Les politiques face aux accords d’Alger Le suicide collectif
Les BPN ou CD des partis politiques multiplient les réunions et autres conclaves pour examiner les accords d’Alger du 4 juillet entre le gouvernement du Mali et les insurgés du 23 mai 2006. Autres temps militaires, autres mœurs politiques, sans doute !
Les BPN ou CD des partis politiques multiplient les réunions et autres conclaves pour examiner les accords d’Alger du 4 juillet entre le gouvernement du Mali et les insurgés du 23 mai 2006. Autres temps militaires, autres mœurs politiques, sans doute ! La forme et le contenu desdits accords agréent-ils aux formations politiques en ce qui concerne la conduite «exclusive » des négociations en terre étrangère d’Algérie, l’unité nationale et l’intégrité territoriale ?
Comment appliquer ces accords sans grincement de dents de part et d’autre ? La paix et la sécurité seront-elles garanties pour autant à Kidal et dans le reste du septentrion malien ? Comment dénoncer ces accords en conformité avec leur base respective et rester en même temps sur la logique de soutien «indéfectible » à ATT ? Voilà le dilemme de type cornélien auquel sont confrontés les partis dont la gêne s’apparente plutôt à un suicide collectif.
Les partis politiques estiment-ils que le «patrimoine territorial » du pays est en train d’être bradé sans qu’il puisse le dénoncer comme cela se doit ? En tout cas une fois n’est pas coutume : la réunion du BPN de l’US-RDA n’est pas sanctionnée par un communiqué à caractère politique sur un sujet d’intérêt national et hautement stratégique comme celui du Nord. En effet, le parti de la Charrue attelée a examiné samedi dernier à son siège, sis à Missira II, les fameux accords d’Alger dont la signature est loin de faire l’unanimité en son sein. Dans le fond, selon des sources proches du parti de l’Indépendance, le BPN n’est pas d’accord avec les termes desdits accords. «Mais le vin est tiré, il va falloir maintenant le boire », a soutenu le BPN. Aussi, a-t-il plaidé, les uns et les autres doivent-ils s’atteler à leur application correcte de manière à préserver l’unité nationale et l’intégrité du territoire du Mali «un et indivisible ».Gêne politique
Mai le dilemme ou la gêne du BPN de l’US-RDA est la même que celle des autres états-majors politiques qui sont en déphasage total avec leur base respective au sujet des ces accords. Les premiers ne voulant aucunement offusquer le président ATT auquel ils expriment ouvertement leur soutien indéfectible et inconditionnel. Or ATT est le seul artisan (le général Kafougouna KONE était son mandataire) de ces accords. Ne pas soutenir lesdits accords, selon un syllogisme étriqué, équivaudrait donc à ne pas soutenir ATT. Ce qui revient à dire que toute critique de quelque action que ce soit est automatiquement assimilée à une farouche opposition au régime ATT. De l’autre côté, les militants de base ne s’embarrassent guère de civilités politiques en la matière : pas d’accord avec les accords d’Alger. Ce qu’ils perçoivent avant tout, c’est l’impunité accordée aux mutins du 23 mai dernier et l’irrédentisme d’une partie de la communauté touarègue à vouloir prendre en otage toute la république à des fins exclusives et personnelles. Nombreux sont, en effet, ceux parmi eux qui pensent que l’Etat a beaucoup fait au Nord depuis le Pacte national d’avril 1992, mais que lesdits efforts (malgré les faibles moyens de l’Etat) ne sont pas reconnus à leur juste valeur par lesdits insurgés toujours «insatisfaits » de leurs conditions de vie et de travail ou d’oisiveté à vrai dire.Comportement de survie
En choisissant de s’aligner aveuglement sur la position du président Amadou Toumani TOURE, les états-majors politiques prennent du coup le risque de s’aliéner la sympathie politique de leurs comités de base. C’est la raison pour laquelle, tous s’abstiennent de descendre dans l’arène d’en bas pour expliquer ou justifier les accords d’Alger à leurs militants respectifs. Cette tâche, ils vont la laisser au négociateur en chef (le général Kafougouna KONE) et aux autres membres du gouvernement Pinochet (désormais associés à la campagne) pour convaincre l’opinion nationale qui reste majoritairement sceptique sur la portée réelle des accords pour parvenir à la paix et à la sécurité à Kidal et dans tout le Nord du pays. Aussi, le locataire de Koulouba attendra-t-il en vain le remake du meeting post 27 mars 2005 pour soutenir son action à la tête du pays quelles qu’en soient la nature et la finalité.
Ce comportement de survie ou de prébende des partis politiques n’est rien d’autre qu’un suicide collectif à la longue. Car ATT, tout président qu’il est, compte pour une seule voix électorale. Les marocains administratifs et autres prébendes économiques ne pouvant assurer que quelques mois de vaches maigres sans lendemains enchanteurs sur le long terme en matière de conquête, d’exercice et de conservation (mandatée et provisoire) du pouvoir politique. Aussi, choisir de ne pas choisir le camp de ses militants de base, c’est choisir la mort politique de façon inéluctable. En un mot, c’est un suicide pur et simple. A moins d’être un phénix en 2007 ou en 2012 !
Par Seydina Oumar DIARRA-SOD
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