Affrontements sanglants à la frontière Algéro-malienne

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Au regard des évènements qui secouent la région de Kidal, l’on se demande si l’Accord d’Alger a atteint son objectif : ramener la paix dans le septentrion. Car, non seulement, le Comité de suivi et de coordination – chargé d’appliquer les termes dudit Accord – ne parvient pas à être fonctionnel, mais beaucoup de kidalois sont en train de fuir la zone…

Notre source, une femme tamasheq, est formelle : « Chaque nuit presque, et souvent en plein jour, on entend des pétarades et des coups de feu venant de loin. Dans la ville de Kidal, tout le monde est sur le qui-vive, et beaucoup d’activités sont au ralenti ou ont cessé complètement. Certains militaires, très tendus, tirent à la moindre fausse alerte : ils ne dorment même plus… J’ai moi-même perdu un parent, au cours des affrontements dans les grottes de Tegharghart, le mois dernier. On croyait que c’était entre berbères et tamasheqs. Mais renseignements, pris, il s’est avéré que c’était une bataille entre insurgés et éléments algériens. Aujourd’hui, les gens ont très peur là-bas, malgré la présence des militaires ».

Pas moins d’un mois après l’accord d’Alger, les troubles ont pris de l’ampleur, remettant en cause, les efforts entrepris pour ramener le calme dans la zone. Début octobre, des éléments du GSPC (Groupe Salafiste pour la Prédiction et le Combat) tombent dans un piège tendu par les insurgés du 23 mai, le long de la frontière algéro-malienne. Le bilan est mitigé, mais des combattants salafistes sont tués, dont lieutenant Abderazak « Le Para ». Au même moment, les insurgés devraient honorer leurs promesses, contenues dans les accords d’Alger. En l’occurrence, se démobiliser et remettre, au médiateur algérien, les armes et munitions volées le 23 mai dernier aux casernes de Kidal et de Ménaka. Ce qui n’est pas fait.

Pire, des tensions ont surgi entre Iyad Aghali et Hassane Fagaga. Tensions qui ont tourné en bagarres rangées. En sont-ils venus aux mains ? Toujours est-il qu’après le premier affrontement, entre insurgés et salafistes, l’Algérie dote Iayd et ses hommes d’armes, de véhicules, de vivres et d’argent. Et le 23 octobre, les combattants du GSPC remboursent la pièce de leur monnaie : ils attaquent une patrouille des insurgés, dans les parages de Taoudénit. Cinq insurgés sont tués, et deux faits prisonniers. Jusqu’au lendemain, les combats se sont poursuivis le long de la frontière.

Dès lors se pose une foule de questions : Est-ce pour n’avoir pas respecté les termes de l’accord d’Alger – dont la restitution des armes et munitions volées – que les insurgés se sont décidés à « aider » l’Algérie dans sa traque aux salafistes ? Ces attaques contre le GSPC font-elles partie d’un accord tacite, signé entre insurgés maliens et autorités algériennes ? L’Algérie chercherait-elle à obtenir, des insurgés, ce qu’elle n’a pu obtenir des autorités maliennes ? A savoir, l’implication du Mali, dans la croisade contre les salafistes. L’Algérie se serait-elle érigée en « médiatrice » rien que pour assouvir sa libido anti-salafiste ? Autant de questions qui risquent de mettre à mal les Accords d’Alger. Mais aussi, les relations algéro-maliennes. Depuis des mois, des éléments de l’Armée algérienne surveillent la ligne frontalière, en vue de contrer les infiltrations salafistes en territoire algérien. Si bien qu’actuellement, le GSPC se trouve pris… entre trois fronts, puisque les américains aussi surveillent, discrètement, ces échauffourées, entre ces deux Mouvements…

Pourvu que ces affrontements ne s’infiltrent à l’intérieur du territoire malien… Au degré où « chauffent les choses », il n’est plus question de retrait – ni de retraite – de l’armée malienne, au Nord, tel que « stipulé » dans l’accord d’Alger. Ou du moins, tel que souhaité par les insurgés. Il est urgent d’y renforcer les effectifs militaires, au cas où… Mais, quel sort réserver désormais à l’Accord d’Alger.

 

Le Viator

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