Chronique : Harcèlement… textuel
Ils se sont virtuellement connus sur les réseaux sociaux avant de pouvoir se rencontrer dans la vie réelle. Ils ont passé des heures et des journées à s’échanger des messages et des images.

L’ivresse de ces échanges étouffant toute crainte, chacun se laissait alors aller, en restant sur son petit nuage. Mais un beau jour, la romance a tourné court et la Belle au bois dormant a décidé d’éconduire son prince charmant qui n’avait, en réalité, aucune qualité qu’il se donnait et qui se révélera d’ailleurs être un être perfide camouflé sous un masque d’ange.
Furieux de ne plus pouvoir roucouler auprès de sa belle, il devient alors son bourreau en l’inondant avec des messages interminables et malveillants. Ce harcèlement textuel va rapidement se muer en cyberharcèlement avec le partage de certains échanges, voire de la publication d’images peu glorifiantes de la personne. Tétanisée par la peur du regard des parents et des autres, tenaillée par les remords et totalement désorientée, la personne vit ce drame silencieux jusqu’au jour où les évènements prennent une tournure dramatique.
Des histoires de ce genre, il en existe des centaines voire des milliers, chacune avec ses réalités et toutes avec leur mélodrame, parfois tragique. Le harcèlement textuel, au-delà du domaine amoureux, existe dans les relations amicales, dans la sphère professionnelle et même, aussi bizarre que cela puisse paraitre, de manière anonyme. Nos téléphones sont souvent inondés de messages et de vocaux indésirables. Des individus mal intentionnés qui, profitant de leur présence sur certains groupes WhatsApp, récupèrent votre numéro pour vous pourrir la vie sans que vous ne sachiez pourquoi.
On aura beau ignorer les premiers messages, on aura beau bloquer les numéros indésirables avant que les intéressés n’en prennent d’autres, et de guerre lasse, on commence par être psychologiquement et mentalement éprouvé. Profitant de la viralité des réseaux sociaux, ces êtres démoniaques, en mondovision, viendront vous salir sur la Toile, vous discréditer et vous donner le dégoût de vous-même. Vous auriez beau être fort mentalement, la détresse de votre famille et de votre entourage vous marquera à coup sûr.
Et pourtant, la loi est du côté des victimes de ce genre de chantage. De plus en plus, nombreux sont ceux qui osent publier des échanges de messages ou d’images privés sur les réseaux sociaux sans le consentement de la personne concernée. En effet, aux yeux de la loi, un contenu partagé n’est pas « re partageable » s’il est privé, ou protégé par des droits d’auteur. Ainsi, partager une capture d’écran qui divulgue, par exemple, une conversation privée sans l’accord de l’interlocuteur est passible de poursuites.
Que cela soit donc claire, la diffusion d'un tchat privé, de messages électroniques, sms et autres sans avoir le consentement de l'autre personne sera toujours considérée comme étant illégale. Il est donc important de reconnaître la frontière entre les conversations privées et la communication publique. Selon le contexte et le message de l'information, le régime juridique change et s'adapte.
Face au harcèlement textuel, n’attendez pas que les choses s’enveniment. Saisissez rapidement la justice afin de briser le cycle infernal de ce lourd silence qui nous ronge et nous brise intérieurement, faisant de nous des coupables devant être châtiés sur l’autel des réseaux sociaux et non des victimes.
Salif SANOGO
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