MME KEITA ROKIATOU N’DIAYE, VICE-PRESIDENTE DU RPM: «La loyauté, c’est de dire la vérité »

Un mois après la tenue de la conférence nationale du RPM (22 et 23 juillet 2006) au Centre International de Conférences de Bamako, les cadres et élus du parti du Tisserand à l’œuvre...

Info-Matin

21 Août 2006 - 11:20

Un mois après la tenue de la conférence nationale du RPM (22 et 23 juillet 2006) au Centre International de Conférences de Bamako, les cadres et élus du parti du Tisserand à l’œuvre étaient en conclave politique samedi dernier, au Centre Djoliba, pour réfléchir sur les voies et moyens à adopter en vue d’appliquer la résolution générale de ladite conférence ayant trait à l’implantation interne comme externe du parti et à la participation effective de celui-ci à toutes les élections à venir, y compris les joutes présidentielles de 2007. Les contradictions entre les deux jambes du Tisserand vont-elles donner naissance à une bande d’étoffe assez large pour couvrir tout le corps politique du RPM en 2007 et même au-delà ?

«Quelle est la part de responsabilité de chaque entité du parti, notamment le BPN, le BN-UF, le BN-UJ, les députés, les commissions permanentes et le collectif des conseillers municipaux du district de Bamako dans la mise en œuvre des dispositions contenues dans la résolution générale de la 2^ème Conférence nationale du parti », tel est l’intitulé du thème qui avait réuni samedi dernier, au Centre Djoliba, les membres du BPN et du BN des femmes et des jeunes, les cadres et les élus du RPM autour de Mme KEITA Rokiatou N’DIAYE, 1^ère vice-présidente des Tisserands. Elle avait à ses côtés, au présidium, d’autres personnalités du parti dont : Mme SIGA, du BN-UF ; Bakari Konimba TRAORE, secrétaire politique ; Hamadi SOW, secrétaire chargé des élections ; Baconi BALLO, président du groupe parlementaire ; Issa GUINDO, maire de la CIV du district de Bamako et président du collectif des conseillers municipaux de la capitale ; Moussa TIMBINE, président du BN-UJ ; Ibrahim MAIGA, chargé de communication au BPN et maître de cérémonie à cette occasion.

Faire vivre le parti

La recommandation générale en question a porté sur trois axes complémentaires : la vie du partie ; le financement du parti ; la situation politique, économique et socioculturelle. Concernant le premier point, il s’agit de s’investir à poursuivre l’implantation des structures du parti à l’intérieur comme à l’extérieur du pays et de travailler au renouvellement subséquent des organes de la base au sommet de la pyramide politique. Aussi, le bon fonctionnement du Bureau politique national y occupe-t-il une place de choix dont la mise en place, avant le prochain congrès, des commissions techniques du BPN de manière à pouvoir optimiser l’animation des structures respectives comme les sections qui doivent élaborer leurs propres programmes d’activités à travers les conférences périodiques et autres manifestations sportives et culturelles envers les femmes et les jeunes. Ceci passe nécessairement par le toilettage des textes fondateurs du parti à la lumière des critiques et suggestions formulées par-ci et par-là. Le tout étant sous-tendu par les grands axes de la stratégie électorale pour 2007 où le parti, qui sera de tous les combats, doit se donner les moyens de ses ambitions en amont comme en aval de toutes ces élections en termes des ressources matérielles, logistiques, techniques, financières, humaines et juridiques pour faire face aux contentieux électoraux. Rien de tout cela ne sera réalisable sans une bonne politique de communication qui doit faire une place de choix au secrétaire chargé de ce volet non négligeable de l’animation, notamment pendant les campagnes électorales.

Argent ou nerf de la guerre politique ?

Quant au financement, il touche les recettes et les dépenses qui sont des classiques en la matière. Aussi, les recommandations ayant porté sur une vingtaine de points visent-elles, entre autres, à : mettre en place un dispositif garantissant de manière pérenne le financement des activités du parti ; élargir les cotisations à d’autres cadres RPM ; fixer des souscriptions communes et ouvrir des contributions volontaires à l’occasion des instances ; veiller à la tenue régulière des réunions des organes avec à l’ordre du jour un point sur la situation financière et les cotisations ; veiller à l’application stricte de la discipline du parti en matière de détention de carte de membre et de paiement régulier des cotisations à toute investiture des candidats et des délégués du parti ; mettre en place et appliquer des procédures simples et transparentes au niveau du BPN et des sections ; instaurer une gestion par budget annuel tenant compte de toutes les ressources possibles ; instituer la tenue obligatoire d’une comptabilité régulière par les sections ; exiger l’ouverture des comptes bancaires au niveau des sections avec co-signature du secrétaire général et du secrétaire aux finances ; rendre obligatoire la transmission des comptes des sections au BPN au plus tard le 31 janvier de l’année qui suit l’exercice concerné ; instaurer au sein des organes des contrôles périodiques par l’organe immédiatement supérieur ; faire obligation au secrétaire général et au secrétaire aux finances de rendre compte aux autres membres de la section de tout fonds reçus du BPN avant utilisation ; diffuser et faire appliquer le manuel de procédure de gestion des partis politiques publié par le ministère de l’administration, territoriale et des collectivités locales ; etc.

Participation à toutes les élections

Concernant le troisième volet, le doute a été levé sur la participation du RPM à toutes les élections à venir, y compris les joutes législatives et présidentielles. Aussi, est-il demandé au gouvernement d’actualiser le répertoire des villages et fractions du Mali et le fichier électoral. Le parti étant lui-même invité à élaborer et à actualiser le vivier des cadres chargés de jouer le rôle d’agents électoraux et à assurer la formation de tous les agents électoraux en vue du bon encadrement du processus de vote. Le parti doit, par conséquent, rester fidèle aux idéaux contenus dans son projet de société ; mais il doit réaliser des alliances politiques les plus crédibles. D’autre part, la promotion et le développement du secteur privé sont considérés par le RPM comme une option politique qui est soutenue par un plan d’action à court, moyen et long termes. Cette démarche devant être accompagnée par la création d’une structure de promotion des exportations qui vise à développer un engagement national dans l’identification des marchés potentiels, dans l’assistance et la formation des exportateurs. Toutes choses qui doivent reposer sur la moralisation préalable des marchés publics et une meilleure gestion des finances publiques, mais aussi sur la promotion des entreprises nationales et la meilleure coordination pour une plus grande efficacité de l’aide au développement. Le parti lui-même devant poursuivre les débats sur l’actualisation du programme de gouvernement du RPM 2007/2012 pour son adoption par le 2^ème congrès à venir. Par ailleurs, au plan socioculturel, il s’agit de prendre en compte les volets suivants : la lutte contre la pauvreté, l’éducation, la santé, la solidarité et la culture.

Loyauté ou flagornerie ?

En prélude aux travaux en commission, Mme KEITA Rokiatou N’DIAYE a jugé indispensable la tenue de cette rencontre après deux événements majeurs : la fin de la 2^ème conférence nationale du RPM et de la session parlementaire extraordinaire. Aussi, a-t-elle tenu à remercier les uns et les autres pour le travail remarquable qui a été abattu au profit des populations maliennes par les cadres et élus du parti. «Le parti a donné le meilleur de lui-même de sa création à nos jours en passant par les élections de 2002 », s’est-elle réjouie. C’est ainsi qu’elle a rendu un hommage particulier et bien mérité aux députés pour leur sens de responsabilité et le grand courage dont ils ont su faire montre malgré les pressions et les intimidations. «Vous avez tenu bon et vous êtes restés la tête haute », a martelé la 1^ère vice-présidente du RPM. Elle a notamment insisté sur le cas du député Boubacar TOURE qui a interpellé le ministre général Kafougouna KONE sur les fameux accords d’Alger signés le 4 juillet dernier entre le gouvernement et les insurgés de Kidal après la mutinerie du 23 mai 2006. «Vous avez été remarquable, car vous avez parlé avec méthode et clarté », a-t-elle encouragé l’honorable TOURE. «La loyauté envers un partenaire, un frère ou un ami, c’est de lui dire la vérité quand il se trompe ou qu’on le trompe. Car il met lui-même en danger et il met tout le monde en danger. En tout cas, le RPM dira toujours la vérité, quoiqu’il advienne », a-t-elle argumenté. A ce sujet, elle a rappelé un proverbe de Ségou qui dit ceci : «Si ton ami ne te dit pas la vérité, paye ton ennemi pour qu’il te la dise » Et de conclure par une épitaphe prophétique que les historiens ne manqueront pas d’écrire à propos de notre vécu politique : «Il était une fois au Mali une démocratie consensuelle au profit d’une minorité qui a écrasé la majorité parlementaire sortie des urnes… »

En revenant au thème du jour, Mme KEITA a posé l’interrogation sur la meilleure stratégie pour exploiter la résolution générale issue de la conférence nationale des 22 et 23 juillet dernier. C’est la raison pour laquelle, elle a invité les uns et les autres à tout mettre en œuvre pour désigner les délégués pour les instances du parti suivant les principes des textes et règlements du parti, en veillant au triomphe du jeu démocratique pour ce faire. «Vous devez travailler en équipe, avec méthode et fraternité », a-t-elle conseillé aux cadres et élus RPM. «S’écouter, se tolérer, se respecter et respecter les militants en prenant en compte leurs avis », voilà les mots clefs du bréviaire politique que Mme KEITA a donné aux conférenciers. «Car la victoire est à ce prix », est-elle convaincue. Donc, a-t-elle insisté, il faut se préparer au prochain congrès et mobiliser en conséquence les militants pour se mettre en ordre de bataille électorale. «Nous sommes sûrs de nos résultats », a-t-elle prédit. «En 2007, le peuple jugera et il choisira les vrais démocrates », a-t-elle conclu.

Par Seydina Oumar DIARRA-SOD