Au cours de la semaine dernière, il y a eu, au moins, trois faits assez significatifs pour être étudiés. Ils ont certes été perçus par beaucoup, pour d’autres raisons, mais ont sans doute été classés anodins pour certains. Surtout, normaux, ils révèlent l’état d’esprit et l’opinion des Maliens vis-à-vis des forces armées et de sécurité.
Le premier a été rapporté par le quotidien gouvernemental. Selon «
L’Essor », quatre individus, sans doute de peau blanche, à bord d’un véhicule 4x4, ont tenté d’attaquer le camp militaire de Sévaré. Le même journal, dans le même article, rapporte également qu’un individu, signalé par des habitants, a été appréhendé à Mopti, en possession de plusieurs pistolets mitrailleurs. Sans doute comptait-il s’en servir pour prendre le contrôle de la ville d’ATT.
Le deuxième fait est, depuis le camp militaire Soundjata de Kati, un appel du Comité national de redressement de la démocratie et de restauration de l’Etat. A la radio et à la télévision, les putschistes invitent les populations du nord à résister aux assaillants, les groupes armés qui les contrôlent elles et leurs terroirs.
Le troisième fait, multiforme, s’est déroulé à Bamako. A la faveur d’un rassemblement du Collectif des ressortissants du nord (COREN, Mopti, Tombouctou, Gao, Kidal), de jeunes, adultes et vieux, femmes et hommes, tous des nordistes ont demandé à la junte de leur fournir des armes pour qu’ils aillent se battre dans leurs localités occupées par l’ennemi. Quelques heures plus tôt, dans l’enceinte de l’Assemblée nationale, des députés dont une femme, Safiatou Traoré (36 ans en novembre), faisaient la même requête : aller se battre comme volontaire. A signaler que ces volontaires ne sont pas tous des ressortissants du nord. Pour eux, ce n’est pas une question de nord ou de sud, mais une question nationale.
Ces trois faits constituent, à n’en point douter, une défiance envers les forces armées et de sécurité. Un cinglant désaveu.
Dans le premier cas, seulement quatre hommes, fussent-ils armés chacun d’un véritable arsenal de guerre, tentent d’attaquer un camp militaire occupé par des centaines de soldats. S’ils ont cru pouvoir réussir, c’est qu’ils ont piètre opinion de cette armée. Ils se sont certainement dit que si à Menaka, Aguel hok, Tessalit, Gao, Kidal et Tombouctou, il a fallu aux assaillants de tirer quelques coups de feu en l’air pour que l’armée opère un repli tactique, ils en feront autant ici à Sévaré. Malheureusement pour eux, les militaires ont eu le temps de les compter et d’évaluer leurs armements. Sans cela, les repliés stratégiques se seraient retrouvés à Ségou.
Par son communiqué, le Cnrdre demande aux populations de faire ce que l’armée, payée et entretenue pour cela, n’a pas pu faire: résister, défendre et mourir sur le champ de l’honneur, les armes à la main. Seulement, les populations elles n’ont pas d’armes. Et si ailleurs elles en demandent pour aller se battre, c’est parce qu’elles ont compris, ces civils, que les militaires ne sont pas les hommes de la situation. Quand Amadou Haya Sanogo, éphémère chef suprême des armées demande à ses hommes de laisser les populations à leur triste sort, les populations civiles préfèrent demander des armes pour aller se battre contre les auteurs des saccages, pillages, viols, vols, tortures, famine et maladies.
«Comptons d’abord sur nos propres forces » comme aime à le dire un certain parti politique.
C.T