Le sommet Afrique-France de janvier 2017 Ă Bamako (capitale du Mali) est le 27Ăš depuis l’instauration de ces rencontres par le prĂ©sident Georges Pompidou en 1973. Nombreux sont les instruments de la coopĂ©ration franco-africaine, mais le sommet Afrique-France reste la plus grande preuve des liens toujours plus Ă©troits entre la France et l’Afrique en gĂ©nĂ©ral et ses anciennes colonies en particulier. L’importance accordĂ©e des deux cĂŽtĂ©s Ă cette rencontre pĂ©riodique se trouve dans la croissance du nombre de participants qui est passĂ© de sept chefs d’Ătat ou de gouvernement en 1973, Ă 37 Ă La Baule en 1990, pour en arriver Ă une cinquantaine attendue Ă Bamako, ce 14 janvier 2017.
1er sommet, Paris 13 novembre 1973
C’est le prĂ©sident nigĂ©rien Hamani Diori , relais influent de la diplomatie française en Afrique, qui a eu l’initiative de cette rencontre Ă laquelle assistent outre Hamani Diori, les piliers de la zone francophone : FĂ©lix HouphouĂ«t-Boigny (CĂŽte d’Ivoire), Albert-Bernard Bongo (Gabon) devenu plus tard Oumar Bongo Ondimba, le gĂ©nĂ©ral SangoulĂ© Lamizana (Haute-Volta devenu par la suite Burkina Faso avec Thomas Sankara), le gĂ©nĂ©ral Jean-Bedel Bokassa (Centrafrique qui se proclamera des annĂ©es plus tard empereur, transformant ainsi la RĂ©publique Centrafricaine en empire), LĂ©opold SĂ©dar Senghor (SĂ©nĂ©gal) et 4 dĂ©lĂ©gations de ministĂšre des Finances: Congo, Dahomey (devenu BĂ©nin), Mali, Togo. La rĂ©union dĂ©finit un cadre pour les futures rencontres: organisme de concertation mutuelle de la coopĂ©ration. Mais il sera rĂ©vĂ©lĂ© plus tard par des analystes et historiens, la principale prĂ©occupation de la France, notamment celle du PrĂ©sident Georges Pompidou qui a prĂ©sidĂ© la rencontre. CâĂ©tait d’ordre gĂ©o stratĂ©gique: faire participer l’Afrique Ă la reconstruction de la paix aux abords de la MĂ©diterranĂ©e car on venait de sortir de la guerre IsraĂ©lo-Arabe.
2e sommet, Bangui 7 mars 1975
A Bangui, les diffĂ©rentes dĂ©lĂ©gations, dĂ©jĂ plus nombreuses qu’Ă la rĂ©union de novembre 1973, manifestent leur dĂ©sir de faire avancer dans le cadre d’une rĂ©union amicale, les problĂšmes de l’Afrique francophone: la situation des pays Ă©loignĂ©s de la mer, pays dits enclavĂ©s, la lutte contre la sĂ©cheresse et les catastrophes naturelles, enfin l’avenir de la francophonie. ValĂ©ry Giscard d’Estaing est le prĂ©sident français et entre les deux rencontres, Hamani Diori a Ă©tĂ© victime d’un putsch. Le Niger est reprĂ©sentĂ© par le lieutenant-colonel Seyni KountchĂ©. Le gĂ©nĂ©ral Jean-Bedel Bokassa est devenu marĂ©chal. Le major-gĂ©nĂ©ral Juvenal Habyarimana (Rwanda), instigateur d’un coup d’Ătat en juillet 1973, Michel Micombero (Burundi) sont prĂ©sents ainsi que des dĂ©lĂ©gations du ZaĂŻre, de Maurice et des Seychelles. Lors de cette rencontre, le prĂ©sident français Ă©met le vĆu d’ouvrir la rĂ©union aux pays lusophones (voisins des pays francophones et donc intĂ©ressĂ©s par la zone d’Ă©changes commerciaux.
3e sommet, Paris 10 mai 1976
Alors que les deux prĂ©cĂ©dentes confĂ©rences avaient Ă©tĂ© dominĂ©es par l’examen de problĂšmes spĂ©cifiquement africains ou euro-africains, celle de Paris se situe dans un cadre plus large: celui de l’Afrique indĂ©pendante Ă la recherche de son dĂ©veloppement. Aussi, la confĂ©rence a-t-elle portĂ© sur quatre points: l’inflation, le systĂšme monĂ©taire international, le dialogue Nord-Sud et l’aide au dĂ©veloppement.
Aux cĂŽtĂ©s du prĂ©sident français, ValĂ©ry Giscard d’Estaing, il y avait le major-gĂ©nĂ©ral Habyarimana, devenu gĂ©nĂ©ral. Le colonel Moussa Traore (Mali) et le gĂ©nĂ©ral GnassingbĂ© EyadĂ©ma (Togo) sont aussi prĂ©sents. Le Dahomey, devenu BĂ©nin, est reprĂ©sentĂ© par le ministre de l’Industrie et de l’Artisanat. Les pays lusophones (Cap-Vert, GuinĂ©e-Bissau, Sao TomĂ© & Principe) ont Ă©galement des reprĂ©sentants. L’Union des Comores, indĂ©pendante en juillet 1975, participe Ă la rĂ©union avec son ministre de l’IntĂ©rieur.
Les questions monĂ©taires et Ă©conomiques de l’Afrique indĂ©pendante sont Ă l’ordre du jour ainsi que l’aide au dĂ©veloppement. On dĂ©cide de la crĂ©ation de deux fonds: un fonds de promotion de l’Afrique, financĂ© par les pays industrialisĂ©s et un fonds de solidaritĂ© africain, financĂ© par les pays africains et la France. La France participe aux cĂŽtĂ©s de l’Allemagne fĂ©dĂ©rale, la SuĂšde et le Canada au Fonds africain de dĂ©veloppement de l’Organisation de l’unitĂ© africaine (Oua).
4e sommet, Dakar 20 avril 1977
Les travaux de ce Sommet de Dakar sont dominĂ©s par ce que le PrĂ©sident ValĂ©ry Giscard d’Estaing appelle “la montĂ©e des pĂ©rils en Afrique”. En effet, le climat d’incertitude, crĂ©Ă© par le brusque dĂ©veloppement de l’influence soviĂ©tique et la rivalitĂ© entre super-grands dans plusieurs rĂ©gions du continent africain, pĂšse sur les travaux de la ConfĂ©rence. La France, qui avait fourni un appui logistique au ZaĂŻre lors de la premiĂšre invasion de la province du Shaba, se montre ferme et rassurante: tout Etat africain a droit Ă la sĂ©curitĂ© Ă l’intĂ©rieur de ses frontiĂšres, quelles que soient ses opinions politiques, dĂ©clare le prĂ©sident français Ă l’ouverture de ce quatriĂšme sommet franco-africain. Cela dit, les problĂšmes de sĂ©curitĂ©, malgrĂ© leur importance, n’ont pas cachĂ© aux participants l’ampleur des problĂšmes Ă©conomiques, tels que l’inflation mondiale, la dĂ©tĂ©rioration des termes de l’Ă©change, l’avenir du dialogue Nord-Sud. L’influence soviĂ©tique gagne du terrain sur le continent provoquant de nouvelles tensions: les pays lusophones plongent dans des conflits intĂ©rieurs qui vont vite dĂ©passer les frontiĂšres.
La Corne de l’Afrique voit des changements d’alliance. La guerre qu’a entrainĂ© la dĂ©colonisation du Sahara espagnol, fait rage. Les problĂšmes de sĂ©curitĂ© sont Ă l’ordre du jour mais l’inflation mondiale, les termes des Ă©changes commerciaux et le dialogue Sud-sud restent les sujets dominants. DĂ©veloppement, paix, unitĂ© et coopĂ©ration sont les maĂźtres-mots. A Dakar, les 19 pays africains reprĂ©sentĂ©s rĂ©affirment avec fermetĂ© que le seul combat qui mĂ©rite d’ĂȘtre livrĂ© en Afrique est le combat pour le dĂ©veloppement dans la paix, l’unitĂ© et la coopĂ©ration.
A ce quatriĂšme sommet, le Tchad et les Seychelles, pays indĂ©pendants en juillet 1976, sont reprĂ©sentĂ©s par leurs chefs d’Ătat, respectivement, le gĂ©nĂ©ral FĂ©lix Malloum et James Mancham. Pour la premiĂšre fois, une dĂ©lĂ©gation participe comme observateur: le Territoire des Afars et des Issas.
5e sommet, Paris 22 mai 1978
Les 20 participants rĂ©unis autour du prĂ©sident français ont prĂ©sents Ă l’esprit les Ă©vĂ©nements qui se dĂ©roulent au mĂȘme moment dans la province zaĂŻroise du Shaba. Ainsi donc, plus qu’Ă Dakar, les problĂšmes de sĂ©curitĂ© pĂšsent sur les dĂ©bats, tandis que l’inquiĂ©tude se fait plus grande, Ă la mesure de l’aggravation des conflits dĂ©chirant l’Afrique au Sahara occidental, dans la Corne, au Tchad, sans oublier la dĂ©colonisation en RhodĂ©sie et en Afrique australe. “Nous devons refuser que la politique des blocs ne ravage l’Afrique” dĂ©clare le PrĂ©sident ValĂ©ry Giscard d’Estaing. De son cĂŽtĂ©, parlant au nom des Etats africains, le prĂ©sident du Togo, le gĂ©nĂ©ral GnassingbĂ© EyadĂ©ma, dĂ©nonce “la violence aveugle, l’immixtion brutale des puissances Ă©trangĂšres dans les affaires de pays souverains et revendique le droit Ă la sĂ©curitĂ© qui, seul, peut garantir la poursuite du dĂ©veloppement”. Le chef de l’Etat gabonais, prĂ©sident en exercice de l’Oua, se fait le champion de la crĂ©ation d’un pacte d’assistance militaire entre tous les Etats qui voudront s’y associer.
Il faut signaler que le marĂ©chal Jean-Bedel Bokassa est devenu l’empereur Bokassa Ier.. Djibouti est indĂ©pendant depuis le 27 juin 1977 et est prĂ©sent avec son prĂ©sident, Hassan Gouled Aptidon. Le gĂ©nĂ©ral Mobutu Sese Seko a fait pour la premiĂšre fois le dĂ©placement ainsi que le PrĂ©sident Moktar Ould Daddah de Mauritanie. Tous deux ont de bonnes raisons car, en ce qui concerne Mobutu, depuis une dizaine de jours, les rebelles katangais, basĂ©s en Angola, ont pĂ©nĂ©trĂ© la province du Shaba au ZaĂŻre. Concernant Moktar Ould Dada, le front Polisario au Sahara occidental (ex espagnol) est aux prises avec le Maroc et la Mauritanie. La Libye est entrĂ©e au Tchad. On parle du droit Ă la sĂ©curitĂ© “garantie du dĂ©veloppement” et d’un pacte d’assistance militaire entre Ătats. La France fait une dotation exceptionnelle pour la lutte contre la sĂ©cheresse, accroĂźt les moyens financiers du Fonds d’aide et de coopĂ©ration, amĂ©liore les conditions de prĂȘts de la Caisse centrale de coopĂ©ration Ă©conomique, future Agence française de dĂ©veloppement. C’est Ă Paris que prend naissance l’idĂ©e, chapeautĂ©e par le SĂ©nĂ©gal, de la rĂ©union des chefs d’Ătat et de gouvernement francophones. Elle prend forme en 1986, en devenant le Sommet de la Francophonie dans le cadre de l’Agence de coopĂ©ration culturelle et technique.
6e sommet, Kigali 21 mai 1979
Si la confĂ©rence de Kigali se dĂ©roule dans un climat plus serein que les deux prĂ©cĂ©dentes, marquĂ©es par les deux “invasions” du Shaba, elle connaĂźt nĂ©anmoins des incidents : d’abord, le dĂ©part prĂ©cipitĂ© de la dĂ©lĂ©gation tchadienne dirigĂ©e par le gĂ©nĂ©ral Djogo, vice-prĂ©sident du gouvernement provisoire de N’Djamena dont la reprĂ©sentativitĂ© est mise en doute par un certain nombre de dĂ©lĂ©gations ; ensuite l’affaire Bokassa : les dĂ©clarations fracassantes Ă Paris de l’ambassadeur centrafricain dĂ©missionnaire, le gĂ©nĂ©ral Bangui, lequel confirme les rĂ©vĂ©lations d’Amnesty International relatives aux massacres d’Ă©coliers centrafricains. Au sommet de Kigali, il est alors dĂ©cidĂ© de crĂ©er une mission d’enquĂȘte composĂ©e de dĂ©lĂ©guĂ©s de 5 pays: CĂŽte d’Ivoire, Liberia, Rwanda, SĂ©nĂ©gal et Togo. En dehors de ces incidents, les problĂšmes de sĂ©curitĂ© sont largement dĂ©battus.
La ConfĂ©rence distingue trois Ă©tages dans la sĂ©curitĂ©: les actions de solidaritĂ© franco-africaines ; la crĂ©ation d’une force panafricaine essentiellement dirigĂ©e contre “les Etats racistes de l’Afrique australe”; la signature d’accords rĂ©gionaux de non-agression. Mais ce sont bien les problĂšmes Ă©conomiques et le dĂ©veloppement ainsi que les relations euro-africaines qui retiennent le plus l’attention. A noter que l’examen, Ă Kigali, des problĂšmes de dĂ©veloppement en Afrique intervient au moment oĂč, Ă Manille, la cinquiĂšme ConfĂ©rence des Nations unies sur le commerce et le dĂ©veloppement (Cnuced) s’efforce pĂ©niblement de faire avancer le dialogue Nord-Sud et qu’arrivent Ă leur terme les nĂ©gociations pour le renouvellement de la Convention de LomĂ©. A cet Ă©gard, la ConfĂ©rence lance un appel Ă la France pour traduire fidĂšlement les prĂ©occupations des Etats Acp auprĂšs de leurs partenaires de la CEE et des autres pays industrialisĂ©s. Enfin, avec l’approbation des participants au Sommet, Giscard d’Estaing, prĂ©sident en exercice de la CEE, s’entretient, Ă Karthoum, avec le chef de l’Etat soudanais, prĂ©sident en exercice de l’Oua, le gĂ©nĂ©ral Gaafar El Nimeyri, auquel il demande de soumettre officiellement “l’idĂ©e avancĂ©e par la France d’une ConfĂ©rence euro-arabo-africaine”. Ainsi progressait l’idĂ©e du “trilogue”, chĂšre au PrĂ©sident Giscard d’Estaing qui reconnaĂźt lui-mĂȘme que sa “rĂ©alisation sera une tĂąche complexe et dĂ©licate “.
Notons que le colonel Jean-Baptiste Bagaza, auteur du coup d’Ătat de novembre 1976 au Burundi est prĂ©sent ainsi que Ahmed Abdallah Abderamane, prĂ©sident renversĂ© en 1975 par les mercenaires de Bob Denard, puis remis en selle par les mĂȘmes mercenaires, en mai 1978 et Ă©lu quelques mois plus tard. Le Liberia est reprĂ©sentĂ© par son ministre des Affaires Ă©trangĂšres. La Mauritanie, qui a dĂ©posĂ© son prĂ©sident aprĂšs la guerre contre le Polisario (Sahara occidental) a dĂ©pĂȘchĂ© son Premier ministre, le lieutenant-colonel Bouceif. Le Maroc, en pleine impasse au Sahara occidental, est reprĂ©sentĂ© par un ancien ministre.
7e sommet, Nice 8 mai 1980
PrĂ©parĂ©e par la rĂ©union Ă Paris les 3 et 4 avril 1980 des ministres des Affaires Ă©trangĂšres, le Sommet de Nice s’ouvre dans un climat assombri par la crise tchadienne. La dĂ©claration officielle du vice-prĂ©sident du Gouvernement d’union nationale de transition (Gunt), le lieutenant-colonel KamouguĂ© et les contre-dĂ©clarations officieuses des reprĂ©sentants de HissĂšne HabrĂ© fournissent des explications contradictoires sur la situation au Tchad. Mais le problĂšme le plus crucial posĂ© aux participants demeure les moyens d’amortir techniquement et financiĂšrement les effets du choc pĂ©trolier sur la balance des comptes (pour 12 pays africains francophones dĂ©pourvus de richesses pĂ©troliĂšres, la facture, qui Ă©tait de 25 milliards de francs Cfa en 1973, atteindra 243 milliards fin 1980). Autre problĂšme vital: l’insuffisance alimentaire constatĂ©e dans de nombreux pays du continent africain, notamment ceux du Sahel, victimes de la sĂ©cheresse (3 pays sahĂ©liens seulement ont dĂ©passĂ©, en 1979, le seuil nutritionnel minimal de 2 200 calories par jour et par personne). A tous ces problĂšmes, la France a proposĂ© des solutions, d’abord dans le cadre proprement franco-africain, mais aussi au sein de l’Action concertĂ©e pour le dĂ©veloppement de l’Afrique (Acda) qui rĂ©alise la synthĂšse des propositions des 6 pays fondateurs (France, Allemagne fĂ©dĂ©rale, Etats-Unis, Belgique, Grande-Bretagne et Canada) avec les prioritĂ©s retenues par les gouvernements et les institutions internationales africaines.
Ce sont, cependant, les exposĂ©s consacrĂ©s au trilogue qui constituent la piĂšce maĂźtresse du Sommet de Nice. De ces exposĂ©s, il ressort que le trilogue ne vise pas seulement Ă Ă©largir la coopĂ©ration Ă©conomique entre pays africains dĂ©pourvus de matiĂšres premiĂšres, pays arabes exportateurs de pĂ©trole et pays europĂ©ens disposant de technologies avancĂ©es, mais Ă©galement Ă apporter une dimension culturelle Ă une concertation permanente entre les civilisations arabe, africaine et europĂ©enne, unies, dĂšs l’AntiquitĂ©, par des affinitĂ©s naturelles.
La GuinĂ©e Ă©quatoriale est prĂ©sente avec son prĂ©sident Teodoro Obiang NguĂ©ma Mbasogo qui a renversĂ© son oncle Francisco Macias, l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente. La Somalie et la Sierra Leone sont reprĂ©sentĂ©es par leurs prĂ©sidents respectifs, le gĂ©nĂ©ral Siad BarrĂ© et Siaka Stevens. Cacophonie tchadienne entre le reprĂ©sentant du gouvernement unitaire Ă Nice et HissĂšne HabrĂ© restĂ© Ă N’Djamena. La Haute-Volta a envoyĂ© cette fois son ministre des Finances.
8e sommet, Paris 3 novembre 1981 (premier sommet de François Mitterrand)
Jamais la ConfĂ©rence franco-africaine n’a rĂ©uni autant de participants Ă la fois francophones, anglophones, lusophones, hispanophones et arabophones. Force est de croire que le changement de rĂ©gime politique intervenu en France, six mois plus tĂŽt, par l’Ă©lection de M. François Mitterrand Ă la prĂ©sidence de la RĂ©publique, a dĂ©cidĂ© nombre d’Etats Ă ĂȘtre prĂ©sents Ă ce Sommet. Le changement en ce qui concerne la politique africaine de la France ne s’opĂšre pas seulement dans la forme, mais dans le fond : “La France est disposĂ©e, affirme le PrĂ©sident Mitterrand, lorsque cela correspond aux dĂ©cisions de l’Oua, Ă prĂȘter son concours et Ă assurer les moyens qui garantiront votre souverainetĂ©. C’est Ă ces conditions que le principe de non-ingĂ©rence si souvent invoquĂ© et si souvent bafouĂ©, retrouvera sa vraie signification”.
Un langage qui a d’autant plus portĂ© que le chef de l’Etat français se montre convaincu que “la solution au drame du sous-dĂ©veloppement ne passe pas par la mise en place de cultures ou d’industries exportatrices axĂ©es sur des technologies inadĂ©quates et exclusivement tournĂ©es vers les marchĂ©s des pays dĂ©veloppĂ©s. A un capitalisme marchand qu’orchestrent les firmes multinationales devrait ĂȘtre prĂ©fĂ©rĂ© un dĂ©veloppement agricole et industriel mettant en valeur les ressources humaines et naturelles, en cherchant Ă satisfaire, par prioritĂ©, les besoins essentiels de la population”. Rien d’Ă©tonnant, donc, que le PrĂ©sident ivoirien, HouphouĂ«t-Boigny, parlant en sa qualitĂ© de doyen d’Ăąge, relĂšve que le nouveau chef de l’Etat français est “trĂšs proche de la sensibilitĂ© africaine”. Et souligne, par ailleurs, que son “intĂ©rĂȘt pour le Tiers-monde ne s’est jamais dĂ©menti”. Les problĂšmes tchadien, namibien et celui que pose le Sahara occidental ont Ă©tĂ© l’objet des travaux de ce Sommet, tout comme ceux que soulĂšve le dĂ©veloppement face Ă une crise Ă©conomique mondiale. Crise qui frappe, de plein fouet, les pays en dĂ©veloppement dont la France se dĂ©clare solidaire car François Mitterand promet de porter l’aide française au dĂ©veloppement Ă 0,70% du produit national brut.
Rappelons que, le gĂ©nĂ©ral Kolingba a remplacĂ© Bokassa Ier pour la Centrafrique et Abdou Diouf, LĂ©opold SĂ©dar Senghor pour le SĂ©nĂ©gal. Goukouni Weddeye est prĂ©sent pour le Tchad; le colonel SayĂ© Zerbo, qui a renversĂ© le gĂ©nĂ©ral SangoulĂ© Lamizana, reprĂ©sente la Haute-Volta, Denis Sassou-Nguesso, le Congo et Mathieu KerĂ©kou, prĂ©sident du BĂ©nin fait son premier dĂ©placement. Le Soudan et l’Egypte ont envoyĂ© leurs ministres.
Le Zimbabwe, qui vient d’abandonner le carcan de la RhodĂ©sie du Sud, est prĂ©sent avec son ministre du Travail et l’Angola avec un vice-ministre. C’est le lieutenant-colonel Ould HaĂŻdalla qui reprĂ©sente la Mauritanie. Les pays arabophones sont au nombre de 9, les anglophones 6. Pas moins de 10 militaires parmi les chefs d’Etat. Le changement Ă la tĂȘte de l’Etat français a attirĂ© du monde. PrĂ©occupĂ©e par la situation Ă N’Djamena, la France dĂ©cide d’apporter son aide Ă la mise en place d’une force interafricaine. On Ă©met le souhait de voir la Namibie accĂ©der Ă l’indĂ©pendance dĂšs 1982.
9e sommet, Kinshasa 8 octobre 1982
La prĂ©cĂ©dente confĂ©rence des chefs d’Etat de France et d’Afrique (telle est dĂ©sormais l’appellation consacrĂ©e) rĂ©unie en 1981 avait battu, avec 32 participants, le record d’affluence depuis l’inauguration de ce nouveau cadre de dialogue. Ils sont 37 Ă Kinshasa. Au nombre des nouveaux venus: le gĂ©ant ouest-africain qu’est le Nigeria et l’influente Tanzanie. Cette 9Ăš confĂ©rence, Ă Kinshasa, prĂ©sente une importance particuliĂšre; elle se tient Ă une Ă©poque oĂč parler de l’Ă©clatement de l’Oua n’Ă©tait pas nĂ©cessairement jouer l’oiseau de mauvais augure.
Qu’on s’en souvienne: le sommet de l’organisation panafricaine, prĂ©vu Ă Tripoli (Libye) en aoĂ»t 1982, s’Ă©tait rĂ©vĂ©lĂ© un rendez-vous manquĂ©. Pis encore: le problĂšme du Sahara occidental avait rĂ©veillĂ© le vieux dĂ©mon du clivage “progressistes contre modĂ©rĂ©s” Ă propos de l’admission ou non de la RĂ©publique arabe sahraouie dĂ©mocratique (Rasd) comme membre Ă part entiĂšre de l’Oua. Bien que l’organisation en ait connu bien d’autres, cette crise Ă©tait la plus grave, les deux clans rejetant toute concession. C’est donc dans cette atmosphĂšre de blocage, pour ne pas dire de veille d’Ă©clatement de l’Oua, que se sont retrouvĂ©s, Ă Kinshasa, 36 reprĂ©sentants des Etats africains sur les 50 que compte l’organisation panafricaine. Le quorum, qui n’Ă©tait pas rĂ©uni Ă Tripoli, l’Ă©tait d’une certaine façon Ă Kinshasa. De lĂ Ă suggĂ©rer que cette confĂ©rence franco-africaine allait se substituer, par France interposĂ©e, au Sommet de l’Oua, il n’y avait qu’un pas, d’ailleurs allĂšgrement franchi par ceux qui, Ă force de subodorer partout le nĂ©o-colonialisme, en Ă©taient arrivĂ©s Ă ne pas considĂ©rer la diversitĂ© des rĂ©gimes reprĂ©sentĂ©s.
En rĂ©ponse, le PrĂ©sident Mitterrand a tenu Ă affirmer, Ă Kinshasa, que le Sommet franco-africain “n’est ni une institution, ni une organisation. Elle n’entend se substituer Ă personne, notamment Ă l’Oua. Nous n’en avons ni le mandat ni l’intention… C’est aux Africains qu’il appartient de se dĂ©terminer eux-mĂȘmes, au niveau privilĂ©giĂ© de l’Oua”.
Face Ă la crise mondiale qui frappe davantage les pays africains, le chef de l’Etat français a, une fois encore, plaidĂ© pour l’instauration d’un vĂ©ritable dialogue Nord-Sud auquel restent sourds, notamment, les Etats-Unis “qui diminuent leur aide au dĂ©veloppement et dont les mouvements erratiques de la monnaie (le dollar) placent la plupart des pays dans une situation intolĂ©rable, surtout pour les pays en voie de dĂ©veloppement”. S’il a stigmatisĂ© la dĂ©sorganisation du systĂšme monĂ©taire international, la dĂ©tĂ©rioration des termes de l’Ă©change, et plaidĂ© pour la garantie des cours des matiĂšres premiĂšres, l’autosuffisance alimentaire et la consolidation des accords de LomĂ©, le PrĂ©sident Mitterrand a tenu Ă©galement Ă rassurer ses collĂšgues que “la France est avec vous et restera Ă vos cĂŽtĂ©s, vous les Etats africains”. Mais cette solidaritĂ© rĂ©affirmĂ©e ne doit pas occulter la rĂ©alitĂ© des possibilitĂ©s : “La France, prise dans la tourmente de la crise, ajoute le chef de l’Etat français, ne peut, Ă elle seule, se substituer aux grands pays qui ont pris du retard, n’ont pas compris et ont limitĂ© leurs vues du monde aux rapports de force militaire”. Ce langage de la franchise a Ă©tĂ© apprĂ©ciĂ©.
La ConfĂ©rence a Ă©galement consacrĂ© la lĂ©gitimitĂ© d’HissĂšne HabrĂ© Ă la tĂȘte de l’Etat tchadien aprĂšs qu’il eut, quelques mois plus tĂŽt, renversĂ© le rĂ©gime de Goukouni Weddeye. En effet, la participation d’HabrĂ© n’a nullement Ă©tĂ© contestĂ©e par les autres chefs d’Etat africains avec lesquels il eut des entretiens privĂ©s, en marge de la ConfĂ©rence, ainsi qu’avec le PrĂ©sident Mitterrand. Celui-ci dĂ©clare, Ă l’issue de son tĂȘte-Ă -tĂȘte d’une heure avec le prĂ©sident tchadien, qu'”une situation de droit existe dĂ©sormais au Tchad et que l’Etat tchadien, que la France reconnaĂźt, a maintenant un pouvoir central”.
Lors de ce sommet, la Gambie est reprĂ©sentĂ©e pour la premiĂšre fois par Daouda Jawara, son prĂ©sident. L’Angola, le Nigeria et la Tanzanie participent Ă un niveau ministĂ©riel.
10e sommet, Vittel 3 octobre 1983
La ConfĂ©rence des chefs d’Etat de France et d’Afrique “n’est ni une institution, ni une organisation. Elle n’entend se substituer Ă personne, notamment Ă l’OUA…”. La prĂ©cision faite au sommet prĂ©cĂ©dent, plus prĂ©cisĂ©ment Ă Kinshasa en 1982, le prĂ©sident Mitterrand a tenu Ă la rĂ©itĂ©rer Ă Vittel en 1983. La mise au point Ă©tait d’autant plus nĂ©cessaire que le problĂšme tchadien – Ă cĂŽtĂ© de celui du Sahara occidental – demeure la pomme de discorde au sein de l’Oua. Or la ConfĂ©rence de Vittel a surtout Ă©tĂ© dominĂ©e par le Tchad, aussi bien dans les discussions privĂ©es que dans les sĂ©ances informelles, alors que l’organisation panafricaine, bloquĂ©e par ses divisions internes, s’Ă©tait jusque-lĂ montrĂ©e incapable d’arbitrer le conflit entre Tchadiens par la Libye interposĂ©e. Rien d’Ă©tonnant que le Sommet franco-africain, rĂ©unissant, d’une annĂ©e sur l’autre, de plus en plus de dirigeants africains, soit suspectĂ©, par certains, de se substituer, en sous-main, Ă l’Oua.
A Vittel, tous les participants, y compris HissĂšne HabrĂ©, se sont prononcĂ©s en faveur du dialogue entre Tchadiens et de l’intĂ©gritĂ© du Tchad. Des divergences sont toutefois apparues parmi les Africains quant au cadre Ă donner Ă ces discussions conçues par les uns (essentiellement les francophones) comme un dialogue entre le gouvernement lĂ©gitime reprĂ©sentĂ© par HissĂšne HabrĂ© et des rebelles. D’autres, tel le Congo, entendent mettre sur le mĂȘme plan le Gunt et le rĂ©gime de N’Djamena. Dans les milieux français, on estime que l’intervention au Tchad avec le dispositif «Manta» place les Africains devant leurs responsabilitĂ©s pour qu’ils trouvent une solution politique, aprĂšs le gel des opĂ©rations militaires libyennes sur le terrain. Cette attitude a suscitĂ©, toutefois, certaines critiques privĂ©es de la part de ceux qui estiment que Paris a un rĂŽle primordial Ă jouer dans la recherche de cette solution, ne serait-ce que par le poids qu’elle peut avoir auprĂšs du colonel Kadhafi.
On retient principalement de ce sommet la participation remarquée de Thomas Sankara (Burkina Faso) et celle de João Bernardo Vieira (Guinée-Bissau). Le Kenya est pour la premiÚre fois représenté à la rencontre Afrique-France.
11e sommet, Bujumbura  11 décembre 1984
Si la prĂ©cĂ©dente confĂ©rence a surtout Ă©tĂ© dominĂ©e par le problĂšme tchadien, tel ne fut pas le cas Ă Bujumbura. Le dispositif “Manta” mis en place au Tchad par la France avait stoppĂ© les vellĂ©itĂ©s de conquĂȘte libyennes, mĂȘme si les troupes du colonel Kadhafi demeuraient maĂźtres de la bande d’Aouzou. Dans le mĂȘme temps, le prĂ©sident congolais, Denis Sassou Nguesso, avec la bĂ©nĂ©diction de ses pairs africains et les encouragements de la France, avait entrepris des tentatives de rĂ©conciliation des diverses factions tchadiennes. Par ces temps de crise mondiale aggravĂ©e, en Afrique, par la sĂ©cheresse, les problĂšmes Ă©conomiques ont donc constituĂ© l’essentiel des discussions: l’endettement, la stabilisation des recettes, l’autosuffisance alimentaire. Pour la premiĂšre fois est abordĂ©e la course Ă l’armement en Afrique qui grĂšve les budgets, au dĂ©triment du dĂ©veloppement.
En introduisant ce sujet dans les dĂ©bats, les dĂ©lĂ©gations, comme celle du Burundi, entendaient ainsi souligner un choix, en une pĂ©riode oĂč la guerre la plus meurtriĂšre que subit l’Afrique a pour nom la sĂ©cheresse et son corollaire, la famine. L’heure n’est donc plus au catalogue des dolĂ©ances ni aux vĆux pieux. Il s’agit de mobiliser l’Afrique. Le PrĂ©sident Mitterrand a Ă©galement rappelĂ© la volontĂ© de la France de continuer Ă aider au dĂ©veloppement de l’Afrique qui, dĂ©jĂ , “reçoit plus des deux tiers de l’ensemble des concours publics français au dĂ©veloppement. C’est notre devoir, mais c’est aussi mon choix ” dit Mitterrand.
12e sommet, Paris  11 décembre 1985
PrĂ©sidĂ© par François Mitterrand cette rencontre sommet a vu la premiĂšre reprĂ©sentation (ambassadeur) du Botswana au sommet Afrique-France. Le colonel Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya, qui a renversĂ© son prĂ©dĂ©cesseur Mohamed Khouna Ould Haidalla (Mauritanie), un an plus tĂŽt, a rejoint Paris. Le roi Hassan II est Ă©galement prĂ©sent: la question du rĂ©fĂ©rendum au Sahara occidental est Ă l’ordre du jour. Au Tchad, La France a le sentiment de s’ĂȘtre “fait avoir” en retirant ses troupes, ce que n’a pas fait la Libye. Les pays africains sont Ă©tonnĂ©s de ne pas voir de rĂ©plique militaire française. Mais “l’unitĂ© du Tchad concerne les Tchadiens” rĂ©affirme François Mitterrand. Au chapitre de l’Ă©conomie : les Ătats africains croulent sous le poids de leurs dettes et sont incapables d’aller de l’avant.
Le PrĂ©sident François Mitterrand souligne son engagement en faveur de l’Afrique auprĂšs des instances internationales (sommet des pays industrialisĂ©s, Gatt, etc). Le rĂ©gime d’apartheid en Afrique du Sud s’invite aussi dans cette rencontre et dĂ©croche une condamnation sans faille. La dispute entre la France et les Comores sur le statut de l’Ăźle de Mayotte (qui a votĂ© deux fois pour son maintien comme dĂ©partement d’outre-mer français) n’est pas rĂ©glĂ©e et le prĂ©sident français laisse entendre qu’il y a eu une “erreur” dans le passĂ©. L’Onu est convoquĂ©e pour une session extraordinaire sur la dette africaine. La dĂ©cision de crĂ©er une Maison de l’Afrique est entĂ©rinĂ©e.
13e sommet, Lomé  13 décembre 1986
Le Liberia et le Soudan sont représentés pour la premiÚre fois à un haut niveau : Samuel Doe et Ali Hassan Taj Eddin conseiller spécial du nouveau président Sadiq al-Mahdi pour les questions africaines. Le sommet compte un invité spécial: Jacques François, membre du Conseil national de gouvernement mis en place par le général Namphy, à Haïti.
Si la confĂ©rence des chefs d’Etat de France et d’Afrique n’Ă©tait, chaque annĂ©e, qu’une sorte de grand-messe au rite et au cĂ©rĂ©monial immuables, ses participants auraient perdu la foi depuis plus d’une dĂ©cennie. Mais le constat est tout autre: ce qui, au dĂ©part, se voulait des “retrouvailles familiales annuelles entre la France et l’Afrique francophone”, s’est irrĂ©sistiblement Ă©largi au reste de l’Afrique, qu’elle soit anglophone, lusophone ou hispanophone. A telle enseigne que ses dĂ©tracteurs n’ont pas hĂ©sitĂ© Ă comparer ce Sommet – qui, pourtant, s’est toujours voulu informel – Ă une Oua-bis autour de la France. La confĂ©rence rĂ©unie Ă LomĂ© a conservĂ© tout l’intĂ©rĂȘt du dialogue. Le problĂšme tchadien qui, depuis des annĂ©es, occupe le devant de la scĂšne des sommets franco-africains n’a pas fait dĂ©faut. Mais il a, cette fois-ci, changĂ© de nature : de guerre civile, il est en passe de n’ĂȘtre plus qu’un conflit international opposant deux Etats. En effet, des milliers de combattants goukounistes, ralliĂ©s au rĂ©gime de N’DjamĂ©na, retournent maintenant leurs armes contre leurs alliĂ©s libyens d’hier, au nord du 16Ăš parallĂšle.
L’Ă©pineux dossier du Tchad
Des contacts sont engagĂ©s entre HissĂšne HabrĂ© et Goukouni OueddeĂŻ par Ă©missaires interposĂ©s, via Alger et Libreville, entre autres. Tandis que le chef du Gunt – destituĂ© par des factions tchadiennes encore au service de Tripoli – blessĂ© au cours d’un Ă©change de coups de feu avec des hommes de Kadhafi, est prisonnier dans la capitale libyenne. La rĂ©conciliation amorcĂ©e entre Tchadiens est chaleureusement saluĂ©e Ă LomĂ©. L’hĂŽte du Sommet, le PrĂ©sident EyadĂ©ma, souligne “qu’aprĂšs plus de vingt ans de guerre fratricide, le Tchad retrouve, enfin, l’Ăšre d’une renaissance chargĂ©e de promesses, Ă la suite des ralliements de diverses tendances au gouvernement de N’DjamĂ©na…” Quant au PrĂ©sident Mitterrand, il dĂ©clare notamment: “Le jour viendra oĂč ce pays fera – j’en suis convaincu, et j’exprime la volontĂ© de la France – la dĂ©monstration de la vanitĂ© des entreprises qui le menacent, le jour oĂč le patriotisme de chacun de ses fils l’emportera sur les querelles d’hier. Alors on verra clairement oĂč se trouve l’origine d’un conflit qui se trouve, aujourd’hui, devenu international”. Allusion Ă peine voilĂ©e Ă la Libye. D’autant moins que le PrĂ©sident HissĂšne HabrĂ© a annoncĂ© que son pays vient de dĂ©poser, le 14 novembre, une plainte contre la Libye devant le Conseil de sĂ©curitĂ© des Nations unies.
Est-ce Ă dire que, face Ă la nouvelle rĂ©alitĂ© prĂ©valant sur le terrain, la France entend dĂ©sormais modifier sa politique d’appui militaire Ă N’DjamĂ©na ? Certes, Paris a acceptĂ© d’y envoyer une aide supplĂ©mentaire: armement lĂ©ger, moyens de transmission, mĂ©dicaments… Ce qui permettra aux troupes d’HissĂšne HabrĂ© d’effectuer quelques raids rapides au-delĂ du 16Ăš parallĂšle, pour prendre contact avec les goukounistes ralliĂ©s, les approvisionner en munitions et secourir les populations civiles durement affectĂ©es par les bombardements libyens. Mais, pour le reste, la France maintient sa position: le dispositif Epervier, qui a remplacĂ© “Manta” continue de verrouiller le terrain, interdisant Ă l’armĂ©e libyenne toute tentative de franchissement du 16Ăš parallĂšle. Et le chef de l’Etat français de prĂ©ciser: “La France ne se laissera pas entraĂźner au nord du 16Ăš parallĂšle, mĂȘme si des actions d’imprudence Ă©taient accomplies”, se montrant, par ailleurs, rĂ©servĂ© quant Ă l’Ă©ventualitĂ© d’une action frontale des forces tchadiennes contre les Libyens. Car, estime le PrĂ©sident Mitterrand, la situation mĂ»rissait d’elle-mĂȘme. Mais qu’on ne s’y trompe pas : “La France est prĂȘte Ă soutenir, plus encore, les efforts du PrĂ©sident HabrĂ© qui commence Ă voir son action rĂ©compensĂ©e…”
Autre thÚme fort: les difficultés des économies africaines
Le ton est donnĂ© par le chef de l’Etat togolais, le gĂ©nĂ©ral EyadĂ©ma, qui, dans une analyse rigoureuse de la situation Ă©conomique des Etats africains, ne s’est nullement contentĂ© de jeter le tort sur les autres: “Pour notre part, dans l’euphorie de l’indĂ©pendance, des erreurs ont Ă©tĂ© commises, et les politiques de dĂ©veloppement Ă©taient inadaptĂ©es. Ces erreurs d’orientation ont Ă©tĂ© corrigĂ©es ou accentuĂ©es. Toujours est-il que leurs consĂ©quences directes ou indirectes sont Ă l’origine de la situation que connaĂźt aujourd’hui l’Afrique, et dont les effets sont semblables Ă ceux d’une guerre mondiale…” Conclusion logique: les pays du Nord pourraient mettre en Ćuvre une sorte de plan Marshall en faveur du Sud, Ă l’instar de celui que les Etats-Unis mirent au point pour l’Europe, aprĂšs la Seconde Guerre mondiale. Cette suggestion a Ă©tĂ© approuvĂ©e par le PrĂ©sident Mitterrand qui, Ă l’occasion, a soulignĂ© l’effort dĂ©ployĂ© par la France pour aider au dĂ©veloppement de l’Afrique: “J’avais annoncĂ©, en 1981, Ă la ConfĂ©rence de Paris, que l’aide de la France aux pays les moins avancĂ©s serait portĂ©e Ă 0,15 % du produit national brut en 1985. Cet objectif a Ă©tĂ© atteint dĂšs 1984, soit un an avant la date prĂ©vue… Alors que notre aide bilatĂ©rale a progressĂ©, au total, entre 1980 et 1984, de 47 %, l’aide consacrĂ©e Ă l’Afrique subsaharienne a augmentĂ© de 64 %…” Regrettant que les excĂ©dents financiers de certains pays du Nord semblent devoir aller prioritairement combler les dĂ©ficits budgĂ©taires d’autres pays du Nord, au lieu de servir Ă satisfaire les besoins du Sud, le chef de l’Etat français souligne que l’avenir du monde tout entier dĂ©pend du sort du Tiers-monde. Si ces pays sombrent, nous sombrerons tous aussi! Il a dĂ©fini les cinq grandes directions que les pays industrialisĂ©s devraient choisir pour aider au dĂ©veloppement des pays du Sud: S’assurer une croissance Ă©levĂ©e et durable; augmenter leurs aides publiques au dĂ©veloppement; ouvrir les marchĂ©s des pays du Nord aux produits du Tiers-monde; rĂ©soudre le problĂšme de l’endettement, et progresser, enfin, vers le dĂ©sarmement.
Déjà , le terrorisme international  au menu
Le terrorisme international Ă©tait un sujet inconnu dans ce cercle. Ce fut une nouveautĂ© Ă LomĂ©. Et pour cause: quelques semaines auparavant, le Togo avait dĂ» faire face Ă une tentative de coup d’Etat perpĂ©trĂ©e par “des groupes armĂ©s venus de l’Ă©tranger”. La France, faisant jouer l’accord de dĂ©fense la liant au Togo depuis 1963, avait dĂ©pĂȘchĂ© Ă LomĂ©, Ă la demande du PrĂ©sident EyadĂ©ma, des Ă©lĂ©ments parachutistes et des moyens aĂ©riens. Le chef de l’Etat togolais n’a donc pas manquĂ© de soulever le problĂšme, stigmatisant “certaines forces, ennemies de la paix, (qui) ont jurĂ© d’exporter la violence terroriste Ă travers le monde, et de frapper, de façon aveugle, des pays innocents (…) Nous nous devons, au sein de notre communautĂ©, d’initier des accords de coopĂ©ration qui nous permettent de poursuivre les auteurs et les commanditaires des attentats perpĂ©trĂ©s dans un pays en paix…”
Pour le prĂ©sident Mitterrand, la cause est entendue: sans jouer les gendarmes en Afrique, la France, en accord avec la Charte des Nations unies et avec celle de l’Oua, partage cette prĂ©occupation. Et elle entend contribuer au maintien des indĂ©pendances, de l’unitĂ©, de la souverainetĂ© des Etats africains amis.
Autre sujet dĂ©battu: l’Afrique australe
“C’est, sur le continent africain, le plus grand foyer d’insĂ©curitĂ©… oĂč nos frĂšres sud-africains et namibiens sont, au monde, les seuls peuples opprimĂ©s dans leurs propres pays… Seule la poursuite des sanctions Ă©conomiques dĂ©cidĂ©es par la CommunautĂ© internationale contre ce pays peut amener la minoritĂ© dirigeante Ă mettre fin Ă l’apartheid…” a soulignĂ© le PrĂ©sident EyadĂ©ma. AprĂšs avoir rappelĂ© les mesures prises par la France contre l’Afrique du Sud, le PrĂ©sident Mitterrand a indiquĂ© que “la France est prĂȘte Ă accroĂźtre son aide aux populations sud-africaines pour que vienne, enfin, et le plus tĂŽt possible, le temps de la dignitĂ©…En ce qui concerne le Sahara occidental, la France entend respecter le droit international, tel qu’il a Ă©tĂ© reconnu par les Nations unies, les droits des populations Ă l’autodĂ©termination, c’est-Ă -dire une simple rĂšgle de justice… “ Pour la premiĂšre fois, la dĂ©lĂ©gation française, conduite par le chef de l’Etat, comprenait Ă©galement le Premier ministre, Jacques Chirac. C’est l’une des illustrations de la cohabitation instaurĂ©e en France, depuis le changement de majoritĂ© parlementaire, le 16 mars 1986.
14e sommet, Antibes  10 décembre 1987
François Mitterrand et le Premier ministre, Jacques Chirac, assistent tous les deux Ă la rĂ©union. Pour la premiĂšre fois, FĂ©lix HouphouĂ«t-Boigny est absent (raisons de santĂ©). Abdou Diouf est en campagne Ă©lectorale au SĂ©nĂ©gal. Le gouvernement français a fait parvenir une note aux participants avant la rencontre, avec deux thĂšmes de discussion: dette publique et les prix des matiĂšres premiĂšres. Les deux sont liĂ©s. Le ZaĂŻre soutient l’idĂ©e d’une confĂ©rence internationale sur la dette qui offrira l’occasion d’un forum de nĂ©gociations entre partenaires : proposition retenue par le sommet. La France envisage un rĂ©Ă©chelonnement des dettes africaines et dĂ©cide de contribuer Ă hauteur de 500 millions de dollars aux facilitĂ©s des programmes d’ajustement structurel du Fmi. L’avenir de la zone franc et le marchĂ© unique europĂ©en Ă l’horizon 1992 sont Ă©galement Ă©voquĂ©s. Le Tchad est toujours en situation de fragilitĂ©. Le ZaĂŻre prend langue avec l’Angola qui a dĂ©pĂȘchĂ© son ministre de l’IntĂ©rieur, Ă propos du soutien apportĂ© Ă Jonas Savimbi et les troupes de l’Unita contre Luanda.
15e sommet, Casablanca  14 décembre 1988
La 15Ăš confĂ©rence des chefs d’Etat a Ă©tĂ©, certes, consacrĂ©e aux dossiers Ă©conomiques et financiers, face Ă l’une des crises les plus graves que traverse le continent africain paralysĂ© dans son dĂ©veloppement par le poids insupportable de son endettement. Mais, pour la premiĂšre fois depuis longtemps, le Sommet a eu l’occasion de relever une Ă©volution vers l’apaisement de conflits rĂ©gionaux et d’affrontements politiques en cours depuis de longues annĂ©es: le Tchad oĂč la reconstruction du pays est alors de nouveau engagĂ©e, et oĂč le conflit avec le Libye est stabilisĂ©, en attendant le rĂšglement du diffĂ©rend sur la bande d’Aouzou; l’Angola (le retrait cubain) et la Namibie (l’indĂ©pendance), pour lesquels le protocole d’accord signĂ© Ă Brazzaville, la veille du Sommet, offre la perspective d’une Ă©volution positive; le Sahara occidental, oĂč la procĂ©dure rĂ©fĂ©rendaire est enfin acceptĂ© par le Maroc et la Rasd. Ce Sommet de Casablanca est Ă©galement l’occasion d’un retour remarquĂ© du Maroc sur la scĂšne africaine.
François Mitterrand est prĂ©sent Ă ce sommet oĂč, aprĂšs 4 sommets d’absence, le Burkina Faso revient avec Blaise CompaorĂ© qui a renversĂ© Thomas Sankara (assassinĂ© en 1987). Pierre Buyoya, le Putchiste de consensus, comme le surnomme le quotidien français LibĂ©ration, a dĂ©posĂ© Jean-Baptiste Bagaza, un an plus tĂŽt, au Burundi. Lansana ContĂ© reprĂ©sente la GuinĂ©e. La situation au Tchad s’est apaisĂ©e, la Namibie est proche de voir son indĂ©pendance (mars 1990), les Cubains ont quittĂ© l’Angola. Enfin, le Maroc a acceptĂ© la procĂ©dure du rĂ©fĂ©rendum au Sahara occidental. Restent les questions Ă©conomiques avec la dette et le prix des matiĂšres premiĂšres. Les Ătats africains se plaignent des interventions du Fmi et de la Banque mondiale.
Promesse d’annuler la dette des pays pauvres
La France rĂ©itĂšre sa promesse d’annuler le tiers de la dette des pays pauvres et rend compte de sa mission auprĂšs des institutions internationales sur la question de la dette. Le marchĂ© unique europĂ©en ? Si on annonce que la paritĂ© avec le FCFA sera maintenue, il est question de restructurer le systĂšme bancaire africain. Un Observatoire du Sahara, chargĂ© de suivre les Ă©volutions climatiques et une cellule d’urgence sur les migrations des criquets pĂšlerins sont crĂ©Ă©s.
16e sommet, La Baule 19 juin 1989
PremiĂšre apparition du chef d’Ătat ougandais, Yoweri Museveni qui a pris le pouvoir en janvier 1986 et du Mozambicain Joaquim Chissano, qui a accĂ©dĂ© au pouvoir en novembre de la mĂȘme annĂ©e, Ă un sommet France-Afrique.
“Il y aura une aide normale de la France Ă l’Ă©gard des pays africains, mais il est Ă©vident que cette aide sera plus tiĂšde envers ceux qui se comporteraient de façon autoritaire, et plus enthousiaste envers ceux qui franchiront, avec courage, ce pas vers la dĂ©mocratisation…” C’est bien la premiĂšre fois que la France, par la voix de son prĂ©sident, annonce clairement qu’elle accordera, dĂ©sormais, une “prime Ă la dĂ©mocratisation des rĂ©gimes africains”. Mais l’annonce n’Ă©tait pas si surprenante, Ă l’heure oĂč un vent d’Est balayait les rĂ©gimes autoritaires d’Europe orientale et centrale, et oĂč, sous la pression de la rue, un grand nombre de pays africains ont dĂ», eux-mĂȘmes, amorcer une “ouverture dĂ©mocratique”.
Le PrĂ©sident Mitterrand avait, auparavant, pris la prĂ©caution de prĂ©ciser: “Nous ne voulons pas intervenir dans les affaires intĂ©rieures. Pour nous, cette forme subtile de colonialisme qui consisterait Ă faire la leçon en permanence aux Etats africains et Ă ceux qui les dirigent, c’est une forme de colonialisme aussi perverse que toute autre. Ce serait considĂ©rer qu’il y a des peuples supĂ©rieurs, qui disposent de la vĂ©ritĂ©, et d’autres qui n’en seraient pas capables, alors que je connais les efforts de tant de dirigeants qui aiment leur peuple, et qui entendent le servir, mĂȘme si ce n’est pas de la mĂȘme façon que sur les rives de la Seine ou de la Tamise…” Et d’ajouter: “Lorsque je dis dĂ©mocratie, lorsque je dis que c’est la seule façon de parvenir Ă un Ă©tat d’Ă©quilibre au moment oĂč apparaĂźt la nĂ©cessitĂ© d’une plus grande libertĂ©, j’ai, naturellement, un schĂ©ma tout prĂȘt : systĂšme reprĂ©sentatif, Ă©lections libres, multipartisme, libertĂ© de la presse, indĂ©pendance de la magistrature, refus de la censure… A vous peuples libres, Ă vous Etats souverains que je respecte, de choisir votre voie, d’en dĂ©terminer les Ă©tapes et l’allure…”
Le Sommet ne s’est Ă©videmment pas limitĂ© aux questions politiques. La coopĂ©ration franco-africaine y a Ă©galement pris, comme d’habitude, une part importante.
17e sommet, Libreville  le 11 avril 1992
Le Pacte national signĂ© Ă Bamako, le 11 avril 1992, comme solution au problĂšme touareg, est accueilli avec soulagement dans la mesure oĂč il garantit aux parties d’Ćuvrer dans le cadre des institutions dĂ©mocratiques pour la paix, la sĂ©curitĂ© et la stabilitĂ© dans la rĂ©gion.
Pour la premiĂšre fois depuis 1973, la ConfĂ©rence des chefs d’Etat de France et d’Afrique se rĂ©unit en l’absence du prĂ©sident de la RĂ©publique française. C’est, en effet, le Premier ministre, Pierre BĂ©rĂ©govoy, que le PrĂ©sident Mitterrand, convalescent aprĂšs une dĂ©licate intervention chirurgicale, charge de le reprĂ©senter Ă ce Sommet. Jamais, depuis Nice en 1980, il n’y a eu si peu de chefs d’Etat africains. MalgrĂ© l’importance des tĂȘte-Ă -tĂȘte entre le prĂ©sident français et ses homologues africains, dans ce type de rĂ©union, l’absence du numĂ©ro Un français n’explique pas tout. Le “discours de la Baule”, deux ans plus tĂŽt, et sa “prime Ă la dĂ©mocratisation” commencent Ă faire leurs effets tant au Togo, au ZaĂŻre, au Niger, Ă Madagascar qu’en Centrafrique. Autant de pays dont les chefs d’Etat ont prĂ©fĂ©rĂ© s’Ă©clipser. Sans parler de ceux des Comores et de Djibouti, confrontĂ©s Ă une instabilitĂ© intĂ©rieure.
La dévaluation du franc Cfa en question !
La France, pour la premiĂšre fois, se range Ă l’avis des Etats africains qui estiment draconiennes les conditions imposĂ©es par les institutions internationales en Ă©change de leur aide. “Il est des ajustements qui sont nĂ©cessaires dans vos pays, des Ă©conomies Ă faire, souligne le Premier ministre français, mais il faut y aider, et non vous y contraindre… Nous avons tous des devoirs Ă l’Ă©gard des institutions monĂ©taires internationales, mais nous avons aussi des droits. Ce qui me choque le plus, c’est que le flux des capitaux soit devenu nĂ©gatif, autrement dit, que les pays africains reçoivent moins qu’ils ne remboursent… Parce qu’un certain nombre de pays ont refusĂ© la dĂ©valuation du franc Cfa que la Banque mondiale suggĂ©rait, ils se trouvent privĂ©s de concours… Je dis non ! Il faut davantage de comprĂ©hension… Ce refus de la dĂ©valuation, le gouvernement français rĂ©affirme qu’il le partage avec ses partenaires de la zone d’autant que ceux-ci tiennent au maintien de la paritĂ© du franc Cfa liĂ©e au franc français”.
Omar Bongo : “Le continent africain balance dans l’espoir  et l’angoisse⊔
HĂŽte de ce Sommet, le prĂ©sident gabonais, Omar Bongo, a su, en quelques touches prĂ©cises, brosser le tableau de la situation: “Le continent africain balance entre l’espoir et l’angoisse. En Afrique australe, nous avons vu s’engager, enfin, la liquidation du systĂšme odieux de l’apartheid. Mais nous constatons les dramatiques difficultĂ©s qui parsĂšment le chemin restant Ă parcourir, tandis que le sang de nos frĂšres coule encore… Nos pays butent, aujourd’hui plus que jamais, sur de graves difficultĂ©s financiĂšres, Ă©conomiques et sociales. La faiblesse des ressources naturelles dans certains cas, l’insuffisance des prix de vente des productions miniĂšres ou agricoles dans d’autres, limitent gravement les revenus de l’Afrique. En outre, les fonds obtenus par la vente des productions africaines sont largement absorbĂ©s par le paiement de la dette extĂ©rieure…Nous manquons ainsi toujours plus gravement des moyens d’assurer la relance de notre croissance Ă©conomique, de rĂ©pondre aux demandes sociales accrues de nos populations, et de conforter, par le progrĂšs Ă©conomique et social, le dĂ©veloppement dĂ©mocratique auquel nous sommes attachĂ©s, ce dĂ©veloppement dĂ©mocratique que nous continuons de faire avancer malgrĂ© toutes les difficultĂ©s matĂ©rielles de notre continent. C’est pourquoi nous appelons Ă la solidaritĂ©”.
Le sang coule en Afrique
Le sang qui coule encore, c’est au Liberia: le Sommet encourage les Etats membres de la Cedeao dans leurs efforts pour restaurer la paix et la stabilitĂ© dans ce pays. En Somalie: la proposition faite devant la 47Ăš session de l’AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de l’Onu par le prĂ©sident sĂ©nĂ©galais, Abdou Diouf, de convoquer une confĂ©rence internationale en vue de rĂ©soudre le conflit somalien, est chaleureusement approuvĂ©e. Au Mozambique: l’accord de Rome d’octobre 1991 ouvre la voie vers la paix. Au Rwanda: le gouvernement de Kigali et le Front patriotique rwandais sont encouragĂ©s Ă poursuivre leurs nĂ©gociations pour parvenir Ă un accord global permettant le retour de la paix, dans le respect de l’intĂ©gritĂ© territoriale. En Angola: le Sommet exhorte toutes les parties Ă respecter les engagements souscrits dans le cadre des accords d’Estoril.
18Ăš sommet, en1994 Ă Biarritz
C’est un François Mitterrand physiquement trĂšs Ă©prouvĂ© par la maladie qui est venu Ă Biarritz dĂ©fendre jusqu’au bout de son second septennat sa politique africaine, et faire ses adieux aux chefs d’Etat africains et Ă ce continent qu’il connaissait fort bien et depuis longtemps. François Mitterrand participait ainsi Ă son dixiĂšme Sommet, ces rĂ©unions n’ayant lieu que tous les deux ans Ă partir de 1988, et, toujours pour cause de maladie, n’ayant pas participĂ© au Sommet de Libreville en octobre 1992. Ce Sommet de Biarritz intervient en tout cas dans un contexte de politique intĂ©rieure difficile pour un prĂ©sident français Ă©puisĂ©, marquĂ© par la deuxiĂšme cohabitation, au cours de laquelle le Premier ministre Edouard Balladur, prĂ©sent Ă Biarritz, et ses ministres des Affaires Ă©trangĂšres Alain JuppĂ© et de la DĂ©fense François LĂ©otard, cherchent Ă faire valoir leurs influences sur la politique africaine de la France, traditionnellement considĂ©rĂ©e comme le domaine rĂ©servĂ© du chef de l’Etat.
Mitterrand sur  la dévaluation du Fcfa
Un Sommet marquĂ© aussi par les affaires et en particulier celles dont il fut beaucoup question dans les couloirs et qui allaient provoquer peu aprĂšs la dĂ©mission brutale du ministre français de la CoopĂ©ration, Michel Roussin. Deux grands Ă©vĂ©nements concernant l’Afrique s’Ă©taient dĂ©roulĂ©s depuis le dĂ©but de l’annĂ©e 1994, qui ont largement dominĂ© les dĂ©bats formels et informels du Sommet de Biarritz. D’abord la dĂ©valuation du Fcfa en janvier, qui fut un choc considĂ©rable pour les 14 pays concernĂ©s du continent. MĂȘme si entre janvier et novembre, les bailleurs de fonds et en particulier la France avaient rĂ©ussi Ă conclure des accords avec la plupart de ces pays permettant l’octroi d’un important soutien financier destinĂ© Ă supporter les premiers effets de cette dĂ©valuation, les chefs d’Etat de ces 14 pays manifestent encore Ă Biarritz de grandes inquiĂ©tudes.
Ce qui conduit François Mitterrand Ă beaucoup insister d’une part sur le maintien de l’effort d’aide internationale Ă l’Afrique, d’autre part sur la poursuite des efforts d’assainissement de leurs Ă©conomies par les pays africains, ne manquant pas au passage de critiquer durement le Fmi, et surtout la Banque mondiale. Il insiste sur le rĂŽle qu’il a tenu Ă jouer dans cette dĂ©valuation mise en place par le Premier ministre Edouard Balladur et son ministre de la CoopĂ©ration Michel Roussin.
Le génocide rwandais
DeuxiĂšme Ă©vĂ©nement en avril 1994, les massacres de plusieurs centaines de milliers de Rwandais Ă la suite de l’attentat qui devait causer la mort du prĂ©sident JuvĂ©nal Habyarimana (qui avait personnellement participĂ© entre 1978 et 1992 Ă 12 Sommets franco-africains), et provoquer l’opĂ©ration Turquoise. Cette intervention militaire Ă but humanitaire fut voulue avec insistance par François Mitterrand, malgrĂ© l’indiffĂ©rence de la communautĂ© internationale et les rĂ©ticences de certains ministres du gouvernement français. Les conditions limitatives dans les missions et la durĂ©e de cette intervention furent dĂ©finies par le Premier ministre Edouard Balladur. Au cours du Sommet, cette opĂ©ration ainsi que la politique rwandaise de François Mitterrand furent l’objet de vives controverses. D’autant plus que le Rwanda n’avait pas Ă©tĂ© invitĂ© Ă participer Ă ce Sommet. Le ministre des Affaires Ă©trangĂšres Alain JuppĂ© expliquait que le gouvernement de Kigali n’avait pas Ă©tĂ© conviĂ© parce que la “stabilisation de la dĂ©mocratie n’avait pas encore Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e”. Il reprochait aussi aux responsables rwandais d’avoir tenu des “propos particuliĂšrement agressifs” contre la France. “Ce n’est pas comme cela qu’on s’intĂšgre dans une rĂ©union d’amis”, avait-il ajoutĂ©. Sur l’aide, sur les alĂ©as de la dĂ©mocratisation, sur le rĂŽle de la France au Rwanda, les participants au contre-Sommet organisĂ© Ă Biarritz par une coalition pour ramener Ă la raison dĂ©mocratique la politique africaine de la France, regroupant plusieurs Ong et associations, n’ont pas manquĂ© de multiplier les accusations contre les responsables de la politique africaine de la France, poussant en particulier les conseillers de François Mitterrand Ă jouer un rĂŽle actif d’avocats de cette politique.
AprĂšs la tragĂ©die du gĂ©nocide au Rwanda, la majoritĂ© des chefs d’Etat africains Ă©tait sur le principe favorable Ă la crĂ©ation d’une telle force. Mais tous n’Ă©taient pas du mĂȘme avis sur son articulation avec l’Oua et l’Onu, sur sa structure, etc. A Biarritz, une mission de rĂ©flexion est confiĂ©e au chef de l’Etat togolais GnassingbĂ© EyadĂ©ma, dont les rĂ©sultats n’ont jamais Ă©tĂ© rendus publics.
Le testament africain de François Mitterrand
A la Baule et Ă Libreville, le prĂ©sident zaĂŻrois Mobutu Sese Seko, boudĂ© par ses pairs, n’avait pas participĂ©. A Biarritz, en raison surtout de la situation dans la rĂ©gion des Grands lacs, on assiste au grand retour politique du chef de l’Etat zaĂŻrois. Autres prĂ©sents remarquĂ©s pour leurs premiĂšres participations Ă ces sommets: les chefs d’Etat du Zimbabwe et du Cameroun, ainsi que les reprĂ©sentants d’Afrique du Sud, d’ErythrĂ©e et d’Ethiopie. En conclusion de son discours, François Mitterrand formulait ainsi son testament africain: “Pour ma part, je me suis toujours opposĂ© aux tentations dĂ©clarĂ©es ou insidieuses de brader la politique africaine de la France, ou de dĂ©cider pour tel ou tel pays, Ă la place de ceux qui en avaient la charge, comme si nous Ă©tions des prophĂštes inspirĂ©s, chargĂ©s de dicter aux peuples africains ce qui Ă©tait la voie la meilleure pour eux. Ce sont des tentations permanentes, une forme de colonialisme renversĂ© que je n’accepte pas plus que les autres (…) J’en appelle Ă ceux qui auront aprĂšs moi la charge des affaires du pays. La France ne serait plus tout Ă fait elle-mĂȘme aux yeux du monde, si elle renonçait Ă ĂȘtre prĂ©sente en Afrique, aux cĂŽtĂ©s des Africains, pour ĂȘtre Ă cĂŽtĂ© d’eux tout simplement, pour contribuer Ă construire un cadre de paix, de dĂ©mocratie et de dĂ©veloppement, pour rĂ©ussir ensemble une grande aventure humaine, au pire des difficultĂ©s, mais en gardant ses vieilles traditions, ses fortes cultures, et cette nature des hommes qui espĂšrent et qui croient toujours en la chance de l’humanitĂ©”.
19e sommet, Ouagadougou  en 1996
C’est le premier sommet de Jacques Chirac en tant que prĂ©sident de la RĂ©publique française. Les hĂŽtes burkinabĂš, sous l’autoritĂ© du prĂ©sident Blaise CompaorĂ© et de son ministre des Affaires Ă©trangĂšres, AblassĂ© Ouedraogo, ont voulu donner Ă ce 19Ăš sommet un contenu plus structurĂ© et un peu moins informel que les prĂ©cĂ©dents. C’est autour du thĂšme retenu, la bonne gouvernance et le dĂ©veloppement, que dĂšs aoĂ»t 1996, un atelier de rĂ©flexion a Ă©tĂ© organisĂ© Ă Ouagadougou pour prĂ©parer les dĂ©bats du sommet. DĂšs la premiĂšre sĂ©ance Ă huis clos, trois chefs d’Etat se sont chargĂ©s d’introduire ces dĂ©bats. Le prĂ©sident français, Jacques Chirac, a Ă©voquĂ© le rĂŽle des donneurs d’aide et les efforts dĂ©ployĂ©s en matiĂšre d’aide au dĂ©veloppement depuis le sommet du G7 Ă Lyon en juin 1996. Le prĂ©sident du Botswana, Quett Ketumile Masire, a prĂ©sentĂ© le problĂšme des rapports entre bonne gouvernance et dĂ©mocratisation et le prĂ©sident burkinabĂ©, Blaise CompaorĂ©, s’est penchĂ© sur les liens entre bonne gouvernance et dĂ©centralisation.
Une longue déclaration finale
A l’issue des discussions, une longue dĂ©claration finale a Ă©tĂ© publiĂ©e qui reprend un certain nombre de principes gĂ©nĂ©raux sur le dĂ©veloppement durable et la nĂ©cessitĂ© des rĂ©formes Ă©conomiques, sur la dimension sociale du dĂ©veloppement, sur l’Etat de droit et les obligations qu’il implique. Pour ce qui concerne les rĂ©formes Ă©conomiques, les grands axes ont Ă©tĂ© rappelĂ©s: rĂ©organisation des fonctions publiques, consolidation des institutions dĂ©mocratiques et baisse des dĂ©penses militaires, transparence, intĂ©gration rĂ©gionale, environnement sĂ©curisant pour les investissements, appui au secteur privĂ©.
Les questions de sécurité  ont également occupé une  large part des discussions
DĂšs les rĂ©unions ministĂ©rielles et celles du groupe restreint des pays francophones, la question des conflits en Afrique, celle de la sĂ©curitĂ© institutionnelle, les problĂšmes liĂ©s au renforcement des capacitĂ©s africaines de maintien de la paix et les efforts entrepris dans le cadre sous-rĂ©gional ont longuement Ă©tĂ© Ă©voquĂ©s. La dĂ©claration finale confirme que les chefs d’Etat, de gouvernement et de dĂ©lĂ©gation ont affirmĂ© leur “dĂ©termination Ă Ćuvrer ensemble Ă la stabilisation et Ă la sĂ©curitĂ© en Afrique, en appuyant les processus en cours visant Ă doter l’Afrique des instruments nĂ©cessaires Ă la prĂ©vention des crises et au maintien de la paix. Ils ont rĂ©affirmĂ© leur appui aux mĂ©canismes de prĂ©vention, de gestion et de rĂšglement des conflits et notamment ceux de l’Organisation de l’unitĂ© africaine, ainsi qu’Ă l’utilisation des structures sous rĂ©gionales ayant vocation Ă assurer une meilleure prĂ©vention des crises et une meilleure coordination des efforts nationaux, sous l’Ă©gide des Nations unies”.
Une attention toute particuliĂšre a Ă©tĂ© accordĂ©e au dossier de la dissĂ©mination des mines terrestres antipersonnel qui concerne directement une vingtaine de pays du continent et pour lequel un traitĂ© international Ă©tait Ă l’Ă©poque du sommet en cours de nĂ©gociation. Ce traitĂ© a finalement Ă©tĂ© conclu Ă Ottawa en septembre 1997 et signĂ© depuis par une quarantaine de pays africains. C’est quand mĂȘme la crise des Grands lacs qui en matiĂšre de sĂ©curitĂ© et sous la pression de l’actualitĂ© aura occupĂ© le devant de la scĂšne. Le prĂ©sident zaĂŻrois Mobutu, aprĂšs son retour lors du sommet de Biarritz aura Ă©tĂ© l’un des grands absents de ce sommet franco-africain. ChassĂ© du pouvoir par Laurent DĂ©sirĂ© Kabila en mai 1997 et dĂ©cĂ©dĂ© quelques mois aprĂšs, il Ă©tait alors menacĂ© par l’opposition armĂ©e venant de l’est du ZaĂŻre.
Le renouvellement du mandat de Boutros Boutros-Ghali en question
Le sommet a Ă©tĂ© sĂ©rieusement agitĂ© en coulisses par les polĂ©miques sur le renouvellement du mandat de Boutros Boutros-Ghali, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral des Nations unies qui se heurtait Ă un veto catĂ©gorique du gouvernement amĂ©ricain. Le prĂ©sident camerounais Paul Biya, attendu dans la capitale burkinabĂ©, mais qui n’est finalement pas venu, a lancĂ© un appel Ă ouvrir le jeu Ă d’autres candidatures africaines pour que le continent ne perde pas le siĂšge de secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral. Le NigĂ©rien Hamid Al Gabid, le Mauritanien Ahmed Ould Abdallah, le SĂ©nĂ©galais Moustapha Niasse, l’Ivoirien Amara Essy… et le GhanĂ©en Kofi Annan figuraient alors parmi les candidats dont le nom Ă©tait Ă©voquĂ©.
Les mutineries répétées en Centrafrique
L’autre gros dossier d’actualitĂ© traitĂ© Ă l’occasion de ce 19Ăš sommet a Ă©tĂ© celui de la Centrafrique. DĂ©stabilisĂ© par trois sĂ©rieuses mutineries militaires au cours de l’annĂ©e 1996, le rĂ©gime, controversĂ©, du prĂ©sident Ange FĂ©lix PatassĂ© n’avait assurĂ© sa survie que grĂące Ă l’intervention des forces françaises stationnĂ©es alors en Centrafrique. Mais Paris ne souhaitait clairement pas assumer seul la charge de cette crise et se retrouver enfoncĂ© dans le bourbier centrafricain, alors qu’on affichait du cĂŽtĂ© français le souci urgent et prioritaire de ne plus intervenir militairement sur le continent, en particulier dans les crises intĂ©rieures.
ATT désigné comme Médiateur en chef en Centrafrique
A l’issue des trois mutineries d’avril, mai et novembre, les militaires rebelles restaient puissants dans les quartiers du sud-ouest de Bangui, occupant aussi, de l’autre cĂŽtĂ© de la capitale le camp militaire de KassaĂŻ. L’urgence Ă©tait grande de trouver une porte de sortie. Face Ă cette urgence, la crĂ©dibilitĂ© du sommet franco-africain Ă©tait en cause. Avec l’appui total de la France et des autres Etats participants, quatre chefs d’Etat ont acceptĂ© pendant le sommet de s’engager dans une mĂ©diation politique pour sortir de cette crise: le Gabonais Omar Bongo, le Tchadien Idriss DĂ©by, le Malien Alpha Oumar KonarĂ© et le BurkinabĂš Blaise CompaorĂ©. A l’issue mĂȘme du sommet les quatre se sont aussitĂŽt rendus Ă Bangui. De cette initiative allant dans le sens d’une prise en charge par les Africains de leur insĂ©curitĂ©, et qui fera date dans l’histoire des sommets, naĂźtra un processus de rĂšglement souvent citĂ© comme exemplaire. Le Malien Amadou Toumani TourĂ© sera chargĂ© de prĂ©sider un ComitĂ© international de suivi qui aidera Ă la conclusion en mars 1998 d’un pacte de rĂ©conciliation. Mais, surtout, une force interafricaine, la Mission interafricaine de surveillance des accords de Bangui (Misab), composĂ©e de militaires de six pays (Gabon, Tchad, SĂ©nĂ©gal, Mali, Togo, Burkina Faso) sera dĂ©ployĂ©e pour stabiliser la situation et favoriser la nĂ©gociation. Cette force, dont tout le monde estime qu’elle s’est correctement acquittĂ©e de sa mission, sera relayĂ©e en 1998 par une force des Nations unies, la Minurca.
20e sommet Ă Paris en 1998
DĂ©jĂ en 1998, le sommet Afrique-France s’intĂ©ressait principalement Ă la question sĂ©curitaire. En effet l’ordre du jour comportait essentiellement sur les questions de sĂ©curitaires et plusieurs sujets ont fait l’objet de prĂ©sentations prĂ©vues d’avance, sur le maintien de la paix et le rĂŽle de l’Onu et des organisations rĂ©gionales, sur la lutte contre les trafics d’armes de petit calibre, et sur l’Ă©limination des mines antipersonnel. Egalement Ă©voquĂ©s les problĂšmes de reconstruction post-conflit et le lien entre sĂ©curitĂ© et dĂ©veloppement. Les chefs d’Etat se sont fĂ©licitĂ©s des efforts et des ambitions de la Cedeao pour la prĂ©vention, la gestion et le rĂšglement des conflits et ont Ă©voquĂ© le projet de Force ouest-africaine pour le rĂšglement de la crise en GuinĂ©e Bissau. Ils ont dressĂ© un bilan satisfaisant de la mission de la Minurca en Centrafrique, dont la crĂ©ation avait Ă©tĂ© envisagĂ©e lors du prĂ©cĂ©dent Sommet Ă Ouagadougou. Les discussions ont portĂ© sur la crise comorienne et les efforts de l’Oua pour organiser une ConfĂ©rence inter-Ăźles, ainsi que sur les initiatives du prĂ©sident nigĂ©rian Abubakar pour engager son pays sur la voie de la dĂ©mocratie. Le conflit entre l’Ethiopie et l’ErythrĂ©e a Ă©tĂ© Ă©voquĂ© pour insister sur la recherche d’une solution pacifique, et tout le monde espĂ©rait une rencontre directe entre l’Ethiopien Zenawi et l’ErythrĂ©en Afeworki, qui finalement n’a pas eu lieu.
Le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral Kofi Annan a cependant, en marge du Sommet, rencontrĂ© sĂ©parĂ©ment les deux protagonistes. Enfin, le dossier de l’Ă©pidĂ©mie du sida a donnĂ© l’occasion aux chefs d’Etat d’exprimer leur soutien au projet prĂ©sentĂ© par Jacques Chirac de crĂ©ation d’un Fonds de solidaritĂ© thĂ©rapeutique international (Fsti).
Laurent Désiré Kabila sous les projecteurs
Avec Laurent DĂ©sirĂ© Kabila sous les projecteurs, mais surtout la prĂ©sence de tous les chefs d’Etat impliquĂ©s et directement concernĂ©s par ce conflit, le dossier des Grands lacs a sans conteste Ă©tĂ© le sujet dominant de ce 20Ăš Sommet, bouleversant l’ordre du jour, donnant lieu Ă des rĂ©unions extraordinaires Ă huis clos, Ă l’occasion desquelles se sont dĂ©roulĂ©es des discussions franches, directes et passionnĂ©es: des dĂ©bats qui ont fait forte impression sur plusieurs chefs d’Etat anglophones. A la suite d’un grand nombre de Sommets et de rĂ©unions interafricaines improductives sur le sujet, une forte dĂ©termination s’est dĂ©gagĂ©e pour finaliser un texte d’accord de paix prĂ©voyant un cessez-le-feu, un retrait garanti des troupes Ă©trangĂšres invitĂ©es et non invitĂ©es et un schĂ©ma de dĂ©mocratisation interne en RDC. A l’issue de ce processus, une ConfĂ©rence pour la Paix dans la rĂ©gion des Grands lacs sous l’Ă©gide des Nations unies et de l’Oua pourra se tenir pour organiser la consolidation de la paix. MalgrĂ© le forcing et les entretiens Ă l’ElysĂ©e entre Jacques Chirac et Thabo Mbeki, Robert Mugabe, Yoweri Museveni et Laurent DĂ©sirĂ© Kabila Ă l’issue du Sommet, l’accord n’a pu ĂȘtre finalisĂ©, mais la ConfĂ©rence s’est achevĂ©e sur la promesse d’un arrĂȘt des combats et la signature rapide de l’accord Ă l’occasion d’un prochain rendez-vous en Afrique, en particulier celui prĂ©vu en dĂ©cembre Ă Lusaka en Zambie.
21e sommet, en 2001 à Yaoundé
Le thĂšme des dĂ©fis Ă©conomiques a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© par le prĂ©sident gabonais Omar Bongo et par le roi du Maroc Mohamed VI. Omar Bongo a notamment proposĂ© la crĂ©ation en Afrique de banques rĂ©gionales pour la reconstruction. Au cours du dĂ©bat, le prĂ©sident sĂ©nĂ©galais, Abdoulaye Wade, a mis en avant l’urgence d’une mobilisation euro-africaine en faveur du dĂ©veloppement des infrastructures. Les problĂšmes de la paix et de la sĂ©curitĂ© ont Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©s par le ministre togolais de la DĂ©fense au nom du prĂ©sident Eyadema, obligĂ© de quitter YaoundĂ© plus tĂŽt que prĂ©vu.
Intervention du Président  Alpha Oumar Konaré
Le prĂ©sident malien, Alpha KonarĂ©, prĂ©sident en exercice de la Cedeao, est intervenu pour prĂ©senter les avancĂ©es de cette organisation dans le domaine de la sĂ©curitĂ© et les projets de la nouvelle Union africaine en la matiĂšre. La question de l’environnement a Ă©tĂ© introduite par le KĂ©nyan Arap Moi, et celle de la DĂ©mocratie, des droits de l’homme et de la bonne gouvernance par le vice-prĂ©sident sud-africain Jacob Zuma. Le prĂ©sident algĂ©rien, Abdelaziz Bouteflika, a effectuĂ© une intervention remarquĂ©e sur l’action de l’Afrique face Ă la mondialisation, claire et sans complaisance, concluant par une sĂ©rie de propositions concrĂštes sur la dette, la santĂ© et les mĂ©dicaments ou la dimension Nord-Sud des nĂ©gociations de l’Organisation mondiale du commerce (Omc). En rĂ©ponse, le prĂ©sident français, Jacques Chirac, a insistĂ© sur les actions dĂ©jĂ rĂ©alisĂ©es par la France; il a Ă©galement annoncĂ© une sĂ©rie de mesures pour accĂ©lĂ©rer le processus des allĂ©gements de dette pour les pays pauvres trĂšs endettĂ©s (Ppte). Ces mesures portent sur une extension du dispositif aux crĂ©ances commerciales Ă©ligibles au Club de Paris qui concernent 29 pays, dont la plupart sont africains.
L’assassinat du prĂ©sident congolais Laurent DĂ©sirĂ© Kabila
AnnoncĂ© Ă YaoundĂ© juste avant l’ouverture officielle du Sommet, l’assassinat du prĂ©sident congolais Laurent DĂ©sirĂ© Kabila a provoquĂ© plusieurs dĂ©fections de derniĂšre minute et fait rĂ©gner sur les dĂ©bats et les nombreux entretiens bilatĂ©raux une lourde tension. Mais Ă l’exception d’un vif dĂ©bat entre le ministre des Affaires Ă©trangĂšres de RDC et le Premier ministre rwandais, et l’intervention de Jacques Chirac en faveur des sanctions contre les occupants Ă©trangers, dĂ©bat intervenu Ă la fin des travaux du Sommet, aucune avancĂ©e significative sur le dossier des Grands lacs n’a eu lieu. MĂȘme si le PrĂ©sident EyadĂ©ma, prĂ©sident en exercice de l’Oua, a tenu Ă aborder le sujet lors d’une rĂ©union organisĂ©e par lui en marge du Sommet avec les reprĂ©sentants des 17 pays du MĂ©canisme de l’Oua sur la prĂ©vention et la rĂ©alisation des conflits. Enfin, en plus de la premiĂšre rencontre directe entre Jacques Chirac et Laurent Gbagbo depuis l’Ă©lection de ce dernier, toujours en marge du Sommet, une rencontre des pays du Conseil de l’Entente s’est tenue Ă la suite de la tentative de dĂ©stabilisation en CĂŽte d’Ivoire dĂ©but janvier, pour amĂ©liorer les relations en matiĂšre de sĂ©curitĂ© entre Abidjan et ses deux voisins, burkinabĂ© et maliens.
22e sommet, en 2003 Ă Paris
Officiellement consacrĂ© aux “nouveaux partenariats entre l’Afrique et la France”, le sommet auquel assiste le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’Onu porte essentiellement sur la crise en CĂŽte d’Ivoire. La prĂ©sence du prĂ©sident zimbabwĂ©en Robert Mugabe, accusĂ© de graves atteintes aux droits de l’Homme, suscite protestations et manifestations.
Lors de la confĂ©rence de presse qu’il a animĂ© Ă la fin de ce sommet, le prĂ©sident français, Jacques Chirac, laissait entendre que les principaux messages s’articulent autour de six points: le partenariat; la dĂ©mocratie ; le traitement des crises ; l’approche globale (la France ne veut pas s’enfermer dans un tĂȘte-Ă -tĂȘte avec l’Afrique, qui a eu son utilitĂ©, mais qui est un peu d’un autre temps. Elle veut travailler avec les organisations rĂ©gionales, en appui de leurs efforts, consciente que l’intĂ©gration rĂ©gionale est une rĂ©alitĂ© qui seule pourra permettre de progresser Ă la fois vers la paix et vers le dĂ©veloppement); le dĂ©veloppement (le grand dĂ©fi pour l’Afrique) et enfin le dernier point le dialogue. A ce niveau le prĂ©sident français prĂ©cise: “Le dialogue, l’Ă©change, le respect de l’autre, c’est Ă partir de ces bases qu’on peut construire un monde pacifique et donc un monde qui se dĂ©veloppe et qui refuse les affrontements stĂ©riles”.
23e sommet, en 2005 Ă Â Bamako sous ATT
Pour la premiĂšre fois, la totalitĂ© des 53 pays africains sont reprĂ©sentĂ©s dont 23 par leur chef d’Etat. OrganisĂ© par le prĂ©sident de la RĂ©publique du Mali, Amadou Toumani TourĂ©, communĂ©ment appelĂ© ATT, le 23Ăš sommet est centrĂ© sur la nĂ©cessitĂ© d’aider des millions de jeunes Africains Ă sortir de la pauvretĂ© et sur la lutte contre l’immigration clandestine. En effet, c’est sous le thĂšme “La jeunesse africaine: sa vitalitĂ©, sa crĂ©ativitĂ©, ses aspirations” que le Mali, pays-hĂŽte, a rĂ©uni les chefs d’Etat d’Afrique et de France lors de leur 23Ăš confĂ©rence des chefs d’Etat et de gouvernement, Ă Bamako, les 3 et 4 dĂ©cembre 2005. Une confĂ©rence particuliĂšrement utile en cette fin d’annĂ©e 2005: le sommet du G8 et l’approfondissement du dialogue G8/Nepad, le sommet de New-York sur la rĂ©forme de l’Onu et la rĂ©alisation des Objectifs du MillĂ©naire pour le DĂ©veloppement, le Sommet Mondial sur la SociĂ©tĂ© de l’Information Ă Tunis en novembre, les rĂ©unions de l’Omc Ă Hong Kong en dĂ©cembre confirment la place de l’Afrique au tout premier rang des prioritĂ©s de la communautĂ© internationale, avec des initiatives nouvelles, telles que les allĂšgements de dette pour les pays les plus pauvres, ou les sources innovantes de financement du dĂ©veloppement.
Contexte favorable pour les résolutions de conflit
En matiĂšre de rĂ©solution de conflit, le contexte de ce Sommet de Bamako est plutĂŽt favorable, ce qu’illustrera, cette annĂ©e, la participation de la Somalie. Pour la premiĂšre fois, tous les Etats africains seront reprĂ©sentĂ©s. Nombre de conflits anciens se sont apaisĂ©s. Au Burundi, le processus de transition a connu une Ă©tape dĂ©cisive avec l’Ă©lection prĂ©sidentielle. En RĂ©publique DĂ©mocratique du Congo, au Sud-Soudan, au LibĂ©ria, au Sierra Leone, des processus de paix et de rĂ©conciliation se poursuivent. L’apparition de nouveaux conflits, au Darfour, mais aussi en CĂŽte d’Ivoire, oĂč les tensions rĂ©currentes, montrent que cette Ă©claircie est fragile et exige un engagement rĂ©solu et de long terme des Africains, avec l’appui de la communautĂ© internationale.
Enjeu de l’Afrique, la jeunesse est aussi son atout pour demain, si l’on sait ĂȘtre Ă son Ă©coute et apporter des rĂ©ponses Ă ses interrogations et Ă ses aspirations. Education, formation professionnelle, emploi, citoyennetĂ© et gouvernance, nouvelles technologies, expressions artistiques, santĂ©, circulation des personnes et des idĂ©es: l’exigence d’accĂšs Ă ce qui fait le monde moderne d’aujourd’hui est lĂ©gitime. La satisfaire ne peut que conduire le continent africain Ă davantage de sĂ©curitĂ©, davantage de prospĂ©ritĂ©, dans l’intĂ©rĂȘt de tous. Le Forum de la Jeunesse des 8 et 9 novembre a permis, un mois avant le sommet, de faire entendre la voix de ceux qui reprĂ©sentent sept Africains sur dix.
 24e sommet, en 2007 à Cannes
Dernier sommet du PrĂ©sident Chirac, dominĂ© par la guerre au Darfour (Soudan). Le prĂ©sident français enjoint les puissances occidentales de penser aux intĂ©rĂȘts du continent, notamment au sein de l’Organisation mondiale du commerce. En effet, le thĂšme gĂ©nĂ©ral du Sommet de Cannes Ă©tait “L’Afrique et l’Ă©quilibre du monde “. Ce thĂšme devait permettre d’Ă©voquer aussi bien la nĂ©cessitĂ© d’insĂ©rer davantage l’Afrique dans les enjeux planĂ©taires que de mettre en valeur sa dynamique actuelle, ses rĂ©ussites et ses projets d’avenir. MalgrĂ© les crises, ce continent est dans une trajectoire prometteuse de croissance qu’il faut amplifier. La France entend donner sa pleine mesure Ă son partenariat avec l’Afrique. Le thĂšme central a Ă©tĂ© dĂ©clinĂ© en trois sous-thĂšmes, qui ont fait l’objet des dĂ©bats selon une articulation en trois “corbeilles”. Corbeille n°1: Les matiĂšres premiĂšres en Afrique
Les dĂ©bats ont portĂ© sur les ressources naturelles, agricoles et miniĂšres (filiĂšre coton, minerais, pĂ©trole..,) avec une double approche: comment l’Afrique s’implique et agit, comment rĂ©pond-elle Ă l’exploitation de ses matiĂšres premiĂšres. Le fil conducteur Ă©tait: produire, vendre et transformer en Afrique.
Corbeille n°2: Place et poids de l’Afrique dans le monde
Le poids de l’Afrique dans le monde fut discutĂ© essentiellement sous deux angles: la place du continent dans les organisations internationales et son positionnement dans le dialogue sud-sud.
Corbeille n°3: l’Afrique et la sociĂ©tĂ© de l’information. Comment perçoit-on l’Afrique Ă l’extĂ©rieur? Quelle image les Africains souhaitent-ils donner d’eux-mĂȘmes, que faire pour en terminer avec les traditionnels clichĂ©s? Quelles modalitĂ©s pour l’expression des oppositions nationales?
Les recommandations de la confĂ©rence ministĂ©rielle de suivi (Bamako – 16 janvier 2007) et celles du “Forum Afrique Avenir” (La Villette – 12 fĂ©vrier 2007) ont Ă©tĂ© soumises Ă l’examen des chefs d’Etat lors de la plĂ©niĂšre Ă huis clos.
25e sommet, en 2010 Ă Nice
Le sommet Afrique-France du lundi 31 mai Ă Nice est le 25e du genre, mais le premier pour le PrĂ©sident Sarkozy. L’un des dĂ©fis pour le chef de l’Etat consiste Ă faire oublier son discours de Dakar de 2007, au cours duquel il avait affirmĂ© que “l’homme africain n’est pas assez entrĂ© dans l’Histoire”, et qui avait largement choquĂ© sur le continent.
Pour marquer le changement avec les sommets prĂ©cĂ©dents, exclusivement politiques et sans consĂ©quences concrĂštes, l’accent a Ă©tĂ© mis Ă Nice sur le rĂŽle des entreprises et des investissements dans le dĂ©veloppement. Une rencontre que le prĂ©sident français a voulu pour la premiĂšre fois ouverte au secteur privĂ© et Ă la sociĂ©tĂ© civile, tout en veillant Ă la forte participation des chefs d’Etats et de gouvernements. Une maniĂšre d’imprimer sa marque aprĂšs les annĂ©es Chirac.
Laurence Parisot prĂ©sidente du Medef d’alors, annonçait qu’Ă l’initiative du Medef et de l’ensemble des organisations patronales africaines, il y a eu la crĂ©ation d’une association des patronats d’Afrique et de France. Pour Patrick Lucas, PrĂ©sident du comitĂ© Afrique de Medef International, “avec cette association, nous serons en mesure de suivre l’avancĂ©e des diffĂ©rents projets et initiatives qui naissent avec ce sommet”.
Mais la Justice internationale s’est invitĂ©e Ă ce 25e sommet France-Afrique Ă Nice, dans le sud de la France. A cause d’elle, deux siĂšges de chefs d’Ătat resteront vides: celui du prĂ©sident ougandais, Yoweri Museveni, et du Soudanais Omar el-BĂ©chir. Pour le premier, rien de grave. Il est tout simplement retenu Ă Kampala puisqu’il est l’hĂŽte de la premiĂšre ConfĂ©rence de rĂ©vision du Statut de Rome, qui fixe les rĂšgles de fonctionnement de la Cour pĂ©nale internationale (31 mai au 11 juin). Quant Ă Omar el-BĂ©chir, un mandat d’arrĂȘt international, lancĂ© depuis le 4 mars 2009 par la CPI, l’empĂȘche de se dĂ©placer de peur d’ĂȘtre remis Ă la justice internationale. Il est accusĂ© d’avoir supervisĂ© et couvert les crimes contre les populations du Darfour. C’est d’ailleurs le cas Omar el-BĂ©chir, qui est en grande partie Ă l’origine du dĂ©placement de ce sommet en France alors qu’il aurait dĂ» se tenir en 2009 Ă Charm el-Cheikh en Egypte.
L’Egypte, qui entretient de fortes de relations avec le Soudan, avait annoncĂ© qu’elle ne tiendrait pas compte du mandat qui court sur Omar el-BĂ©chir, donc ne comptait pas l’extrader. Cette position est partagĂ©e par l’Union africaine. Le prĂ©sident soudanais ne s’est d’ailleurs pas privĂ© de voyages officiels dans un grand nombre de pays africains et arabes afin de consolider sa position. Mais la France ne voulait pas participer Ă un sommet oĂč le prĂ©sident soudanais serait prĂ©sent en mĂȘme temps que Nicolas Sarkozy.
C’est cependant une dĂ©lĂ©gation de haut niveau qui reprĂ©sentera le Soudan avec le vice-prĂ©sident Ali Osman Mohamed Taha accompagnĂ© du conseiller spĂ©cial Ghazi Salah Eddin Attabani, en charge du dossier du Darfour et le gĂ©nĂ©ral Mohamed Atta, le chef de la sĂ©curitĂ© nationale.
26e sommet, en 2013 Ă l’ElysĂ©es
Le sommet de l’ElysĂ©e, convoquĂ© par François Hollande, entend dĂ©poussiĂ©rer les rituels diplomatiques de l’ensemble franco-africain et faire Ă©voluer la politique africaine de la France. Cette nouvelle confĂ©rence, avec une quarantaine de dĂ©lĂ©gations nationales attendues, marque sa diffĂ©rence par rapport Ă la tradition, en ne se dĂ©signant pas comme le 26e sommet franco-africain, mais en se dĂ©finissant en fonction des dĂ©bats que ses organisateurs veulent impulser: “Sommet pour la paix et sĂ©curitĂ© en Afrique “.
Une confĂ©rence, donc, sur la prĂ©vention et la gestion des conflits sur le continent africain, comme il y en a dĂ©jĂ eu plusieurs dans le passĂ© (sommets de 1978, 1983, 1994, 1998). A la seule diffĂ©rence prĂšs que l’Ăšre de la France “gendarme de l’Afrique” est maintenant censĂ©e ĂȘtre rĂ©volue. Le prĂ©sident français le sait bien, car il n’a cessĂ© d’affirmer que c’est dĂ©sormais aux Africains “d’assurer la sĂ©curitĂ© de leur continent “. Le paradoxe Ă©tant que, depuis le dĂ©but de son mandat, la France en est, aprĂšs le Mali, Ă sa deuxiĂšme intervention militaire sur le continent avec l’arrivĂ©e de soldats français en Centrafrique. A-t-elle Ă©tait obligĂ©e par amour et amitiĂ© pour l’Afrique u par intĂ©rĂȘt, notamment en investissant davantage l’Afrique de demain qui se dessine avec une forte prĂ©sence de la Chine et de l’Inde ? Cela fait toujours dĂ©bat.
Enfin Bamako, janvier 2017
Ce sommet, le 27Ăš du genre se dĂ©roule les 13 et 14 janvier 2017. Pour la circonstance, le ComitĂ© d’organisation est Ă pied d’Ćuvre et tout est fin prĂȘt non seulement pour accueillir l’Ă©vĂ©nement, mais aussi et surtout pour en assurer la rĂ©ussite et le «Mali gagne trois paris» (voir notre article “les enjeux d’un sommet” dans ce mĂȘme numĂ©ro).      Â
               Réalisé par la Rédaction
Personne ne peut dire ce que ces sommets ont apportĂ© a l’Afrique. Mais la France elle peut s’enorgueillir de tenir tout un continent .
Nous disons rappelons et insistons PAUVRES MALI ET AFRIQUE AU SUD DU SAHARA MUTĂS des lettrĂ©s mutants politiques Hommes en armes sociĂ©tĂ©s civiles religieux
ALLAH DIEU MAANGALA YAHWEH A DOTĂ le Mali et lâAfrique au Sud du Sahara de toutes les richesses et de climats plus clĂ©ments et favorables comparativement aux autres continents dont lâhumain a besoin pour se dĂ©velopper et de vivres heureux sur cette terre des humains
Par ailleurs le Mali lâAfrique au Sud du Sahara et leurs pays croyaient bien faire en envoyant ces lettrĂ©s mutants dans les grandes Ă©coles et universitĂ©s des Autres aux fins quâils soient des travailleurs honnĂȘtes fiers quâils aient 1amour profond pour leurs pays pour lâAfrique au Sud du Sahara partout ils se trouvent quâils instaurent 1dĂ©mocratie vraie de justice dâĂ©quitĂ© dâĂ©galitĂ© de tous les citoyens et citoyennes partout en Afrique au Sud du Sahara quâils se comportent dâĂ©gal Ă Ă©gal avec les Autres sans complexe pour la dĂ©fense des intĂ©rĂȘts des peuples africains au Sud du Sahara
Mais Que Non il y eut Leur Mutation NĂ©gative NĂ©faste pour leur Afrique au Sud du Sahara ainsi ils devinrent «LES ESCLAVES LES SOUMIS » de leurs soit disant amis ennemis les Autres de la France-Afrique dâArabie dâEurope dâAsie et des AmĂ©riques
*ce sont les soit disant amis ennemis les Autres qui dĂ©cident si les Ă©lections ont Ă©tĂ© crĂ©dibles ou non qui dĂ©cident qui doit ĂȘtre le prĂ©sident ou non qui dĂ©cident qui dâentre eux est un dictateur ou non
*ils attendent tout de leurs soit disant amis ennemis les Autres telle la construction de WC dans leurs villages telle la dĂ©fense de leurs pays et tout le monde sait avec 1brin dâhonnĂȘtetĂ© que la dĂ©fense du pays par 1tiers aboutit toujours Ă LA CHAOTISATION INDESCRIPTIBLE tels au MALI en IRAK en AFGHANISTAN et Ă la DIVISION du pays tels le MALI avec sa KIDALISATION la YOUGOSLAVIE avec sa BALKANISATION le SOUDAN AVEC SA SOUDANISATION de renouvellement en renouvellement de mandats
*les Autres leur disent VOUS ĂTES DES PAYS SOUS DĂVELOPPĂS NOUS ALLONS VOUS AIDER Ă VOUS DĂVELOPPER DONNEZ NOUS TOUTES VOS RICHESSES NATURELLES ils sont HEUREUX ET RĂPĂTENT ENSEMBLE Ă TU TĂTE « nous sommes sous dĂ©veloppĂ©s » Quelques temps aprĂšs on change de vocabulaire et on leur dit VOUS ĂTES EN VOIE DE DĂVELOPPEMENT et ils sont TRĂS CONTENTS ET CHANTENT ENSEMBLE Ă TU TĂTE « nous sommes en voie de dĂ©veloppement » Maintenant on leur dit quâils sont EN VOIE DâĂMERGENCE et continuer Ă nous donner toutes vos richesses naturelles mais aussi les terres de vos villages et campagnes ILS SONT AUX ANGES ET CRIENT TOUJOURS ENSEMBLE Ă TU TĂTE « nous sommes en voie dâĂ©mergence » et en contre partie on leur donnent de quoi sâacheter des voitures de luxe des palais prĂ©sidentiels comme maisons familiales des rĂ©sidences privĂ©es chez les Autres des comptes bancaires bien fournis etc PENDANT QUE LES CADAVRES DES LEURS PAUVRES CITOYENS RONGĂS PAR LA MISĂRE ĂMERGENT DE PARTOUT SUR TERRE SUR EAUX SUR MERS ET tout le monde sait avec 1brin dâhonnĂȘtetĂ© que ĂMERGER ne signifie pas DĂVELOPPER Ainsi seul le vocabulaire a changĂ© Un pays ne peut au grand jamais ĂTRE DĂVELOPPĂ PAR UN TIERS Les soit disant amis ennemis les «AUTRES » se sont DĂVELOPPĂS PAR EUX-MĂMES SANS LâAIDE DâUN TIERS
Nous disons et rappelons avec lâavĂšnement des lettrĂ©s mutants maliens et africains francophones la France-Afrique est Ă son paroxysme Les lettrĂ©s mutants maliens POLITIQUES HOMMES EN ARMES SOCIĂTĂS CIVILES RELIGIEUX et africains francophones ne peuvent pas et ne pourront jamais se passer de la « France-Afrique » et la France ne peut pas non plus se passer de la « France-Afrique » Ainsi
*durant les campagnes présidentielles en France les différents candidats et candidates promettent toujours de mettre fin à la « France-Afrique » 1fois élu le nouveau président français est toujours plus « France-Afrique » que le précédent et chaque président français y apporte sa touche selon sa personnalité
*durant les Ă©lections prĂ©sidentielles dans les pays francophones la France dĂ©cide qui doit ĂȘtre prĂ©sident si on doit recompter ou non les votants si lâon doit ou nom publier les rĂ©sultats bureau de vote par bureau de vote si oui ou non le vote sâest dĂ©roulĂ© dans la transparence
*durant les campagnes présidentielles dans les pays francophones les différents candidats et candidates lettrés mutants promettent également de mettre fin à la « France-Afrique » 1fois élu le nouveau président lettré mutant malien et Africain-Francophone est toujours plus « France-Afrique » que le précédent et chaque président lettré mutant francophone y apporte sa touche selon sa personnalité
*la premiĂšre visite du nouveau prĂ©sident lettrĂ© mutant francophone se fait toujours sur la France pour montrer « SA SOUMISSION SON ALLĂGEANCE Ă LA FRANCE-AFRIQUE»
*le nouveau prĂ©sident Ă©lu de France reçoit toujours immĂ©diatement la visite de tous les prĂ©sidents lettrĂ©s mutants francophones qui viennent lui signifier « LEUR SOUMISSION LEUR ALLĂGEANCE »
*le FRANC DES COLONIES FRANĂAISE DâAFRIQUE OU Franc CFA dont les devises enrichissent le trĂ©sor public de la France est toujours leur monnaie
*les conseils de ministres ordinaires de la France se tiennent tous les mercredis Ainsi les conseils de ministres ordinaires des lettrĂ©s mutants politiques maliens et africains francophones se tiennent Ă©galement les mercredis avec 1dĂ©calage horaire au cours desquels ILS DOIVENT APPLIQUER LES DICTAS DE LA FRANCE-AFRIQUE AU GRAND DAME DES INTĂRĂTS DE LEURS PEUPLES
*le gouvernement de la France est en vacance au mois dâAoĂ»t Ainsi les diffĂ©rents gouvernements des lettrĂ©s mutants africains francophones sont en vacance durant la mĂȘme pĂ©riode et cela au grand dam des urgences de leurs peuples car ils sont aussi en vacance Et dĂšs que le gouvernement de la France rentre des vacances tous les gouvernements des lettrĂ©s mutants francophones rentrent des vacances
Nous disons et rappelons les lettrĂ©s mutants maliens et africains francophones DE PAR LEUR LAXISME CUPIDITĂ SOUMISSION ET LEUR COMPLEXE DE COLONISĂS IMPĂNITENTS ET NOTOIRES ATTENDENT TOUT DE LA FRANCE-AFRIQUE ET SONT INCAPABLES ET SERONT TOUJOURS INCAPABLES DE RENTRER EFFICACEMENT DANS CETTE COMPĂTITION MONDIALE ĂCONOMICO POLITICO MILITARO RELIGIEUSE OĂ TOUS LES COUPS SONT PERMIS SANS AUCUN ĂTAT DâĂME POUR FAIRE MAL DĂTRUIRE ASSERVIR SOUMETTRE DĂPOSSĂDER LâAUTRE ET OĂ IL NâY A PAS DE PLACE POUR LES BĂTES LES COMPLEXĂS LES COUARDS LES CUPIDES LES FAIBLES LES FAINĂANTS LES FARFELUS LES IDIOTS LES INSOUCIANTS LES LAXISTES LES MĂDIOCRES LES MENDIANTS LES NAĂFS LES PARESSEUX LES PEREUX LES PLEURNICHARDS LES RĂVEURS LES SENTIMENTAUX LES SYBARITES LES TARĂS
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