qatar. Mais cette fois, la justice frappe au cœur du système. Et pourtant, au lieu d’un débat serein sur les responsabilités, la France assiste à une campagne de harcèlement contre les juges. La présidente du tribunal est ciblée comme une ennemie politique, sa vie privée exposée, sa sécurité menacée. Ce climat de haine, alimenté par des soutiens politiques et des réseaux militants, révèle une crise démocratique : celle d’un pays où la justice devient une cible, et où l’État de droit vacille sous les coups de l’impunité.

Un président devenu paria

La presse internationale ne s’y est pas trompée. De The Guardian à El País, de FAZ à The New York Times, les éditorialistes soulignent le caractère inédit de cette chute. Sarkozy, jadis incarnation de la modernité politique, est désormais l’illustration d’un système corrompu, d’une diplomatie cynique, et d’un pouvoir dévoyé.

La descente aux enfers de Nicolas Sarkozy n’est pas seulement judiciaire. Elle est morale, historique, géopolitique. Elle révèle comment un homme, par ambition personnelle, a pactisé avec l’infréquentable, trahi ses engagements, et semé le désordre dans deux continents. Et comment, malgré les années, la vérité finit toujours par rattraper ceux qui croyaient pouvoir la manipuler.

Khaly-Moustapha LEYE

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