Coopération Mali –Japon : Des investisseurs nippons à Bamako
Une délégation d'investisseurs japonais se trouve actuellement à Bamako, marquant une étape décisive dans l'approfondissement des relations économiques entre le Mali et le Japon.

Cette visite, qui fait suite au Forum Mali–Japon tenu à Osaka en juillet 2025, prépare activement la deuxième édition prévue à Bamako en 2026. Rendez-vous est pris dans l'agenda international du Mali.
Conduite par l'entrepreneur maliano-japonais Mahmoud Danté, la mission vise à évaluer les opportunités économiques locales, à concrétiser des partenariats publics-privés et à identifier les secteurs d'investissement prioritaires. Les discussions se sont concentrées sur trois domaines clés : l’agriculture, avec pour objectif le développement de chaînes de valeur et la modernisation des pratiques ; l’énergie, notamment les énergies renouvelables et les infrastructures ; et l’éducation, pour favoriser le transfert de savoir-faire et le renforcement des capacités locales.
L’engagement financier du Japon est déjà significatif. Un montant de 10,65 millions de dollars américains a été mobilisé pour le développement local et la résilience communautaire, auquel s’ajoutent 6 millions de dollars supplémentaires destinés à la stabilisation des zones frontalières. Ce financement, équivalent à environ 6,6 milliards de FCFA, s’inscrit dans le cadre du budget supplémentaire japonais pour l’exercice 2024–2025.
Pour garantir la bonne exécution et le suivi des projets, les autorités maliennes ont désigné deux structures d’accompagnement essentielles : l’Agence pour la promotion des exportations (APEX) et la Cellule technique de réforme du climat des affaires (CTRCA).
Projets structurants et approche intégrée
La mission japonaise vise à accélérer la mise en œuvre de projets structurants qui combinent développement durable, innovation technologique et aide humanitaire. Dans le domaine agricole et hydraulique, des projets concrets prévoient la construction de pistes rurales, de réservoirs d’eau et de canaux d’irrigation. Une innovation notable réside dans l’utilisation d’un agent spécial de durcissement du sol développé au Japon, destiné à améliorer l’accès aux zones rurales et à renforcer la productivité.
Dans le secteur textile, un effort est porté sur le renforcement de la durabilité en partenariat avec le secteur privé malien. L’objectif est de moderniser les techniques de production et de stimuler la création d’emplois locaux. Par ailleurs, une approche multisectorielle est adoptée pour appuyer la stabilisation des régions du Centre du Mali et renforcer la protection humanitaire. Ces actions incluent le soutien aux femmes et jeunes déplacés dans les zones périurbaines de Bamako, la mise en place d’infrastructures de base et de moyens de subsistance inclusifs. Une assistance alimentaire d’urgence est également mise en œuvre par le Programme alimentaire mondial (PAM), tandis que des fonds sont alloués à l’UNHCR et au CICR pour soutenir les réfugiés et déplacés internes dans les zones de crise.
Cette intensification des échanges ouvre la voie à des investissements durables et illustre une volonté commune de consolider les liens économiques entre Bamako et Tokyo.
Analyse stratégique et synergies potentielles
La mission japonaise s’inscrit dans une logique de partenariat durable et technologique. L’analyse stratégique suivante met en lumière les retombées potentielles et cartographie les synergies entre les projets existants et les nouveaux axes d’investissement identifiés : l’agriculture, l’énergie et l’éducation.
Sur le plan économique, la diversification des investissements étrangers, l’accroissement des exportations via l’APEX et l’amélioration du climat des affaires grâce à la CTRCA contribuent à réduire la dépendance économique et à stimuler la croissance par le secteur privé. D’un point de vue socio-économique, la création d’emplois qualifiés dans le textile, l’amélioration des revenus ruraux grâce aux infrastructures agricoles et le renforcement des capacités locales par l’éducation participent à l’amélioration du niveau de vie, à la réduction de l’exode rural et à la structuration des filières.
Les retombées humanitaires et de stabilité sont également notables. La stabilisation des zones fragiles, le soutien aux populations déplacées et la sécurité alimentaire renforcent la cohésion sociale, désamorcent les tensions communautaires et appuient les efforts de paix. Enfin, sur le plan technologique, le transfert de technologies japonaises - telles que le durcissement du sol et la modernisation textile - ainsi que l’expertise en énergies renouvelables permettent la modernisation des infrastructures, l’augmentation de la productivité et l’adoption de pratiques durables.
Les projets en cours et les secteurs ciblés ne sont pas isolés ; ils présentent des synergies fortes qui permettent une approche de développement intégrée. Par exemple, les investissements dans l’énergie solaire sont cruciaux pour moderniser l’agriculture, notamment en alimentant les systèmes d’irrigation par des pompes solaires. Cela permet d’augmenter la productivité agricole tout en réduisant les coûts d’exploitation.
Le transfert de savoir-faire est indispensable à l’adoption des nouvelles techniques agricoles. L’expertise japonaise en développement de chaînes de valeur et en technologies innovantes doit être intégrée dans les programmes de formation technique et professionnelle, afin de créer une main-d’œuvre rurale qualifiée.
Le développement des énergies renouvelables nécessite également des compétences locales spécifiques. Le volet éducatif peut ainsi cibler la formation de techniciens et d’ingénieurs maliens dans l’installation, la maintenance et la gestion des infrastructures énergétiques, assurant la pérennisation des investissements.
Enfin, le renforcement de la durabilité du secteur textile constitue un levier d’inclusion économique pour les populations vulnérables. Les projets de résilience peuvent intégrer des modules de formation et d’entrepreneuriat liés au textile, offrant des moyens de subsistance stables dans les zones périurbaines de Bamako et contribuant directement à la cohésion sociale.
En capitalisant sur ces synergies, la mission japonaise ne se contente pas d’aligner des projets individuels, mais elle contribue à tisser un modèle de développement interconnecté et résilient pour le Mali.
M. SANOGO
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